Piton de la Fournaise - Définition

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Éruptions

Caractéristiques des éruptions

Carte des coulées de lave émises lors des éruptions de 1972 à 2000
Formation d'un cône de projections et émissions de coulées dans la pente lors d'une éruption en mai 2004
Éruption du piton de la Fournaise, avril 2007
Éruption du piton de la Fournaise, avril 2007
Panaches de l'éruption d'avril 2007,
de droite à gauche : grand panache de condensation provoqué par l'entrée de la lave dans l'océan, fumées rougeâtres et bleutées de l'éruption, nuage de poussière noire des effondrements du cratère Dolomieu
Une coulée se jette à la mer en 2004 et attire de nombreux curieux

La plupart des éruptions se produisent dans l'Enclos ou dans les cratères sommitaux de manière effusive. Elles débutent par l'apparition d'une ligne de fissures longue de quelques centaines de mètres (parfois de plusieurs kilomètres) d'où les laves jaillissent en rideau. Puis au bout de quelques minutes à plusieurs heures, l'éruption se concentre en un seul ou en quelques points. À ces points de sortie, les laves sont propulsées de manière plus ou moins saccadée au rythme des coups de pression. Une partie de la lave libérée peut rester fluide et se répandre ; elle dévale les pentes sous forme de coulées de surface ou à l'intérieur de tunnels de lave. Une autre partie des laves libérées peut être projetée violemment à plusieurs dizaines de mètres en hauteur. Au cours de la projection, la lave se fige au contact de l'air et en retombant s'accumule au sol. Cela provoque l'édification de cônes de projections appelés localement pitons. Une même éruption peut connaître plusieurs phases successives avec apparition de nouvelles fissures et de nouveaux points de sortie.

Ce type d'éruption effusive survient en moyenne plus d'une fois par an (bien que parfois le piton de Fournaise soit demeuré assoupi pendant plusieurs années consécutives) et ne présente pas de danger pour les populations. Les seuls risques à distance sont liés à l'émission éventuelle de cheveux de Pélé ou à une pollution atmosphérique par accumulation de gaz soufrés. Chaque éruption dure de quelques heures à plusieurs mois.

Il arrive cependant que certaines éruptions de ce type se produisent en dehors de l'Enclos. Elles peuvent alors affecter des zones habitées, comme en 1977 où les coulées ont détruit une partie du village de Piton Sainte-Rose. Les éruptions hors Enclos surviennent en moyenne tous les cinquante ans mais à un rythme irrégulier ; au cours des trois derniers siècles certaines se sont succédé à simplement quelques mois ou quelques années d'intervalle.

De temps à autre il se déclenche par ailleurs des effondrements dus au poids des roches sur le toit d'une chambre magmatique qui s'est vidée latéralement. Ces phénomènes se manifestent en surface par la formation d'un cratère d'effondrement : les cratères Bory et Dolomieu en sont les exemples. Le cratère Dolomieu s'est ainsi effondré puis comblé à plusieurs reprises.

Si l'effondrement entraîne du magma ou des roches encore brûlantes au contact brutal de gisements d'eau contenus dans la structure du volcan, il peut se produire une explosion dite phréato-magmatique. Il apparaît alors un panache explosif qui projette des roches aux alentours et disperse des cendres sur l'île et au-delà. Une explosion importante serait survenue en 1860, car le pont du navire Marie-Elisa qui naviguait à trente kilomètres au nord-est de l'île fut couvert de cendres.

Plus récemment, une explosion en 1961a formé un panache de cendres jusqu'à 6 000 mètres d'altitude et une autre en mars 1986 a créé dans le Dolomieu un cratère de plus de cent cinquante mètres de profondeur.

Le 6 avril 2007 a débuté une succession rapprochée d'effondrements dans le cratère Dolomieu, engloutissant en moins d'un mois environ 150 millions de m3 de roches dont l'essentiel dans les premières 24h et formant un puits estimé à plus 350 m de profondeur. Aucune explosion n'a cependant été constatée, les panaches observés n'étant constitués que de l'importante quantité de poussières soulevée par les éboulements.

Les coulées qui descendent les pentes du volcan peuvent prendre deux formes différentes, typiques du volcanisme basaltique : elles peuvent être lisses, dites de type pahoehoe, ou en grattons, dites de type aa. Au départ, il s'agit de laves de même composition : ce sont généralement des basaltes aphyriques ou à olivine. Si l'écoulement se produit sans heurts, la lave reste lisse en surface et en se refroidissant forme des figures de draperies (on parle de laves cordées). Si l'écoulement est plus brutal, la libération des gaz forme en surface une sorte de "mousse" de blocs irréguliers : les gratons. À tout moment une lave de type pahoehoe peut se transformer en lave de type aa, alors que l'inverse est impossible.

La vitesse d'avancement d'une coulée dépend du débit et de la pente. Cependant le front de coulée se solidifiant au contact du sol froid ne peut progresser qu'assez lentement (au plus quelques km/h). En revanche, dès lors qu'une coulée a tracé son emprise, la lave peut y circuler à grande vitesse (plusieurs dizaines de km/h).

Certaines coulées qui sont alimentées abondamment ou qui proviennent d'éruptions à basse altitude atteignent le rivage et se jettent dans l'océan. Le contact avec l'eau salée provoque un panache de vapeur d'eau condensée et la formation de gaz irritants, notamment d'acide chlorhydrique. Les laves qui continuent à s'écouler et à s'ébouler sous l'eau se refroidissent en formant des pillow lavas, tandis qu'une plate-forme rocheuse se construit peu à peu agrandissant le contour terrestre de l'île.

Historique des éruptions

Éruption d’août 2004 sur les pentes du volcan.
Éruption d’octobre 2006 dans le cratère Dolomieu.
Le cratère Dolomieu après l'effondrement d'avril 2007
Installation GPS (et sa station d'alimentation électrique solaire) utilisée pour surveiller les déformations du volcan

Au total, depuis 1650, date des premières observations dont il subsiste des traces écrites, près de 300 éruptions ont été enregistrées. Elles ne le sont systématiquement que depuis le milieu du XXe siècle.

Depuis que le volcan est observé, les éruptions ont le plus souvent été recensées dans les trois cratères sommitaux du cône central ou à l’intérieur de l’Enclos.

Cependant, des éruptions fissurales hors de l’Enclos se sont déjà produites, dont les plus marquantes survenues récemment :

  • en 1977, à proximité du village de Piton-Sainte-Rose (Sainte-Rose) qui fut en partie détruit ;
  • en 1986, près du village du Tremblet (Saint-Philippe) où huit habitations furent détruites par les coulées de la ravine Takamaka et de la Pointe de la Table.

Après une période d’inactivité de plus de cinq ans entre 1992 et 1998, le piton de la Fournaise est redevenu très actif. À la suite de l’éruption grandiose de mars 1998 qui dura 196 jours, deux ou trois épisodes éruptifs sont survenus chaque année.

La grande éruption de 2007, débutée le 2 avril 2007 a connu une rare intensité. La fissure apparue à basse altitude a émis des hautes fontaines de lave qui ont déversé dans l’océan avec un débit impressionnant des millions de m3 de roches en fusion. Les habitants du village du Tremblet situé à proximité, vivant dans l’angoisse d’une sortie de lave hors Enclos qui ne s’est finalement pas produite, ont néanmoins subi des retombées de cendres et de lapillis, diffusion de gaz soufrés et de vapeurs acides, et des incendies de forêt. Le soutirage de la lave contenue dans les chambres magmatiques présentes à l’intérieur du volcan a par ailleurs provoqué un effondrement colossal du cratère Dolomieu.

Les éruptions qui ont suivi se sont déroulées assez discrètement à l'intérieur du cratère Dolomieu effondré : du 21 septembre au 2 octobre 2008, du 27 au 28 novembre 2008 puis du 15 décembre 2008 au 4 février 2009.

Deux éruptions "éclair" de quelques heures sont survenues encore fin 2009, le 5 novembre 2009 à partir de 21h locales sur le flanc est du cratère Dolomieu et un mois plus tard, le 14 décembre 2009 à partir de 18h45 sur le flanc sud du Dolomieu.

L'éruption la plus récente s'est déroulée du 2 au 12  janvier 2010.

Surveillance volcanologique

Alors que l'île d'Hawaii dispose d'un observatoire volcanologique depuis 1912, La Réunion en reste dépourvue jusqu'à la fin des années 1970. C'est l'éruption destructrice de Piton Sainte-Rose survenue hors-Enclos à la surprise générale en avril 1977 qui déclenche la décision de créer un observatoire pour surveiller le piton de la Fournaise, l'étudier et en prévoir les réveils.

L'Observatoire volcanologique du piton de la Fournaise (OVPF) est ainsi créé en 1979. Les chercheurs et techniciens s'installent en 1980 dans les locaux construits au village de Bourg-Murat, sur le territoire communal du Tampon, à une vingtaine de kilomètres du sommet du volcan.

La mission de l'Observatoire, établissement dépendant de l'Institut de physique du globe de Paris, est double :

  • apporter aux autorités de La Réunion l'information nécessaire à la sécurité des populations,
  • étudier le volcan et ses éruptions pour améliorer la connaissance scientifique (et pour partie en retour l'organisation de la sécurité).

Le piton de la Fournaise est, depuis la mise en place de l'Observatoire, ausculté en continu grâce à des capteurs positionnés sur le terrain pour former quatre réseaux de surveillance :

  • un réseau sismologique, composé de sismomètres, surtout de type "courte période", capables de détecter les séismes de proximité et de faible magnitude provoqués par le magma sous pression, qui pour se frayer un passage de sortie, fracture les masses rocheuses à l'intérieur du volcan,
  • un réseau topographique, qui à l'aide d'appareils comme les inclinomètres, les extensomètres, les distancemètres et les récepteurs GPS, permet d'apprécier les moindres déformations du massif, notamment les gonflements que provoque la montée du magma,
  • un réseau magnétique dont les magnétomètres mesurent les variations du champ magnétique terrestre,
  • un réseau de détection des émissions de radon, gaz radioactif qui s'échappe avec les autres gaz éruptifs avant même le jaillissement de la lave.

Enfin plusieurs caméras de surveillance complètent le dispositif et facilitent la localisation des points d'éruption et des coulées. Tous ces appareils situés loin de tout équipement public sont autonomes en énergie grâce à des capteurs solaires et des batteries et communiquent leurs mesures directement et en permanence à l'Observatoire à Bourg-Murat par transmission radio.

Ce sont les évènements sismiques (l'apparition de secousses localisées de plus en plus fréquentes) et topographiques (le gonflement du massif) qui forment les signes annonciateurs les plus fiables d'une éruption prochaine, sans que le délai de sortie effective de la lave puisse cependant être prévu avec précision.

À l'annonce d'une éruption qui se prépare, un dispositif de sécurité civile est enclenché sous l'autorité du préfet de La Réunion. Ce dispositif comporte plusieurs phases :

  • la vigilance volcanique lorsqu'une éruption à court ou moyen termes devient très probable,
  • l'alerte n° 1 quand elle devient imminente,
  • l'alerte n° 2 quand l'éruption est en cours.
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