Villa Ephrussi de Rothschild | |||
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Présentation | |||
Période ou style | Renaissance italienne | ||
Type | Palais renaissance | ||
Date de construction | 1908 | ||
Protection | Monument historique (3 septembre 1996) | ||
Géographie | |||
Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Localité | Saint-Jean-Cap-Ferrat | ||
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La Villa Ephrussi de Rothschild, appelée aussi Villa Ile-de-France, est un des plus beaux palais de style Renaissance de la Côte d'Azur construit sur le sommet du Cap Ferrat entre 1905 et 1912 à Saint-Jean-Cap-Ferrat par la baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild (1864-1934).
La villa et ses jardins sont classés au titre des monuments historiques par arrêté du 3 septembre 1996.
Béatrice de Rothschild naît le 14 septembre 1864 de l'union de baron Alphonse de Rothschild avec Leonora von Rothschild (1837-1911) issue de la branche Rothschild dite « de Londres » (Voir l'article famille Rothschild, Branche dite « de Paris »).
Elle épouse le banquier milliardaire juif russe Maurice Ephrussi le 5 juin 1883. Elle est alors âgée de 19 ans. Le couple se séparera en 1904, la baronne reprochant à son mari son addiction au jeu.
Le couple est passionné d'architecture, de nature et d'art et collectionne somptueuses demeures et objets rares.
La baronne mène un train de vie de reine de France à la Marie-Antoinette.
A l'instar de son père, Alphonse de Rothschild, Régent de la Banque de France, l'un des principaux actionnaires de la Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (P.L.M.), membre de l'Académie des beaux-arts, ou de son oncle Alfred de Rothschild, conservateur de la Wallace collection à Londres, Béatrice Ephrussi de Rothschild collectionne œuvres d'art et résidences.
De par son parcours, son goût pour le XVIIIe siècle français ou l'exotisme, elle s'inscrit dans la lignée des grands collectionneurs d'art de l'époque : Cernuschi, Jacquemart-André, Wallace, Frick, sans oublier de nombreux membres de sa famille (Edmond de Rothschild, Ferdinand de Rothschild (Waddesdon), etc... Elle prospecte et fait venir par train jusqu'à Beaulieu-sur-Mer des œuvres qu'elle sélectionne sur le quai de la gare. Portant son goût pour l'art à l'extrême, on dit qu'elle acheta un jour une chapelle pour n'en retirer qu'une fresque.
Béatrice Ephrussi découvre le Cap Ferrat en 1905, à l'époque où la Côte d'Azur est un lieu de villégiature de la haute société. Séduite par la beauté naturelle du site, elle acquiert sept hectares de terrain rocheux et stérile sur la partie la plus étroite de la presqu'île, disputant cette parcelle au roi Léopold II de Belgique, désireux d'agrandir sa propriété mitoyenne.
Pas moins de cinq années de travaux (1907-1912) gigantesques seront nécessaires pour construire cette demeure rappelant les grandes maisons de la Renaissance italienne. Plusieurs achitectes sont pressentis dont Jacques Marcel Auburtin (1872-1926), prix de Rome, dont le projet séduit Béatrice Ephrussi. Ce dernier confie à Aaron Messiah la construction de la Villa « Ile-de-France » ainsi nommée en raison de la forme du jardin principal en forme de pont de navire. Béatrice pouvait ainsi s'imaginer, voyant la mer de chaque côté, être au bord du vapeur « Île de France » de la société générale des transports maritimes (S.G.T.M.) en souvenir d'un voyage mémorable. " Elle imposait à ses jardiniers le port du béret de marine, se donnant ainsi l'illusion de vivre entourée d'hommes d'équipage sur un paquebot faisant le tour du monde ". Le terrain est dynamité et arrasé. La construction peut alors commencer. La commenditaire n'hésite pas à faire réaliser les projets grandeur nature pour s'assurer du résultat final. En 1912, la villa est habitable. A l'instart d'Edmond Rostand qui ne voulait que du blanc dans sa Villa Arnaga à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), elle exige partout sa couleur fétiche : le rose. Élisabeth de Gramont, sa cousine, l'évoque dans une sempiternelle robe rose - elle portait des robes à panier - « semblant partir éternellement pour un bal paré ».
Béatrice Ephrussi de Rothschild fait aménager cette demeure en une suite de salons, galeries, cabinets, chambres et boudoir dont le décor est à dominante ocre.
Les sculptures en terre cuite de Clodion et de son atelier,faiences de Castelli,
Le salon des porcelaines de saxe où le visiteur peut découvrir des pièces de Meissen, Berlin, Würzburg...du XVIIe siècle,
La chambre Directoire au décor mural d'époque,
Le salon des tapisseries dont le mobilier signé Jacob est recouvert de tapisserie de Beauvais,
Le petit salon des singeries avec son orchestre de singes en porcelaine de Meissen et ses boiseries peintes attribuées à Jean-Baptiste Huet,
La loggia florentine, agrémentée d'interressantes pièces en fer forgé, permet d'embrasser du regard les baies de Beaulieu, Villefranche, le Cap-Ferrat et les jardins de la villa. Le petit salon chinois dont un mur est orné de portes intérieures en laque provenant du Palais Impérial de Beijing et de vitrines contenant une magnifique collection de quartz roses et de rarissimes Jades blancs,
La chambre Louis XVI décorée de bopiseries,
L'antichambre et le salon Fragonard où sont exposés de nombreux lavis du peintre et de son maître François Boucher.
Béatrice décide de sertir la villa dans un écrin de verdure. Neuf jardins entourent la villa sur sept hectares. Ils sont attribués aux architectes-paysagistes Achille Duchêne et Harold Peto. L'entrée des jardins offre une vue magnifique sur la rade de Villefranche-sur-mer. Aux jardins à la française, lapidaire, japonais et roseraie initiaux, s'ajoutent les jardins espagnol, italien, exotique, provençal, réminiscences des voyages de la baronne. Après son décès, d'autres jardins à thème seront rajoutés.
centrale et est entouré de bassins latéraux et de plantations disposées symétriquement. Les bassins sont agrémenté de jacynthes d'eau. Il est dominé par un Temple de l'Amour et une cascade à degrés. Il faut remarquer l'exotisme qui se dégage de l'ensemble à travers les palmiers phœnix canariensis et brahea armata ou mexican blue palm, les cicas revoluta du Japon, les cordyline australis hook, les dasylirions, l'avocatier, le ficus, les orangers, les kumquats qui côtoient des glycines arbustives. Ce cadre buccolique est agrémenté de jeux d'eau qui se déclenchent toutes les vingt minutes au son de différents extraits de musique classique.
A côté de ces jardins existant depuis l'origine de la villa, d'autres jardins à thème ont été développés :
La baronne ne séjournera que très peu dans la villa qu'elle délaisse à partir de 1916, à la mort de son mari.
La baronne décède à Davos (Suisse), le 7 avril 1934, à l’âge de 69 ans, d'une tuberculose pulmonaire galopante. Par testament et en l'absence de descendance, elle lègue la villa à L'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France avec la totalité de sa très importante collection d'objets d'art de plus de 5300 pièces réparties dans ses diverses résidences afin de créer un musée qui garderait « l'aspect d'un salon » dans l'esprit des musées Nissim de Camondo ou Jacquemart-André. Conformément à son vœu, la villa rassemble la totalité des collections que la baronne a accumulé au cours de sa vie et qui étaient réparties dans ses différentes demeures à Paris et sur la Côte d'Azur.
Depuis 1991, la gestion et la mise en valeur de la Villa et des jardins a été confiée par l'Institut de France à la société Culturespaces. Un festival d'opera, Les Azuriales, se déroule chaque été dans les « jardins à la française ».