Parmi les autres contributions médicales introduites pour la première fois par des médecins musulmans on compte la découverte du Système immunitaire, l'introduction de la Microbiologie, l'utilisation de l’Expérimentation animale et la combinaison de la médecine avec d'autres Sciences (notamment l’Agriculture, la Botanique, la Chimie et la Pharmacologie), ainsi que la création de la première Pharmacie à Bagdad (754), la séparation entre la médecine et la pharmacie au XIIe siècle et la découverte d'au moins 2000 substances médicamenteuses. D'autres avancées de la médecine sont survenues dans les domaines de la Pharmacologie et de la Pharmacie et dans les domaines suivants des sciences biomédicales :
Les musulmans ont développé une approche scientifique de la Botanique et de l’Agriculture sur la base de trois éléments majeurs : systèmes sophistiqués de rotation des cultures, techniques très développées d’Irrigation et introduction d'une grande variété de cultures qui ont été étudiées et cataloguées en fonction de la Saison, du type de terrains et de la quantité d’Eau dont elles avaient besoin. De nombreuses Encyclopédies sur la Botanique ont été écrites, avec une grande Précision dans les détails.Al-Dinawari (828-896) est considéré comme le fondateur de la botanique arabe avec son Livre des plantes, dans lequel il décrit au moins 637 plantes et retrace l’évolution des plantes de la naissance à la mort, décrivant les phases de la croissance des plantes et la production des fleurs et des fruits.
Au début du XIIIe siècle, le biologiste Andalous originaire d’Arabie Abou al-Abbas al-Nabati a développé la première Méthode scientifique en botanique, avec l'introduction des techniques empiriques et l’expérimentation pour la description et l'identification de nombreuses matières medicales, en séparant les connaissances non vérifiées de celles dont l’effet était démontré par des Observations et de véritables expérimentations. Son élève Ibn al-Baitar a publié le Kitab al-Jami fi al-Adwiya al-Mufrada qui est considéré comme l'une des plus grandes compilations botaniques de l'histoire et a fait autorité dans le domaine de la botanique pendant des siècles. Il répertorie au moins 1400 Plantes différentes, utilisées pour la Nourriture et la thérapeutique, dont 300 étaient des découvertes originales de l’auteur. Le Kitab al-Jami fi al-Adwiya al-Mufrada a également eu une grande influence en Europe après avoir été traduit en Latin en 1758.
Les premiers ouvrages connus traitant de l’écologie et des sciences de l'environnement, notamment de la Pollution, ont été écrit en arabe par al-Kindi, Qusta ibn Luqa, al - Razi, Ibn Al-Jazzar, al-Tamimi, al-Masihi, Avicenne, Ali ibn Ridwan, Ibn Jumay, Isaac Israeli ben Solomon, Abd-el-Latif, Ibn al-Quff, et Ibn al-Nafis. Leurs travaux ont porté sur un certain nombre de sujets liés à la pollution tels que la Pollution de l'air, la Pollution de l'eau, la Contamination des sols, la mauvaise gestion des déchets ménagers et leur impact sur l'environnement de certaines localités.Cordoue, en al-Andalus a aussi inventé les premières Poubelles ainsi que la Gestion des déchets.
Ali Ibn Sahl Rabban al-Tabari a été un pionnier de la Pédiatrie et des recherches dans le domaine du développement de l'enfant qu’il a évoqué dans son Firdous al-Hikmah.
Son élève Muhammad ibn Zakarīya Rāzi (Rhazes) est considéré comme le père de la Pédiatrie pour avoir écrit Les maladies de l'enfant, le premier ouvrage à considérer la pédiatrie comme un domaine indépendant de la médecine.
Dans le domaine de l’Endocrinologie, Avicenne (980-1037) à présenté une description détaillée du Diabète sucré dans le Canon de la médecine, "décrivant l'appétit anormal et l'effondrement des fonctions sexuelles et il a remarqué le goût sucré de l'urine des diabétiques. " Tout comme Arétée de Cappadoce avant lui, Avicenne a identifié un diabète essentiel et un diabète secondaire. Il a également décrit la Gangrène diabétique et traité le diabète en utilisant un mélange de graines de Lupin, de Trigonella (Fenugrec) et de Zédoaire qui provoquent une réduction considérable de l'excrétion de sucre, un traitement qui est encore prescrit à l’époque moderne. Avicenne a aussi " décrit très précisément pour la première fois le diabète insipide ", même si ce n’est que beaucoup plus tard que Johann Peter Frank (1745-1821) a fait la distinction entre le diabète sucré et le diabète insipide.
Au XIIe siècle, al-Jurjani a apporté la première description de la Maladie de Basedow après avoir noté l'association d’un Goitre et d’une Exophtalmie dans son Thesaurus of the Shah of Khwarazm (Thésaurus du Roi de Khwarazm), Le dictionnaire médical de référence de l’époque. Al-Jurjani a également établi une association entre le goitre et les Palpitations.
De toutes les branches de la médecine islamique, l’Ophtalmologie a été un des domaines les plus avancés. Ils ont expérimenté des instruments spéciaux utilisés pour les opérations dans cette chirurgie spécialisée. Leurs innovations ont été très nombreuses parmi elles on compte " la Seringue à injection ", inventée par le médecin Irakien Ammar ibn Ali, de Mossoul qui a été utilisée pour l'extraction par aspiration douce de la cataracte. Dans la chirurgie de la cataracte, Ammar ibn Ali a tenté la première extraction de la cataracte par aspiration. Il a introduit une Aiguille hypodermique montée sur une seringue métallique creuse à travers la sclérotique et a extrait avec succès des cataractes par aspiration.
Ibn al-Haytham (Alhacen) a apporté des contributions importantes à l'ophtalmologie et à la Chirurgie oculaire, car il a étudié et correctement expliqué le processus de la Vision et de la perception visuelle pour la première fois dans son Traité d’optique, publié en 1021. Il a également été le premier à faire allusion à la Rétine et à son implication dans le processus de formation de l’Image.
Ibn al-Nafis, dans son Précis d’ophtalmologie expérimentale, a révélé que les Muscles oculo-moteurs situés derrière le globe oculaire ne sont pas en contact avec le Nerf ophtalmique et que le Nerf optique passe à proximité, mais n’est en contact avec aucun d’eux. Il a également découvert de nombreux traitements nouveaux pour le Glaucome et les troubles de la vision d'un œil lorsque l'autre oeil est affecté par la maladie.
Les premiers hôpitaux psychiâtriques et asiles d'aliénés ont été construits dans le monde islamique dès le VIIIe siècle. Les premiers hôpitaux psychiatriques ont été construits par les musulmans arabes à Bagdad en 705, à Fès au début du VIIIe siècle et au Caire en 800. D’autres hôpitaux psychiatriques célèbres ont été construits à Damas et Alep en 1270. Contrairement aux médecins chrétiens médiévaux qui s'appuyaient sur des explications démonologiques de la maladie mentale, les médecins musulmans médiévaux se basaient principalement sur la psychiatrie clinique et leurs observations cliniques sur les malades mentaux. Ils ont fait faire des progrès significatifs à la psychiatrie et furent les premiers à proposer une Psychothérapie et un traitement moral pour les malades mentaux, en plus d'autres nouvelles formes de traitement comme les Bains, les traitements Médicamenteux, la Musicothérapie et l’Ergothérapie.
Le concept de Santé mentale et «d’hygiène mentale» a été introduit par le médecin musulman Ahmed Ibn Sahl al-Balkhi (850-934). Dans son Masalih al-Abdan wa al-Anfus (Soutien du Corps et de l’Ame), il a été le premier à rechercher avec succès les maladies liées à la fois au corps et à l'esprit et à faire valoir que «si le psychisme tombe malade, le corps peut également ne plus trouver aucune joie à la vie et peut finalement développer une maladie physique ». Al-Balkhi a également été un pionnier de la psychothérapie, de la Psychophysiologie et de la médecine psychosomatique. Il a reconnu que le corps et l’Âme peuvent être en bonne santé ou malades, ou encore "en équilibre ou en déséquilibre" et que la maladie mentale peut avoir à la fois des causes psychologiques et / ou physiologiques. Il a écrit que ce déséquilibre du corps peut entraîner de la Fièvre, des Céphalée et d'autres maladies physiques, alors que le déséquilibre de l'âme peut se traduire par la Colère, l’Anxiété, la tristesse et d'autres symptômes mentaux. Il a reconnu deux types de dépression: une forme provoquée par des raisons connues comme la Perte ou l’Échec qui peuvent être traités psychologiquement et une autre provoquée par des raisons inconnues, peut-être par des raisons physiologiques qui peuvent être traitées par le biais de la médecine physique.
Najab ud-din Muhammad (Xe siècle) a décrit un certain nombre de maladies mentales en détail. Il a mis beaucoup de soins dans ses Observations de malades mentaux qu’il a compilées dans un livre qui constituait "la classification la plus complète des maladies mentales connue jusqu’alors". Les maladies mentales décrites pour la première fois par Najab sont notamment la dépression agitée, la Névrose, le Priapisme et l’Impuissance sexuelle (Nafkhae Malikholia), la Psychose ( Kutrib), et la Manie (Dual-Kulb). Des symptômes ressemblant à la Schizophrénie ont également été signalés dans la littérature médicale arabe plus tardive.
Muhammad ibn Zakarīya Rāzi (Rhazes) et al-Balkhi ont été les premiers médecins à étudier la psychothérapie. Razi en particulier a fait réaliser d'importants progrès en psychiatrie dans son texte historique El-Mansouri et Al-Hawi au Xe siècle qui a présenté des Définitions, des Symptômes et des Traitements pour les problèmes liés à la Santé mentale et à la Maladie mentale. Il a également dirigé le service psychiatrique d'un hôpital de Bagdad. A l'époque aucune institution de ce type ne pouvait exister en Europe, par crainte de la possession démoniaque.
En al-Andalus, Abu al-Qasim (Abulcasis) le père de la Chirurgie moderne, a développé du matériel et des techniques qui sont encore utilisés en Neurochirurgie. Ibn Zuhr (Avenzoar) a donné les premières descriptions précises des troubles neurologiques, notamment la Méningite, la thrombophlébite intracrânienne et les tumeurs médiastinales et apporté des contributions à la neuropharmacologie moderne. Averroès a suggéré l'existence de la Maladie de Parkinson et attribué à des Photorécepteurs les propriétés de la Rétine. Maïmonide a écrit un article sur les troubles neuropsychiatriques et décrit la Rage et l’intoxication à la Belladone.
Ibn al-Haytham est considéré par certains comme le fondateur de la Psychologie expérimentale et de la Psychophysique, pour son travail de pionnier sur la Psychologie, la perception visuelle dans le Traité d’optique. Dans le livre III du Traité d’optique, Ibn al-Haytham a été le premier Scientifique à avancer l’idée que la vision se produisait davantage dans le cerveau que dans les yeux. Il a fait observer que l'expérience personnelle a un effet sur ce que les gens voient et comment ils le voient, et que la vision et la perception sont subjectives. Avec al-Kindi et Ibn al-Haytham, al-Biruni a été également un pionnier de la psychologie expérimentale et il a été le premier à décrire Empiriquement le concept du temps de réaction.
Avicenne a été un pionnier de la psychophysiologie et de la médecine psychosomatique. Il a introduit la "psychophysiologie" dans le traitement des maladies impliquant des Émotions et développé un système d'association des variations du Rythme cardiaque avec les sentiments qui est considéré comme le précurseur du test d’association des mots attribué à Carl Jung. Avicenne fut aussi un pionnier de la Neuropsychiatrie. Il fut le premier à décrire un grand nombre d’affections neuropsychiatriques, notamment les Hallucinations, l’Insomnie, la Manie, les Cauchemars, la Mélancolie, la Démence, l’Épilepsie, la Paralysie, l’Accident vasculaire cérébral, les Vertiges et les tremblements.
En Rhumatologie, Muhammad ibn Zakarīya Rāzi fait état d'une Étude de cas en psychothérapie d'un médecin musulman contemporain du Xe siècle qui avait traité une femme souffrant de graves Crampes dans les articulations qui l’empêchaient de se lever. Le médecin l’avait guérie en levant sa jupe et en suscitant une réaction de honte. Il a écrit : "C’est la vague de chaleur produite en elle qui a dissous l'humeur rhumatismale."
En Zoologie dans le champ de la Biologie, les biologistes musulmans ont développé des théories sur l’évolution et la Sélection naturelle qui ont été largement enseignées dans les écoles islamiques médiévales. John William Draper, un contemporain de Charles Darwin, a considéré que la " théorie mahométane de l'évolution" allait "beaucoup plus loin encore que nous sommes disposés à le faire, en étendant même cette théorie aux composés inorganiques ou au monde Minéral. " Selon al-Khazini, ces idées sur l'évolution ont été largement diffusées parmi les "gens ordinaires" dans le monde islamique à partir du XIIe siècle.
Le premier biologiste musulman à développer une théorie sur l'évolution a été Al-Jahiz (781-869). Il a évoqué les effets de l'environnement sur les probabilités de survie d'un animal et il a décrit pour la première fois L'Origine des espèces, il a pressenti l’idée de la Sélection naturelle. Al-Jahiz a aussi été le premier à parler de la Chaîne alimentaire et a été l'un des premiers partisans d’un déterminisme environnemental en faisant valoir que l'environnement peut déterminer les caractéristiques physiques des habitants d'une communauté et que les origines des différences de couleur de peau chez l’homme sont le résultat de facteurs d'environnement.
Ibn al-Haytham a écrit un livre dans lequel il a plaidé en faveur de l’évolutionnisme (mais pas de la sélection naturelle) et de nombreux autres érudits et scientifiques musulmans tels que Ibn Miskawayh, Ikhwan al-Safa, al-Khazini, Abū Rayhān al-Bīrūnī, Nasir al-Din Tusi et Ibn Khaldun, ont discuté et développé ces idées. Traduits en latin, ces travaux ont commencé à circuler en occident après la Renaissance et semblent avoir eu un impact sur la science occidentale.
Le al-Fawz al-Asghar d’Ibn Miskawayh et l’Encyclopédie des Frères de la Pureté d’Ikhwan al-Safa (les épîtres d’ Ikhwan al-Safa) expriment l'évolution des idées sur la façon dont les espèces ont évolué à partir de la Matière, de la vapeur, puis de l’Eau, vers les minéraux, puis les Plantes , les animaux, les hominidés et les humains. Ces travaux ont été connus en Europe et ont probablement eu une influence sur le darwinisme.