Strategic Air Command | |
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Armoiries du SAC à partir de 1951 | |
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Période | 21 mars 1946 – 1er juin 1992 |
Pays | États-Unis |
Type | Commandement majeur |
Rôle | Dissuasion nucléaire Bombardement |
Fait partie de | USAF |
Garnison | Offutt Air Force Base, Nebraska |
Devise | Peace is Our Profession |
Équipement | Bombardiers Avions ravitailleurs Avions de reconnaissance Missiles balistique intercontinentaux |
Commandant historique | Général Curtis LeMay |
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Le Strategic Air Command, ou SAC, était un grand commandement de l'US Air Force (USAF), formé en 1946 pour regrouper les unités de bombardement stratégique de l'USAF, destinées en particulier à employer les armes nucléaires des États-Unis. Il regroupait aussi bien des unités de bombardiers, que d'avions ravitailleurs, de chasseurs d'escorte (jusqu'en 1959), mais aussi de missiles balistiques intercontinentaux (1 054 à son apogée).
Il assura ainsi une bonne partie des forces de dissuasion nucléaire des États-Unis, au côté des sous-marins lanceur d'engins de l'US Navy, pendant la guerre froide. Après la chute de l'URSS, le SAC fut démantelé en 1992, et ses unités d'aviation affectées au sein de l'Air Combat Command et de l'Air Mobility Command.
Au cours de l'immédiate après-guerre, la plus grande partie des nations alliées réduisirent leurs forces militaires. Les États-Unis, en raison de la détérioration des relations avec l'Union Soviétique, furent les premiers à revenir aux dures réalités. Les crédits du budget militaire furent largement rouverts. Et c'est ainsi qu'en 1946, le Strategic Air Command vit le jour.
L'entente qu'étaient parvenues à réaliser, non sans mal, les quatre grandes puissances alliées de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Union des républiques socialistes soviétiques, se désagrégea rapidement après la capitulation de l'Allemagne nazie. La suspicion laissa la place à une hostilité à peine voilée. Ce climat dégénéra peu à peu, aboutissant à des conflits déclarés entre des pays qui avaient choisi des voies différentes.
La guerre de Corée et la guerre d'Indochine furent la manifestation la plus évidente de cette grande confrontation idéologique des années 1950, mais la Guerre Froide se situa en fait à plusieurs niveaux parfois difficilement perceptibles. Un des aspects les plus significatifs de cet affrontement, et aussi un des plus visibles, fut la croissance incroyablement rapide du Strategic Air Command, un commandement qui n'existait pas à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et sur lequel allait reposer pendant plus de dix ans la capacité nucléaire américaine.
Créé le 21 mars 1946 pour constituer un des trois principaux commandements de l'United States Army Air Forces, le SAC hérita d'abord d'un parc quelque peu hétéroclite, et dans une large mesure dépassé, comprenant des bombardiers, des chasseurs d'escorte et des avions de reconnaissance.
Le plus important de ces avions des premières années d'existence du SAC fut sans conteste le B-29 Superfortress, vétéran éprouvé des campagnes du Pacifique.
Les premiers mois d'existence du SAC furent surtout une période d'adaptation et de consolidation. De fait, à la fin 1946, cette organisation avait sensiblement diminué en taille, essentiellement en raison de la démobilisation prise dans l'immédiat après-guerre. Au point qu'elle ne contrôlait plus que neuf groupes de bombardiers, dont six de B-29. Néanmoins, les armements et les concepts opérationnels du futur étaient déjà en cours d'examen et d'élaboration, ainsi qu'en témoignent les essais atomiques de l'atoll de Bikini, en juillet 1946, et le déploiement des B-29 du 28th Bomb Group, en octobre de la même année, de Grand Island Army Air Field (Nebraska) jusqu'à Elmendorf AAF (Alaska). Ce déploiement illustre un aspect particulièrement important des opérations conduites par le SAC jusqu'au milieu des années 1960.
Suite à l'attaque d'un C-47 faisant la liaison Vienne-Udine le 9 août 1946 par l'aviation yougoslave qui dut effectua un atterrissage forcé près de Kranj faisant un blessé parmi les passagers et la destruction le 19 d'un autre C-47 sur le même ligne causant la mort des 5 membres d'équipage, 6 B-29 du SAC furent envoyés à Rhein-Main Air Base. Les États-Unis démontrèrent ainsi pour la première fois leur volonté de répondre aux provocations des gouvernements de ce qui allait devenir le bloc de l'Est en faisant appel à des bombardiers.
Doté désormais de base durables, le Strategic Air Command entreprit de s'étendre et d'accroître ses moyens au cours de l'année 1947. C'est ainsi que le nombre de ses bombardiers fit plus que doubler en l'espace d'une année, même s'il est douteux que la capacité offensive globale se soit accrue dans des proportions considérables.
En effet, le B-29 restait l'élément de base de l'aviation de bombardement stratégique, ce qui apparut pleinement en mai 1947, lorsque la première mission opérationnelle à longue distance fut organisée. Ce fut pour l'essentiel un exercice d'entraînement qui culmina avec une attaque simulée de New York. Les responsables constatèrent à cette occasion que, sur les 131 B-29 participant à l'exercice, 30 ne purent décoller. Cependant, de nombreux équipements étaient prévus, et l'année qui suivit se révéla décisive. 1948 vit naître deux nouveaux modèles de bombardiers lourds, et vit apparaître les systèmes de ravitaillement en vol. Mais l'action la plus lourde de conséquence fut le 19 octobre 1948 la désignation d'un nouveau commandant énergique: le général Curtis LeMay, l'ancien chef de la 20th USAAF qui avait bombardé quotidiennement l'Empire du Japon à partir des îles Mariannes.
Nommé pour dix ans, LeMay succéda au général George C. Kenney. Très vite, il sut s'imposer à tous les niveaux du SAC, prenant des mesures originales et spectaculaires, telle la promotion rapide accordée aux équipages les plus méritants, augmentant le rythme des rotations d'entraînement et l'étendant même à certaines bases à l'étranger.
Durant le blocus de Berlin, 60 B-29 furent déployé en Grande-Bretagne; Les 17-18 juillet 1948, des B-29 des 29e et 307e groupes de bombardiers arrivèrent aux bases de la RAF à Marham, Scampton et Waddington, et un autre groupe de bombardiers arriva à RAF Lakenheath en août. Alors que les bombardiers n’avaient pas d’équipement nucléaire, les Soviétiques les virent comme capables d’en avoir. La 3e division aérienne « provisoire » fut formée pour commander ces unités qui étaient supposées être un détachement de seulement 30 à 60 jours. ll devint vite évident que le déploiement durerait plus longtemps, en conséquence le titre « provisoire » fut abandonné. La 3e division aérienne se déplaça au stationnement aérien de Bushey Park le 8 septembre
Et on prépara le plan Charioteer en cas de Troisième Guerre mondiale. Le SAC aurait dû larguer 133 bombes atomiques sur 70 villes et objectifs militaires en URSS dont 8 sur Moscou et 7 sur Léningrad ainsi que de 250 000 t d'explosifs classiques pendant 2 ans mais le plan n'était guère réaliste car celui-ci ne disposait alors que de 300 B-29 et une dizaine de B-50.
L'Ere LeMay commençait, et elle représentera le sommet de l'histoire du Strategic Air Command, dans la contexte où les réalisations correspondaient à ses ambitions. Il est juste de dire que le SAC s'est littéralement transformé sous la direction dynamique de LeMay.
L'organisation aurait-elle atteint tous ses objectifs dans un contexte de paix internationale ? La réponse relève du domaine de la conjoncture. Il reste que LeMay a largement bénéficié de l'impulsion fournie par la guerre de Corée, qui éclata moins de deux ans après son arrivée.
Assurément, la Guerre Froide se réchauffa à cette époque de manière très sensible, et ses effets se firent sentir dans de nombreux domaines. En particulier, le SAC bénéficia de crédits pour ainsi dire illimités, qui lui permirent l'acquisition de centaines de nouveaux bombardiers à réaction, plus modernes et plus performants que les vieux B-29 fournis par le complexe militaro-industriel des États-Unis d'Amérique. Ce concours de circonstances ne diminua en rien les mérites et l'action de LeMay, qui resta capitale.
A la fin de juin 1948, peu de temps avant l'arrivée de celui-ci, la capacité globale du SAC avait commencé à s'accroître dans des proportions considérables, notamment avec la livraison de bombardiers de ce qui furent les premiers bombardiers intercontinentaux, des Convair B-36 Peacemaker, dont les premiers exemplaires rejoignirent le 7th Bomb Group stationné sur Carswell Air Force Base (Texas) qui ne furent déclaré opérationnels qu'en 1951. Construits à 384 exemplaires, ils furent retirés du service en février 1959 sans jamais avoir combattu.
Quelques mois plus tôt, le B-50, version modifiée et modernisée du B-29 d'origine, était lui aussi entré en service, au sein du 43rd Bomb Group, à Davis-Montham AFB (Arizona). Toutefois, ces deux nouveaux modèles n'étaient encore disponibles qu'en petit nombre lors de la nomination de LeMay. En outre, si le B-50 s'adapta sans trop de difficultés aux conditions opérationnelles, il fallut presque trois ans pour que le B-36 deviennent pleinement opérationnel.
La mise en activité, en juin 1948, des deux premiers squadrons de ravitaillement en vol ne fut pas moins significative. Ils étaient équipés à l'origine de KB-29M, une version du B-29, avions utilisant un système anglais de tuyaux et de grappins.
Une démonstration des capacités de cet équipement fut fournie au mois de décembre 1948, lorsqu'un Boeing B-50 Superfortress du 43rd Bomb Group effectua un vol aller et retour sans escale entre le Texas et les îles Hawaii (15 880km). Au cours de cette mission, qui dura quarante-et-une heures, trois ravitaillements en vol avaient été réalisés.
Mais cette performance fut totalement éclipsée en mars 1949 par un autre record, plus extraordinaire encore: un B-50 accomplit un tour du monde sans escale. Décollant le 2 mars 1949, il accomplit cette exploit en 94 heures et une minute L'efficacité sans égale du ravitaillement en vol apparut plus clairement encore, puisqu'elle avait rendu possible un parcours de 37740km. Le KB-29M fut bientôt remplacé par le KB-29P, qui tirait son originalité de l'emploi du "Flying Boom", un nouveau système, aujourd'hui généralisé, conçu par la firme Boeing et qui devait équiper par la suite tous ses avions ravitailleurs KC-97 et KC-135.
Appuyée sur des bases solides, l'expansion du Strategic Air Command se poursuivit en 1949-1950, période qui marqua la première participation du SAC à des missions de guerre au-dessus de la Corée du Nord, à partir de juillet 1950 après le déclenchement de la guerre de Corée.
Employé uniquement pour des bombardements conventionnels, le B-29 fut le seul bombardier stratégique américain à intervenir au cours de ce conflit: plus de 150 000 tonnes de bombes furent larguées au cours des trois années de guerre.
C'est pendant ces opérations que le général Douglas MacArthur sollicita l'autorisation de recourir à l'arme nucléaire, non seulement contre la Corée du Nord, mais également contre la république populaire de Chine. Le prestigieux vainqueur des Japonais dans la guerre du Pacifique espérait ainsi endiguer le flot ininterrompu de fournitures qui parvenait aux forces communistes depuis la frontière chinoise.
Cette requête extrême fut rejetée par le président des États-Unis Harry Truman, qui devait par la suite, pour diverses autres raisons, limoger McArthur de son commandement des forces des Nations Unies en Corée.
Grâce à des archives déclassifiées, on apprit également que le successeur de Truman, Dwight D. Eisenhower, envisagea lui aussi l'utilisation de l'arme nucléaire contre la Chine, dans l'éventualité d'une rupture définitive des négociations de paix.
Bien que le nombre d'unités du SAC impliquées ait été limité, la guerre de Corée eut des conséquences importantes pour l'organisation, notamment sur le plan des équipements. Certes, le développement de nouveaux modèles de bombardiers à réaction avait été mis à l'ordre du jour dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Au moment où éclate le conflit coréen, le Boeing B-47 Stratojet était sur le point d'entrer en service et plus d'un millier d'exemplaires étaient en commande. Mais son rythme de construction resta assez timide, et les plans initiaux de modernisation envisageaient, semble-t-il, la constitution lente et mesurée, sur des bases solides, d'une puissante flotte de bombardiers à réaction.
La guerre de Corée bouleversa tous ces plans: le B-47 devint l'objet d'un programme de fabrication accéléré, et le SAC reçut, en l'espace de cinq ans, plus de 1 500 Stratojet et le Single Integrated Operational Plan, le plan en cas de guerre nucléaire se mit en place.
Dès le 1er novembre 1954, les derniers B-29 désormais obsolètes furent retirés des unités de bombardement.
Au début de 1957, époque où le B-47 était le plus largement utilisé, trente-trois squadrons étaient en service sur ce type d'avion, vingt-huit destinés à des missions de bombardement conventionnels, et cinq à des missions de reconnaissance stratégique (RB-47).
Les livraisons avaient débuté à un rythme normal en octobre 1951, le 306th Bomb Wing de MacDill AFB (Floride) recevant à cette date ses premiers B-47B.
A la fin de 1952, le nombre de Stratojet en service étaient encore modeste. C'est à partir de 1953, lorsque d'autres constructeurs commencèrent à produire le B-47 en grande quantité, que la modernisation des unités opérationnelles s'accéléra fortement.
Dès la fin de 1953, le nombre de B-47 mis en œuvre était de 428. En décembre de l'année suivante, il était de 1060.
A cette époque, le Stratojet était utilisé tant sur le territoire national qu'à l'étranger, avec des rotations d'entraînement de nonante jours, en recourant à partir de 1953 aux bases de l'USAF en Angleterre, en Espagne, au Maroc et aux îles Mariannes.
Parallèlement, plusieurs centaines de ravitailleurs Boeing KC-97 "Stratotanker" étaient livrés au Strategic Air Command.
La mise en service du B-47 ainsi que la présence dans le même temps de ravitailleurs valables, qui étaient disponibles en permanence, permirent également au SAC de développer une nouvelle conception de bombardiers lourds intercontinentaux.
La première expérience de ce type, qui eut lieu au cours de l'été 1954, fut l'œuvre de deux Bomb Groups de B-47 appartenant à la 38th Air Division, stationnée sur Hunter AFB (Géorgie). Baptisé du nom de code "Leap Frog" ("Saute-moutons"), l'exercice consistait dans le lancement depuis Hunter AFB d'une mission de bombardement simulée, conduite simultanément par deux groupes et s'achevant par l'atterrissage de ceux-ci sur une des bases américaines du Maroc français, Siddi Slimane AFB.
Avant cet essai, les plans de guerre du SAC envisageaient le déploiement des avions sur des bases éloignées, d'où ils seraient en mesure de lancer des attaques. Mais un tel système présentait de graves inconvénients: en particulier, nul n'était certain que les bases considérées seraient défendables dans l'hypothèse d'un conflit nucléaire généralisé. Grâce aux ravitailleurs, cette conception put être révisée. L'effet de dissuasion nucléaire s'en trouva renforcé, dans la mesure où le délai de riposte était sensiblement réduit.
Au début de 1955, le SAC avait nettement avancé dans ses efforts de modernisation : il possédait plus de 1 000 bombardiers stratégiques, et un nombre comparable de bombardiers tactiques et d'avions de reconnaissance.
La capacité de la force de bombardement variait selon les équipements mais, à cette époque, tous les B-29 avaient été retirés du service et seuls quelques B-50 faisaient encore partie des stocks.
Après le B-47 Stratojet, le deuxième bombardier à réaction de la firme Boeing, le Boeing B-52 Stratofortress, était alors sur le point d'être livré. Ce fut chose faite en juin 1955.
Ce puissant bombardier stratégique, certainement le plus célèbre bombardier américain de la guerre froide, propulsé par huit réacteurs montés deux par deux, et capable d'emporter de très lourdes charges, apparut tout d'abord au sein du 93rd Bomb Wing, stationné sur Castle AFB en Californie, où il était appelé à remplacer le B-47. En fin de compte, plus de 700 B-52 figurèrent dans l'ordre de bataille du SAC.
Véritable bombardier intercontinental, le B-52 n'avait nul besoin d'être mis en œuvre depuis des bases à l'étranger pour atteindre ses objectifs. Aussi le vit-on rarement hors de l'espace aérien américain, sauf lorsqu'il battit des records de distance en 1956 et en 1962. Au départ, le déploiement se fit conformément aux principes traditionnels du SAC, chaque wing de B-52 possédant 45 avions répartis en trois squadrons.
Mais la menace croissante représentée par les missiles balistique intercontinentaux soviétiques de la Troupes des missiles stratégiques et le fait qu’inéluctablement les bases américaines deviendraient vulnérables à une attaque lancée depuis l'Union Soviétique conduisirent à la mise au point, en 1958, d'un programme de dispersion des B-52. Au début des années 1960, chaque base de Stratofortress comptait en règle générale un unique squadron de 15 B-52, auquel était associée une unité d'avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker.
Parmi les autres manifestations de la crainte engendrée par le développement des missiles nucléaires soviétiques, à la fin des années 1950, figura la mise au point de deux nouvelles méthodes d'alerte entièrement révisées en fonction des nouvelles données stratégiques.
Le concept du One-Third Alert était le plus significatif. Sur chaque base du SAC, un tiers des bombardiers étaient maintenus en état d'alerte permanent. Ainsi, dans l'hypothèse d'une attaque surprise par missiles, le SAC serait au moins en mesure de mettre en œuvre le tiers de ses bombardiers pour des actions de représailles.
Bien plus révolutionnaire encore était un programme d'alerte en vol 24 heures sur 24, qui fut testé pour la première fois à la fin de 1958 sous le nom de code Head Start puis Round Robinpar les B-52 du 42nd Bomb Wing et qui a fait l'objet de nombreux essais en 1959-1960, avant d'être appliqué à deux douzaines de bases au début de 1962 sous le nom d'opération Chrome Dome.
Ce système fut pratiqué tout au long des années 1960 et fut renforcé rapidement en octobre 1962, lors de la crise des missiles de Cuba. Cette année-là, le SAC avait un effectif de 282 723 personnes (217 650 militaires du rang, 28 531 civils et 38 542 officiers).
A partir de 1960, la planification stratégique des cibles en cas de guerre nucléaire fut intégrée dans le Single Integrated Operational Plan regroupant les plans des autres armes, telle l'US Navy qui développaient chacun leurs plans sans coordinations.
Jusqu'à une douzaine de bombardiers B-52 étaient en alerte en vol en permanence avec des missions de 20 à 23 heures au dessus du cercle Arctique et de la mer Méditerranée, avec leurs armes nucléaires. Mais il y a eu plusieurs accidents notamment en Espagne en 1966 puis au Groenland lors de laccident de Thulé début 1968 (voir Liste des accidents nucléaires). C'est à la suite de ce dernier accident que ces vols ont été interdits sur tous les avions de combat américain le 22 janvier 1968.
Finalement, avec la mise en place des ICBM américains, qui offraient une capacité de riposte presque immédiate, les alertes aériennes se réduisirent, même si aujourd'hui l'alerte au sol constitue encore une part importante de l'activité du SAC.
Alors que la puissance nucléaire américaine reposait toujours entièrement sur les bombardiers stratégiques, les possibilités offertes par les ICBM n'avaient en aucune manière été négligées. Mais ce n'est qu'au mois de septembre 1959 que devint opérationnel le premier ICBM.
Par ailleurs, les premiers modèles de ces engins, l'Atlas, le Snark et le Titan I, réclamaient une maintenance considérable et constante, et surtout étaient extrêmement vulnérables dans la mesure où ils devaient être lancés depuis le sol. En outre, ils étaient d'une qualité vraisemblablement très moyenne.
Toutefois, l'avènement de l'ère des missiles annonçait le déclin progressif des bombardiers nucléaires pilotés. Des progrès importants furent réalisés par la suite dans le domaine des missiles, avec notamment la mise au point du Titan II et du Minuteman I, beaucoup plus fiables que leurs prédécesseurs et pouvant être placés dans des silos qui les rendaient nettement moins vulnérables. Dans le même temps, la précision de ces armes était bien supérieure.
Le rythme de développement des ICBM américains fut si rapide que, en l'espace de quatre ans et demi, le nombre de missiles en alerte dépassa celui des bombardiers pilotés.
Parallèlement, même lorsque l'ère du missile devint une réalité, le SAC continua de recevoir de nouveaux bombardiers. À cet égard, le plus remarquable fut le Convair B-58 Hustler, qui entra en service en août 1960 au sein du 43rd Bomb Wing. Par la suite, cet avion ne fut produit qu'à 116 exemplaires et eu de nombreux accidents, mais ses remarquables performances furent reconnues grâce à plusieurs records de vitesse établis au début des années 1960.
Le 26 octobre 1962, les derniers exemplaires du B-52 et du B-58 furent officiellement livrés au SAC et, pour la première fois depuis 1946, aucun modèle de bombardier ne fut conçu ni mis en commande pour les remplacer.
Par la suite, un dérivé du très controversé General Dynamics F-111 Aardvark, le FB-111A, fut produit seulement à 76 exemplaires; il entra en service en 1969.
Ce n'est qu'au milieu des années 1980 qu'un nouveau modèle de bombardier, le Rockwell B-1B Lancer, a été commandé et mis en production a 100 exemplaires, et encore faillit-il ne jamais voir le jour, en raison de manœuvres politiciennes.
Tandis que les ICBM prenaient une importance sans cesse accrue, le Strategic Air Command s'engagea activement dans la guerre du Vietnam, où il menait des opérations de bombardement conventionnel à caractère tant stratégique que tactique.
Sur ce théâtre d'opérations, il remplit trois missions fondamentales: le ravitaillement en vol des avions de l'USAF, de l'US Marine Corps et de l'US Navy, la reconnaissance militaire, et enfin le bombardement lourd.
En ce qui concerne la première, les nouveaux Boeing KC-135A prirent la relève des vieux KB-50 des PACAF (Pacific Air Forces) et assurèrent bientôt la quasi-totalité des ravitaillements sur l'ensemble du Sud-Est asiatique.
Bien que cela soit moins connu, le SAC effectua également de nombreuses missions de reconnaissance, avec ses Boeing RB-47, ses Boeing RC-135, ses Lockheed U-2 et ses SR-71.
Mais la principale contribution à l'effort de guerre fut fournie par les B-52 Stratofortress stationnés sur Andersen AFB (Guam), dans les îles Mariannes. Par la suite, d'autres bombardiers vinrent renforcer ce dispositif à partir de bases en Thaïlande, comme celle d'Utapao.
Les B-52 engagés dans le conflit vietnamien assuraient des missions dites Arc Light, à la fois contre des bastions ennemis au Sud-Viêt Nam, la piste Ho Chi Minh, et contre le complexe militaro-industriel et les aérodromes du Nord-Viêt Nam.
Une incroyable quantité de bombes, représentant trois fois le tonnage total déversé par les bombardiers B-17 et B-24 de l'USAAF en Europe pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, fut lâchée au cours de cette longue campagne de huit ans que menèrent les B-52, et dont le temps fort fut, en décembre 1972, l'opération Linebacker II.
Cette puissance de feu dévastatrice contraignit alors les Nord-Vietnamiens à regagner la table des négociations et permit la libération des prisonniers de guerre américains.
Pour tenter d'influencé l'URSS pour qu'elle fasse pression sur le Nord Viet Nam et débloqué les négocations, Richard Nixon déclencha secrètement l'opération Giant Lance qui vit 18 B-52 équipés d'armes nucléaires simuler une préparations d'attaque de l'Union Soviétique du 27 au 30 octobre 1969. A son niveau le plus important, la mission a échoué. Elle a peut-être bien effrayé les Soviétiques mais elle ne les a pas obligé à mettre fin à leur soutient envers Hanoï, et les Nord-Vietnamiens n'ont certainement pas mendié un accords de paix de Paris.
Après ce conflit, le reste des années 1970 constitua une période de stagnation pour le SAC, surtout lorsque l'administration américaine de Jimmy Carter annonça, en 1977, que le programme du B-1A Lancer, dans lequel les aviateurs américains plaçaient de grands espoirs, fut annulé.
Pendant ce même temps, les unités de missiles stratégiques réceptionnaient le LGM-30G Minuteman III, dont le nombre d'exemplaires devait atteindre 550. Le LGM-25C Titan II fut également retenu, surtout pour équilibrer la menace représentée par des missiles soviétiques comme le SS-9.
Avec l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan, au début de l'année 1981, la situation évolua considérablement et la guerre froide se renforça. Les programmes du bombardier B-1 Lancer et du missile MX reprirent vie, et les investissements dans le domaine de la défense connurent une extraordinaire augmentation.
Reagan encouragea également le projet du B-2 Spirit, essentiellement parce qu'il fallait trouver un remplaçant au Boeing B-52, bientôt en passe d'être retiré du service.
De nombreux B-52G et B-52H avaient pourtant été transformés en plate-formes d'emport de missiles de croisière : 98 des B-52G étaient armés d'AGM-86 ALCM, tandis que les 102 B-52H produits avaient été conçus dès l'origine pour recevoir des armes de ce type.
Un total de 100 Rockwell B-1B Lancer entra en service en 1984 et 1988.
Le premier des 100 ICBM Peacekeeper commandés par l'USAF fut mis en place dans un silo de Minuteman dans le courant de l'année 1986.
Deux ans plus tard, pour la première fois depuis la fin de l'engagement américain au Viêt Nam, c'est-à-dire 1973, le SAC affecta quatre Wings de B-52 à des missions conventionnelles, en l'occurrence l'attaque antinavire.
Un projet d'ICBM tiré depuis un lanceur mobile à l'instar des SS-20 soviétique, fut entreprit à partir de 1986, mais le MGM-134 Midgetman fut abandonné avec la fin de la guerre froide.
À la fin des années 1980, la situation internationale évolua considérablement. En mai 1988, deux ans après que ses entretiens avec le Premier Secrétaire du Parti communiste d'union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, eurent échoué sur le projet d'Initiative de défense stratégique, Reagan effectua une visite en URSS. La même année, George Bush sr, ayant remporté les élections présidentielles, poursuivit la politique de rapprochement avec les Soviétiques entamée à la fin du second mandat de son prédécesseur.
La flotte de bombardiers stratégiques était alors devenue trop réduite par rapport aux besoins. Officiellement, les 346 avions en service au début de 1990, 157 B-52G, 93 B-52H et 95 B-1B, étaient jugés suffisants, mais les militaires américains ne raisonnaient plus de la même façon.
La force de missile balistique déclinait, et les Titan II devaient être ferraillés conformément au Traité de réduction des armes stratégiques, signé avec l'URSS. Parallèlement, les Minuteman I et II étaient en train de disparaître de l'inventaire du SAC, alors que le nombre de leurs ogives devait être réduit à une seule par missile. Ce même procédé fut appliqué à l'AGM-118 (qui comportaient alors dix ogives) à partir de 1992.
Les 48 FB-111A encore opérationnels furent transformés en F-111G et affectés à des missions à caractères tactiques au sein du 27th Fighter Wing, basé sur Cannon AFB.
La production du B-2, qui devait être initialement de 132 exemplaires, fut finalement ramenée à 21. L'accroissement extraordinaire des coûts et la fin de la guerre froide faillit porter un coup fatal au programme de cet avion qui entra en service opérationnel en 1997 après la dissolution du SAC.
Le Lockheed SR-71 Blackbird disparut du service actif en janvier 1990 avant de reprendre du service de 1995 à 1998.
Face aux profonds changements qui affectaient le monde, le SAC apparaissait désormais comme une sorte d'anachronisme.
Le coup de grâce fut donné le 1er juin 1992, date à laquelle entra en vigueur la nouvelle organisation de l'USAF. Quarante-six ans après sa création, le SAC était appelé à disparaître pour être absorbé, avec une grande partie du Tactical Air Command, au sein du nouveau Air Combat Command (ACC).
Un sous-commandement de l'aviation stratégique fut cependant conservé dans le cadre d'un nouvel Unified Combatant Command chargé de contrôler l'ensemble des armes nucléaires et des moyens stratégiques américains, le United States Strategic Command, afin de mettre en œuvre les bombardiers à long rayon d'action en cas de conflit.
Les six wings de missiles survivants de la 20e USAF passèrent sous l'autorité du nouveau Air Force Space Command, tandis que les avions de reconnaissance dépendaient de l'ACC. La plus grande partie des avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker et KC-10A Extender furent réaffectés à l'Air Mobility Command (AMC).
Pendant les presque cinq décennies d'existence de ce grand commandement, les équipages appartenant au SAC ont toujours fait preuve d'un constant professionnalisme et se sont appliqués à ne pas faire mentir leur devise : « La paix est notre travail ».
Le 24 octobre 2007, on annonce la reconstitution d'un commandement majeurs dédié aux armes et vecteurs nucléaires de la force aérienne, le Air Force Global Strike Command (AFGSC) qui est pleinement opérationnel depuis 2009.