Escadron de chasse 3/3 Ardennes | ||
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Type | assaut conventionnel tout temps | |
Statut | actif | |
Date création | 10 octobre 1943 | |
Date dissolution | ||
Base | Base aérienne 133 Nancy-Ochey | |
Appareil | Mirage 2000D |
L'Escadron de Chasse 3/3 "Ardennes" est une unité de combat de l'Armée de l'air française. Actuellement installée sur la Base aérienne 133 Nancy-Ochey, elle est équipée de Mirage 2000D, biplace d'assaut conventionnel tout temps.
La devise de l'escadron, "Ne Recule Ni Ne Dévie", symbolise l'état d'esprit guerrier associé à ses missions passées et présentes.
Rayak, Liban, mai 1943 - février 1944
Le Groupe de Chasse « Ardennes » est le fruit de tractations durant l'été 1943, entre le Général Valin, commandant les « Forces aériennes françaises libres » du Proche-Orient et l'Air Chief Marshall Sir Arthur Tedder, commandant en chef des Forces Aériennes de la Méditerranée. Au cours de ces entretiens, le Général Valin obtient de Sir Arthur Tedder l'armement provisoire en avions anglais de certaines formations stationnées au Levant. Il est alors décidé de mettre sur pied et d'équiper en monoplaces Hurricane IIC un groupe de chasse chargé de participer à la couverture des côtes de Syrie et de Palestine. Les conclusions de leurs entretiens officieux sont confirmés officiellement par une lettre, en date du 10 octobre 1943: Sir Arthur Tedder informe le Général Bouscat, chef d'état-major de l'Armée de l'Air que la mise sur pied en Syrie d'un "Squadron" de chasse français armé de douze Hurricane IIC a été autorisé à titre temporaire par le "Joint Air Commission Head Quarter". Une attribution de vingt-cinq appareils de ce type est réservé à ce "Squadron", à titre d'avions de première ligne et d'avions de remplacement. Des instructions sont envoyées au quartier général de la Royal Air Force du Moyen-Orient, lui prescrivant de pourvoir à l'entraînement des pilotes de la nouvelle unité et à la livraison du matériel nécessaire.
Saint-Jean-d'Acre, Palestine, février - mai 1944
Crée administrativement le 1er janvier 1944, le GC « Ardennes » fait alors mouvement vers Saint-Jean-d'Acres le 1er février 1944, où il est équipé en matériel anglais avec le Hurricane IIC : cette date marque sa « naissance » opérationnelle. Dès le 2 février, les vols individuels et en patrouille s'enchaînent à la suite du premier vol sur la nouvelle monture du GC effectué par le Ltt Boudier avec le Hurricane IIC n°188. Le groupe compte alors trois officiers chefs de patrouille et sept jeunes équipiers arrivés du centre d'entraînement (OTU) d'Ismaïlia le 21 janvier 1944. Une première patrouille, ou "flight", de six avions de ce type est immédiatement mise sur pied. Puis un second flight est opérationnel le 29 février, après l'arrivée de pilotes supplémentaires. Les débuts sont modestes. Le groupe n'a que douze Hurricane. Il manque encore cruellement de chefs de patrouille, de mécaniciens brevetés et surtout de personnels européens. A Saint-Jean-d'Acres, le groupe « Ardennes » est rattaché au "209e Group" de la Royal Air Force. Il double le 127e Squadron anglais, qu'il est amené à remplacer dans ses missions de DAT (Défense Aérienne du Territoire) et de surveillance côtière. Dans ce cadre, le 11 mars un détachement de six pilotes est envoyé à Beyrouth et relevé tous les dix jours.
Les missions de guerre commencent donc sur cette côte orientale de la Méditerranée plus guère menacée par les incursions aériennes ou navales ennemies. L'activité est essentiellement consacrée à :
Fin avril, une vingtaine d'heures de vol de guerre et 525 heures d'entraînement ont déjà été effectuées et pratiquement tous les pilotes sont lâchés de nuit. Or, le 30 avril au soir, un ordre tombe et coupe court aux bruits qui circulent: le groupe doit faire mouvement dans les deux jours vers l'Afrique du Nord française. Les préparatifs commencent alors dans la fièvre...
Afrique du Nord, mai - septembre 1944
Ainsi, le 2 mai, la douzaine d'Hurricane du groupe se rend d'une traite à Ismaïlia, le terrain du Caire en Égypte, où ils sont abandonnés au dépôt de matériel. Du 5 au 13 mai, le groupe au complet coule alors des jours paisibles sous le soleil d'Aboukir, dans l'incertitude de sa destination finale. Le signal du départ arrive le 13. Port-Saïd est rallié en train, afin d'embarquer dès le lendemain sur des convois de transport de troupes anglais : la destination, Oran en Algérie, sera atteinte entre le 21 mai et la mi-juin. Sans attendre l'échelon lourd, les précurseurs gagnent en trois jours de train le terrain de Bône les Salines où stationne le GC II/3 "Dauphiné". Les premiers jours sont consacrés à l'installation du cantonnement, à l'organisation générale et à la prise en compte des onze Hurricane IIC et des treize P-40 plutôt fatigués du II/3, qui commence alors sa transformation sur chasseurs bombardiers américains P-47 "Thunderbolt". « Nous regardons avec envie leurs P47 évoluer au-dessus de la piste. » Rattaché à titre provisoire à la "Section d'aviation côtière de Bône" (Bône Fighter Command) ,le groupe reprend progressivement à sa charge les missions sans nouveauté de "Coastal Command" jusqu'alors accomplies par le II/3. Dès le 28 mai 13h00, deux pilotes du groupe assurent la première alerte de l'unité et à partir du lendemain, les missions réelles se succèdent. Le matériel est vieux, mais le moral est bon. « Nos mécaniciens font des prodiges. Les Hurricane aussi. Ils se révèlent plein de bonne volonté, mais ils sont vieux. Ils n'y peuvent rien et nous non plus. Le cas échéant, ils nous emmènent jusqu'à 80 miles en mer, et poussent la gentillesse jusqu'à nous ramener.» L'entraînement se poursuit en parallèle avec les mission de guerre classique : couverture des nombreux convois alliés qui sillonnent la Méditerranée, "Air sea rescue" (missions de reconnaissance des équipages perdus en mer et de protection des hydravions sauveteurs) et décollage sur alerte pour intercepter des bombardiers ennemis qui se révèlent bien souvent hors de portée, fictifs voire alliés !
Le groupe piaffe d'impatience en apprenant la nouvelle du débarquement allié en Normandie le 6 juin, d'autant que le II/3 part pour la Corse le 10 juin ! D'après les prévisions initiales du Commandement, le Groupe de Chasse III/3 "Ardennes" aurait dû être transformé sur P-47, peu après son arrivée à Bône et être affecté à la 4e escadre de Chasse. Mais les retards de livraison amènent l'état-major à le maintenir à la disposition de la Section d'aviation côtière de Bône et à l'écart des opérations de libération au sein du "Tactical Command". Finalement, le 5 juillet, le Capitaine Vinçotte fait une arrivée remarquée aux commandes du premier P-47 du groupe. L'avion est inspecté sous toutes les coutures et l'enthousiasme saisit l'ensemble du groupe qui s'imagine déjà en mission sur la France ! Cet unique appareil permet alors de "lâcher" quelques pilotes. Il est suivi par quatre autres, les 8 et 9 juillet, la dotation complète devant être livrée dans les prochains jours. La joie est de courte durée : coup dur le 10 juillet, les P-47 du groupe seront transmis le lendemain au Groupe de Chasse I/4 "Navarre", heureux élu affecté au "Tactical Command". « Ce retard assombrit le groupe tout entier et particulièrement les pilotes qui ont la mort dans l'âme. Mais ce coup de masse ne nous abattra pas. Nous gardons l'espoir au coeur que nous serons le prochain groupe équipé. Nous mordons le coussin une fois encore. »
Et c'est au GC III/3 "Ardennes" de remplacer le I/4 à Réghaïa, toujours le long de la côte algérienne, mais 400 km plus à l'est. A cet effet, il doit prendre en compte les Bell P-39 "Airacobra" du I/4 et se voit alors renforcé par le personnel destiné au II/6 déjà entraîné sur P-39. Le 11 juillet, l'ordre de faire mouvement est reçu. Toutefois, attendant d'être relevé par une escadrille du III/6 qui arrive le 15, le groupe ne déménage que le 17 juillet. A Réghaïa, le groupe est affecté temporairement à la 3e Escadre de Chasse, elle même rattachée au 338e Wing américain opérant dans le cadre des Forces aériennes alliées d'aviation côtière en Méditerranée (Mediterranean Allied Coastal Air Force ou"MACAF"). Les opérations de prise en compte des P39 du groupe I/4 freinent l'activité aérienne initiale. Néanmoins, le cœur mis à l'ouvrage par les mécanos permet d'effectuer les premières missions opérationnelles le 23 et d'atteindre 455 sorties en juillet. Les missions d'entraînement et de Coastal reprennent, routinières, de jour comme de nuit. L'alerte est prise de l'aube à la nuit, une ou deux sections en 3' et une en 15'. Les mentions "RAS" s'alignent sur les journaux de marche. Seule consolation, un P-47 D22 abandonné au groupe par le I/4 le 24 juillet, trois jours avant son départ, permet de se faire la main à tour de rôle.
Le 18 août, le groupe apprend que vingt-cinq P47 lui sont affectés et que l'échelon volant de l'"Ardennes" fera mouvement vers la France, de concert avec les autres groupes de la 3e Escadre. Les P-47 D28 flambant neufs tant attendus arrivent enfin ! Les quatre premiers avions sont perçus les 23 et 24 août. Le lendemain, nouvelle douche froide : le groupe doit échanger ses D28 neufs avec les vieux D22 du GC I/4 alors en Corse. Il faut encore patienter... Le 2 septembre, l'alerte est transmise sans regret au groupe II/9. Après une semaine de préparatifs, le gros du groupe se met en route pour la France, via Oran. Il débarque à Marseille le 20, arrive à Salon le 24, tandis que les vols d'entraînement sur P-39 et sur les P-47 usagés se poursuivent à Réghaïa. En parallèle, un renfort de dix mécaniciens brevetés part à l'AIA de Maison Blanche en vue de participer au remontage des P-47. Les quatre premiers P-47 D28 neufs sont enfin perçus à l'AIA le 18 septembre. Ils seront suivis de neufs autres avant la fin du mois. Les rodages moteurs et les vols de prise en main se succèdent alors. L'effervescence croît à mesure que le "grand départ" se précise. « B. d'Ars effectue en hâte une ultime séance de rodage de 2h50 puis se précipite sur la scie pour aménager les réservoirs supplémentaires en soute à bagages. Il s'en faut peu que sa chère bicyclette n'y rentre. On entasse valises, sacs, paquets dans les coffres et toute la place disponible est utilisée.»
France, octobre 1944 - mai 1945
A Salon, le III/3 est d'abord affecté à la 3e Escadre aux côtés des GC I/5 et III/6. La première quinzaine d'octobre voit le groupe s'installer et se constituer lentement. Aucun vol, mais « chacun découvre en lui un peintre et on passe des heures, le pinceau à la main, penchés sur des croix de Lorraine et des sangliers ». Les pilotes restés en AFN rendent les vieux D22 à Meknès avant de convoyer entre le 8 et le 11les treize derniers P-47 D28 montés à Maison Blanche vers Marignane. La pluie qui tombe sans discontinuer pendant plusieurs jours rend la piste de Salon inutilisable. Le groupe gagne alors le terrain d'Istres Le Vallon entre le 14 et le 16 octobre. La bonne humeur est omniprésente lors du convoyage Marignane-Le Vallon, « c'est une débauche de passages, Salon piste, Salon ville, Le Vallon. La qualité des peel off est vivement discutée au sol ». Les vols d'entraînement reprennent, pour une courte période puisque, dès le 16, le groupe est rattaché à la 4e Escadre, basée à Lyon-Bron. Il doit alors se tenir prêt à faire mouvement pour la zone des opérations, « à la bagarre, enfin », dans les 24 heures qui suivront l'arrivée de l'ordre de départ. Le 21 octobre, le groupe est prêt et l'ordre de mouvement arrive dans la foulée. L'échelon précurseur par pour Lyon-Bron le 23 octobre, précédant d'une journée l'échelon roulant qui arrive le 25 octobre. Enfin, l'échelon volant se pose à Bron, le 26 octobre. Le groupe s'installe alors provisoirement sur un terrain lamentable, auprès des GC II/5, II/3 et I/4.
Le 30 octobre, les vingt-quatre P-47 se posent sur l'étroite piste en grilles d'Ambérieu où le groupe se reconstitue durant les jours qui suivent. La troupe et les service s'installent à Ambronay, tandis que les pilotes et l'OPS logent à Saint-Jean-le-Vieux. Les officiers logent confortablement dans une annexe du château de Haute-Rive. Le 31 octobre, le groupe et déjà opérationnel et effectue sa première mission de Tactical. Toutefois les conditions météo sont désastreuses jusqu'à la fin de l'année : gel, pluie, inondations, « brouillard et neige se cèderont mutuellement la place ». L'activité, en dents de scie, alterne donc entre des journées grises occupées par des parties de cartes, de l'escrime ou des briefings, des journées d'attentes ponctuées d'ordres et de contrordres « où les armuriers passent leur temps à fixer et à déposer les bombes des avions », et des journées où les missions s'enchaînent à un rythme effréné. Il s'agit alors principalement de bombardements, de mitraillages, "straffing", et de reconnaissances armées en appui de l'offensive de libération de l'Alsace (Strasbourg est libérée le 23 novembre). Situés en Alsace ou en Allemagne, ces objectifs sont souvent bien défendus par la Flak en témoignent les nombreux rapports d'avions touchés. Au bilan, malgré une météo défavorable, 411 sorties de guerre ont été effectuées pendant les deux mois de présence à Ambérieu.
Préparé depuis le 26 décembre, le déplacement du groupe à Luxeuil est retardé au 2 janvier suite à d'importantes chutes de neige. Le groupe loge à l'hôtel réquisitionné de la Pomme d'Or. L'hiver est particulièrement rigoureux. La neige (60 cm le 26 janvier) et le froid clouent périodiquement les avions au sol et rendent les conditions de vie difficiles. Le soutien à la réduction de la poche de Colmar est donc très limité. A partir de mi-février, le temps s'améliore. Toutefois, une réfection de la piste de Luxeuil fortement détrempée et endommagée par le dégel s'avère indispensable. Du 13 février au 17 mars, le GC III/3 stationne donc momentanément à Dole, comme d'ailleurs l'ensemble de la 4e Escadre.
Le nouveau terrain en bonne condition permet le départ simultané de formations lourdes, allant jusqu'à vingt avions. L'activité aérienne s'intensifie nettement, accroissant la pression sur une armée allemande en retraite depuis la chute de Colmar, le 2 février 1945. Les objectifs assignés sont les nids de résistance (villages, batteries...), les voies de communication (gares, voies ferrées, carrefours, ponts), les moyens de transport (trains de ravitaillement, convois de véhicules, péniches), et les dépôts de munitions ou de carburant. Plus rarement quelques couvertures aériennes, "top cover", sont effectuées. Désormais chaque mois verra invariablement croître le nombre de sorties du groupe. Au fur et à mesure des progrès des avant-gardes motorisées de la Première Armée Française vers la haute vallée du Danube et l'Autriche, les missions pénètrent toujours plus en profondeur en Allemagne. Les pilotes du groupe prennent alors très souvent part à des mission d'appui direct des unités de l'Armée de Terre, « les ordres étant donnés en l'air par l'ops qui se trouve sur le front », indicatif "Remedy", "Mikado", ou "Boxcar". Lorsque la météo ne permet pas de voir l'objectif, ce poste de commandement avancé demande parfois tout de même un "egg basket", tir aveugle assez peu précis. Enfin, le 9 avril, désormais trop en retrait de l'avancée des troupes, le groupe fait mouvement vers le terrain de Colmar et cantonne à Wintzenheim, petit village dans la vallée de Munster. Au cours de ce mois, apparaissent quelques missions hors du commun : protection de Mustang de reconnaissance ou de bombardiers, supériorité aérienne au-dessus du terrain de Stuttgart et attaque d'un site de V1. Le groupe est à son apogée et sent la victoire prochaine.
La dernière mission de guerre de la 4e Escadre sur l’Allemagne est effectuée par huit P47 du GC III/3 mené par le Cdt Vinçotte, le 1er mai 1945 : reconnaissance armée et straffing le long du Rhin à l’est du lac de Constance entre Bregenz-Lusteneau-Dornbirn-Feldkirch en Autriche.
Niedermendig, Allemagne, mai 1945 - mars 1946
Le 8 mai l'armistice est signé. La fin de cette guerre se solde par la victoire, qui laisse un arrière-goût amer aux pilotes de l'« Ardennes ». Il est difficile de freiner un sanglier en plein élan. Mais les membres du GC III/3 ne se laissent pas envahir par la mélancolie. Chacun se décontracte à tour de rôle en permission et la station de Badenweiler toute proche en Forêt-Noire a les faveurs du groupe. L'entraînement reprend sérieusement avec au menu : patrouille serrée, navigation, manœuvres, virages relatifs, combat, vol rasant et voltige. Évidemment, de nombreux défilés aériens ponctuent les mois de mai et juin. Celui du 18 juin à Paris laissa notamment des souvenirs émus: « Le « sac » classique. Les Ju 88 des forces de l'atlantique viennent se placer à l'altitude des deux escadres de P-47 et se faufilent entre les deux. Remous. Dégagement. « Attention à la Tour Eiffel! » Après quelques rumeurs de départ pour l'Indochine, le groupe part finalement occuper l'Allemagne le 1er septembre 1945 : destination Niedermendig à l'ouest de Coblence, qui sera son dernier terrain d'attache. Le groupe cantonne initialement dans le village d'Obermendig, avant de déménager le 14 octobre pour le village voisin de Kottenheim. La présence du groupe français terrorise alors la population des villages alentours !
À cause de la météo, les vols sont très rares (aucun en février) et consistent principalement en des missions d'entraînement, d'intimidation et de liaison. Compris parmi les unités dissoutes dans le cadre de la première réorganisation de l'armée de l'air consécutive à la fin de la guerre, le groupe cesse d'exister officiellement le 1er mars 1946. Toutefois le dernier vol officiel du groupe se déroule le 31 mars : défilé « en long, en large et en travers» sur Spire au sud de Mannheim. D'autres suivront début avril et le dernier vol effectif aura lieu le 7 avril 1946 lors du défilé de seize P-47 sur Mengen au sud-ouest de Fribourg, commémorant ainsi la dissolution de la 11e Brigade de Bombardement. C'est la fin d'une aventure extraordinaire. Un trait est tiré au bas d'une page glorieuse des ailes françaises, que beaucoup auront du mal à tourner. Ces quelques mots qui clôturent le journal de marche de "la Rouge" ne peuvent que mieux en témoigner : « Le groupe disparaît, sur le papier tout au moins, car pour beaucoup, il demeure. Il est entré dans la vie de ceux qui y ont vécu des heures qui comptent parmi les meilleures de leur existence. Beaucoup y ont connu la réalisation de leurs désirs les plus chers. Certains l'ont vu naître, se fortifier et passer à l'action. Nous y avons vécu le temps de guerre, la campagne, la victoire, des épisodes plus calmes aussi. Mais rien n'est perdu : chacun conserve en lui cette force dont l'alliage avec celle de tous constitua le groupe qui, né de la guerre, disparaît peu après sa fin, gardant ainsi un caractère qui était bien le sien. »
Pendant la période du "Coastal Command" les missions de guerre se sont traduites par 313 heures de vol en 252 sorties, ce qui représente une faible partie de l'activité totale. En revanche, durant les sept mois de "Tactical Command", 4767 heures de guerre en 2328 sorties de chasse armée font montre d'un rythme soutenu, alors que le mauvais temps de la période hivernale a souvent cloué les avions au sol. Au cours du début d'année 1945, l'activité s'intensifie de manière spectaculaire passant de 392 sorties en février, à 652 en mars et 799 en avril ! En mars chaque escadrille se relaie pour assurer régulièrement des sorties allant jusqu'à seize avions, regroupant alors tous ses pilotes. Au mois d'avril, des pics de cinquante sorties par jour sont même enregistrés, alors que chaque escadrille cette fois fait décoller jusqu'à quatre dispositifs de huit à seize avions chaque jour. Cette intensification va de pair avec la volonté alliée d'exercer une pression croissante sur le Reich et une météo de plus en plus clémente. « Le mois d'avril a été noter plus beau mois de guerre... » En dehors des engagements du 21 mars et du 13 avril 1944, les pilotes du GC III/3 "Ardennes" n'ont jamais eu l'occasion de voir un avion ennemi de près. Par contre de très nombreux objectifs au sol ont été détruits ou endommagés par les bombardements et les mitraillages intensifs, dans une zone d'action couvrant le nord-est de la France et le sud-ouest de l'Allemagne.
Il ne se passe pour ainsi dire aucune mission sans qu'un ou plusieurs avions ne rentrent plus ou moins gravement atteints par les projectiles de la Flak. Pourtant, le P47 encaisse bien : les pertes au combat ont été de deux tués, d'un blessé et de deux prisonniers après atterrissage forcé. Ces chiffres sont à rapprocher des huit pilotes morts en service aérien commandé au cours de missions diverses (entraînement, convoyage, reconnaissance météo...) depuis la création du groupe.
Résultats | Détruits | Incendiés | Probables | Endommagés |
Avions | - | - | - | - |
Locomotives | 26 | - | 2 | 23 |
Wagons | 272 | 36 | - | 612 |
Gares | 1 | - | - | 21 |
Ponts | 13 | - | - | 7 |
Coupures V.F. | 206 | |||
Coupures routes | 55 | |||
Véhicules | 87 | 25 | - | 52 |
Chars | - | - | - | 4 |
Automitrailleuses | 1 | - | - | 23 |
Péniches | 4 | - | - | 12 |
Dépôts | 13 | - | - | 7 |
Usines | 7 | - | - | 3 |
Villages | 7 détruits et incendiés | |||
Bâtiments | 517 | 108 | 50 | 343 |
Décision n° 241 |
Le Général De Gaulle cite à l’ordre de l’armée aérienne le Groupe de Chasse 3/3 “Ardennes”. |
Brillant Groupe de Chasse qui, sous l’impulsion d’un jeune chef énergique, le Commandant Vinçotte, remarquablement secondé par ses deux commandants d’escadrille, le Capitaine Brian et le Lieutenant Moret, a obtenu d’excellents résultats depuis son engagement en février 1944. Après avoir participé en Afrique du Nord aux opérations de surveillance des côtes, a été engagé le 31 octobre 1944 sur le front de France. Y a effectué en appui de la 1ère Armée française et au cours de reconnaissances offensives, 2000 sorties en plus de 4000 heures de vol. A causé au cours de ses missions, en dépit d’une DCA redoutable, des pertes considérables à l’ennemi, coupant ses voies ferrées, détruisant ou endommageant ses moyens de transport, ses installations et ses cantonnements. Par l’énergique action de ses pilotes et le travail incessant de son personnel au sol, a porté une aide efficace à l’effort terrestre allié et a contribué à la libération de l’Alsace et à la déroute de l’ennemi sur son propre territoire. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec Palme. |
Paris, le 17 juillet 1945. |
Signé : Général de Gaulle |
Friedrichschafen, Allemagne, janvier - octobre 1950
Le 1er janvier 1950, dans le cadre d'une première ébauche de réorganisation de l'aviation qui prévoit la création d'un 4e groupe dans chaque escadre de chasse, l'Escadron de Chasse IV/4 "Ardennes" est mis sur pied. Il stationne à Friedrichshafen, en Allemagne, où il rejoint le I/4 "Dauphiné", le II/4 "Lafayette" et le III/4 "Flandres" également nouvellement créé. Il reprend l'insigne et les traditions du GC "Ardennes" créé en 1943 et est équipé de Vampire marqués 4A (pour Ardennes) - A à Z. Mais son existence est éphémère et le 1er octobre 1950, il est à nouveau dissous.
Reims, France, janvier 1953 - novembre 1957
Dans le cadre de la politique de renforcement du 1er Commandement Aérien TACtique, l'Escadron III/3 "Ardennes" est reconstitué à Reims, le 1er [janvier 1953. Aux côtés des EC I/3 "Navarre" et II/3 "Champagne", il forme le troisième escadron de la 3e Escadre, elle-même subordonnée à la 3e Brigade Aérienne. A compter de ce jour, il reprend les traditions du GC "Ardennes" de la seconde guerre mondiale. Equipé de 25 F-84G, sa mission consiste à former et entraîner ses 36 pilotes aux missions de chasse-bombardement. Il effectue une campagne de tir annuelle à Cazaux et participe à divers exercices : Home Stick, Régulus, Beware, Fox Paw, Razziz, Thursday, Scrimmage, Argus... En 1955, les Ltt Lecong et Dellac, tous deux commandants d'escadrille sont équipiers de la patrouille acrobatique du Cdt Delachenal, le commandant d'escadre.
A partir de septembre 1955, la 3e Escadre touche ses premiers F-84F "Thunderstreak". Le III:3, dernier escadron à passer sur cet appareil, commence sa transformation au début de l'année 1956 et perçoit son dernier exemplaire le 15 juin 1956. La campagne de tir d'été a alors été annelée : priorité à la transformation. Du 6 juin au 2 juillet 1956, la majorité des pilotes et de spécialistes suivent le stage d'instruction F-84F auprès du DMI et début juillet, l'escadron au complet est transformé. Il était temps. D'août à septembre 1956, le III/3 enchaîne sur sa campagne d'entraînement au tir de roquettes US de 10 pouces alors que la France et la Grande-Bretagne concluent des accords secrets pour couper court aux visées nationalistes sur le canal de Suez du Colonel Nasser, nouveau chef de l'état égyptien. Devant la montée de la tension en Méditerranée orientale, l'état major décide détacher un escadron à trois escadrilles de F84F sur la base RAF d'Akrotiri, au sud-est de Chypre. Le choix se porte alors sur le III/3 renforcé par une escadrille de pilotes du II/3. Le 21 août 1956, l'ensemble des mécaniciens du III/3, les pilotes de complément et le détachement de la base (CLA, moyens techniques et généraux, etc...) soit environ 150 hommes et de nombreux véhicules de soutien logistique, quittent donc Marseille par voie maritime et rejoignent Famagouste le 13 septembre. Ils s'installent à Akrotiri où ils montent un campement de tentes, tandis que les avions volent toujours à Reims grâce au concours des mécaniciens des deux autres escadrons.
Akrotiri, Chypre, septembre 1956 - mars 1957
Le convoyage des quatre premiers F84F vers Chypre fut réalisé par le III/3. La patrouille devait faire le voyage le plus discrètement possible puisque le gouvernement américain avait fait connaître sa désapprobation et que son représentant dirigeait NATO sud. Les pilotes ne devaient donc pas contacter les organismes de circulation aérienne ni se dérouter sur un terrain NATO. Après un décollage avec fusées Jato de Reims, le dispositif leadé par le Cne Payen, commandant l’escadron, fait route à 55 000’, au-dessus de la circulation aérienne militaire de l’époque, vers Brindisi, sa seule étape prévue, lorsque le n° 3, le Colonel Gauthier commandant la base de Reims, est victime d’une grave panne du circuit carburant. Il faut se poser d’urgence et par chance, dans un trou au milieu des nuages apparaît un terrain. Les quatre F84F s’y jettent et quelle n’est pas leur surprise de découvrir une piste traversée par une ligne à haute tension. Le passage vent arrière train sorti et ailes battantes provoque alors la fuite éperdue des camions et des individus présents sur la piste. Une fois posé, le Cne Payen aura toutes les peines du monde à faire admettre à l’ambassade que le dispositif est sur la piste “fermée en cours de réalisation de Falconara” ! Rejoints par le Nord 2501 d’accompagnement et après quelques jours de réparations, les F84F repartiront et arriveront à bon port. Il faut de la chance dans ce métier…
Le III/3, premier escadron entièrement déployé à Akrotiri, se voit renforcé par le I/3 le 22 octobre. Le détachement, dirigé par le commandant d'escadre, comprend alors 52 pilotes opérationnels et 36 avions. Il fait partie du Groupement Mixte n°1 comprenant 40 Nord 2501, 2600 hommes, 700 véhicules et un matériel technique considérable. La salle d'opérations prend rapidement forme et les patrouilles de guerre à quatre avions sont constituées tandis que la mécanique participe activement au montage des roquettes. Le premier mois, dans un souci d'économie du potentiel, l'entraînement se limite à des vols d'essai consacré à l'établissement des procédures radio. Cela laisse le temps aux pilotes de s'atteler aux nombreuses préparations d'attaque des terrains égyptiens présents dans la région du canal de Suez (Port Saïd, Abu Sueir, El Kantara, Ismaïlia, etc...). Louxor fut même sérieusement envisagé mais finalement abandonné par manque d'autonomie. La pêche sous-marine et les parties de carte alternent avec le vol et à défaut d'information sur la situation tactique, les pilotes se contentent de briefings sur la politique étrangère au Moyen-Orient.
Les premières attaques ont lieu le 31 octobre 1956 et se poursuivront jusqu'au cessez le feu du 7 novembre.
Les opérations terminées, l'EC II/3 "Champagne" puis l'EC I/3 "Navarre" regagnent la base de Reims à partir du 11 décembre. L'EC III/3 "Ardennes" demeure alors seul à Chypre jusqu'au mois de mars 1957. Il reprend la vie d'un escadron classique tout en assurant l'alerte. A peine de retour, il est dissous le 1er novembre 1957, les escadres de chasse étant réduites à deux escadrons.
Nancy-Ochey, France, juin 1974 - mars 1977
Suite à la décision du 10 août 1973 du Gal Grigaut, chef d'état-major de l'armée de l'air, l'Escadron 3/3 "Ardennes" renaît le 1er juin 1974, en filiation directe du GC "Ardennes" créé en 1943. Subordonné à la FATAC 1re RA et stationné sur la base de Nancy-Ochey, il récupère les anciens locaux du 3/7 dans l'alvéole sud-ouest. Le 3/3 reçoit alors en dotation seize appareils, représentant une partie des Mirages 5J (Jewish) commandés par Israël et mis sous embargo lors de la Guerre des Six Jours en 1967. Rebaptisés Mirage 5F pour la circonstance, ces avions sont progressivement perçus entre le 5 juin et le 9 décembre 1974. Alors que l'escadron n'est pas encore au complet, c'est le 6 septembre que le Cdt Balivet est reçu dans son commandement et se voit remettre les fanions des deux escadrilles. Cet évènement historique fut marqué par la présence de nombreuses personnalités ainsi que celle des "anciens" du groupe, notamment le Colonel Max Vinçotte, son tout premier chef en 1943. Les "Sangliers" sont de retour après 17 ans de sommeil, prêts à poursuivre la tâche entamée par leurs prédécesseurs. En 1975, l'escadron récolte les fruits du travail accompli: il fête déjà ses 1000 heures de vol sur M5F le 23 janvier, prend sa première PO (Permanence Opérationnelle) le 10 février et démontre qu'il est opérationnel lors de l'Evaltac du mois de mai. Durant cette courte période sur M5F, les "Sangliers" effectuent une campagne de tir annuelle à Solenzara et ont l'occasion de représenter la France à diverses reprises. Six pilotes séjournent au Zaïre du 28 décembre 1975 au 8 février 1976 pour l'opération "Salongo", tandis que trois officiers zaïrois sont accueillis à Ochey. Puis début avril, le 3/3 se rend à Liège-Bierset dans le cadre d'un échange escadron. Enfin, trois M5F partent en mission à Tunis, où ils participeront au défilé aérien en l'honneur de l'anniversaire du président Bourguiba.
Nancy-Ochey, France, mars 1977 - mai 1987
A partir de novembre 1976, le 3/3 débute son passage sur Jaguar : le Captaine Dehaeze, commandant d'escadrille, inaugure la transformation machine à Toul, suivi par quatre autres pilotes entre janvier et mars. Puis le personnel de l'escadron se disperse d'avril à mai : les mécaniciens sont divisés en trois groupes pour suivre les cours de spécialisation et le stage pratique à Toul, tandis que les pilotes sont répartis entre la 7 à Saint-Dizier et la 11 à Toul. Le 3/3 se reconstitue enfin le 1er juin, dans un campement provisoire, sur le parking de la section d'accueil de Toul. Il fonctionne alors en autonomie et participe même à la Journée Portes Ouvertes de Nancy le 8 mai. Le 23 juin, huit Jaguar leadés par le Cdt Courtet défilent sur la base d'Ochey pour le retour en grande pompe du 3/3. Stationnant provisoirement au 1/3, l'escadron réintègre finalement ses locaux rénovés et ses nouveaux abris bétonnés le 27 juin 1977. Les M5F sont progressivement abandonnés au 2/13 de Colmar du 14 janvier au 13 mai 1977 (M5F n°25). En parallèle, l'escadron reçoit son premier Jaguar n°A29 le 25 février et dispose de ses onze monoplaces et quatre biplaces le 26 octobre. Ce nouvel avion à l'allure rustique, semblant avoir été taillé dans la masse va donner un nouvel élan opérationnel au 3/3. Si son aérodynamique et sa motorisation ne lui confèrent pas des performances extraordinaires, sa robustesse, sa large panoplie d'armements et sa capacité à ravitailler en vol feront de ce bimoteur un chasseur bombardier idéal pour les opérations extérieures.
Le 3/3 se singularise donc sur la BA 133, puisqu'il est le seul escadron sur Jaguar, le 1/3 et le 2/3 étant alors sur Mirage IIIE. Pour rester en cohérence avec la mission de l'escadre, la mission principale de l'escadron, l'aide à la pénétration offensive, se double de la lutte antiradar AS 37 Martel. A peine leur nouvel monture domptée, les pilotes se lancent donc dans la spécialisation AS 37. Les mission secondaires ne sont pas pour autant délaissées. L'assaut conventionnel et la couverture basse et moyenne altitude de jour font l'objet d'entraînements réguliers, ce qui donne une certaine polyvalence aux "cochers". En effet, les campagnes de tir air-air alternent avec les campagnes air-sol et les nombreux exercices tactiques. L'escadron bouge déjà pas mal : en juin 1978, 26 sorties tactiques sont effectuées à partir du terrain anglais d'Honnington (Buccaneer). Cet échange valide la capacité de l'escadron à opérer à partir d'une base étrangère et se renouvelle pendant deux ans. Il en est de même pour les missions d'attaque de bateaux, l'escadron se déployant alors à Landivisiau.
La mission antiradar consiste à détecter l'émission des ondes d'un radar en fonctionnement et à tirer un missile qui se guide de façon autonome sur cette source. C'est le missile franco-britannique AS 37 MARTEL (Missile AntiRadar et TELévision) qui sera le fer de lance français de la lutte antiradar, mission spécifique de la 3e Escadre. En 1974, l'EC 1/3 "Navarre" est le premier escadron de Nancy-Ochey opérationnel sur l'AS 37. Il est rapidement suivi par l'EC 2/3 "Champagne". Quelques années plus tard, alors que l'EC 3/3 "Ardennes" échange ses Mirage 5F contre des Jaguar, il semble opportun d'intégrer l'AS 37 sur Jaguar afin de conformer le 3/3 à la mission de son escadre. Le Cne Escoffier de la 7e Escadre de Chasse de Saint-Dizier vient donc faire cette adaptation pendant plusieurs semaines à Nancy-Ochey sur le Jaguar A29. Elle se conclue le 4 octobre 1978, par le premier tir AS 37 sur Jaguar, qui fait but (tir du Cdt Escoffier devenu enter temps le commandant du 3/3). A partir de ce moment, l'escadron devient le spécialiste sur Jaguar de cette mission dangereuse qui conduit à flirter avec les radars des systèmes de défense antiaériens ennemis.
La configuration de guerre adoptée lors de nombreux déploiements en Afrique consiste en deux canons de 30 mm avec deux fois 150 obus, deux bidons de 1200 l et un AS 37 Martel. Tous les monoplaces (soit du A1 au A160) ont la capacité Martel, alors que tous les Jaguars ne sont pas capables de délivrer l'ensemble des types d'armement (nucléaire à partir du A15, emport de moyens de guerre électronique à partir du A80). Avec le départ du Jaguar en mai 1987, le 3/3 abandonne la mission Martel au profit de l'EC 2/11 "Vosges", alors escadron de guerre électronique offensive. Il renouera par la suite avec la capacité AS 37 sur Mirage IIIE entre 1991 et février 1994.
Le ravitaillement en vol constitue la dernière étape vers une ère nouvelle pour les sangliers. Le 25 janvier 1979, les six premiers pilotes reviennent d'Istres où ils ont acquis les rudiments de cette discipline, clé des portes de l'Afrique. Dès lors, les campagnes de ravitaillement en vol se succèdent. Seule unité de la 3e Escadre équipée d'avions capables de ravitailler en vol, le 3/3 effectue de nombreuses missions de guerre n°2 au-dessus de territoires hostiles en opérations extérieures, rendant particulièrement envieux les deux autres escadrons de Nancy. Le 3/3 participe en effet à toutes les opérations extérieures menées dans le cadre de la FAR, FAE, ou CAFI : Lamantin (Mauritanie avec stationnement à Dakar au Sénégal), Tacaud, Murène, Barracuda, Musaraigne et Epervier (Tchad et République Centrafracaine avec stationnement à N'Djamena au Tchad, à Libreville au Gabon ou à Bangui en Centrafrique). En outre l'escadron poursuit un entraînement opérationnel de qualité en France : il remporte la coupe Comète en 1980, effectue deux décollages sur route lors de l'exercice Datex en 1982, participe à TLP en 1981, à Red Flag en 1981, 1982, 1984 et 1987, au Tactical Fighter Meet en 1986, déploie ses quinze Jaguar sur son terrain de desserrement, Châlon-Vatry, en 1980, 1981, 1982 et 1983 et enfin il est jumelé avec le 5e RHC (Régiment d'Hélicoptères de Combat) de Pau-Uzein en 1986. Bref, pendant les années Jaguar, au 3/3 on ne s'ennuie pas... L'escadron fermera même durant l'été 1981, assurant simultanément un détachement au Tchad et un détachement au Gabon !
Les accords de Madrid en novembre 1945 partagent le Sahara Occidental entre le Maroc et la Mauritanie. Toutefois, le Polisario, front de libération du Sahara Occidental ne l'entend pas ainsi et mène des actions de guérilla dans la partie sud en vue d'obtenir l'indépendance. Essentiellement dirigées contre la voie ferrée, axe de transit du phosphate mauritanien, elles déstabilisent la région. La France intervient alors en déclenchant l'opération "Lamantin" fin 1977 : deux Breguet Atlantic de la Marine, une dizaine de Jaguar et deux avions ravitailleurs C135F sont déployés à Dakar au Sénégal afin de mettre un coup d'arrêt aux actions du Polisario. Après plusieurs raids dévastateurs des Jaguar en novembre et décembre 1977, la guérilla n'opère plus au grand jour avec de lourdes colonnes de véhicules armés, mais se contente de coups de main de faible ampleur, justifiant le maintien du dispositif. C'est dans ce contexte que le personnel du 3/3 vient en renfort des autres unités sur Jaguar pour les relayer sur le théâtre. Le détachement comporte généralement six pilotes et une petite trentaine de mécaniciens. La chaleur au sol est fatigante pour tous et les vols longs sont rendus délicats par les orages, les vents de sable et les oiseaux. Les missions sont alors de deux types : guidage par l'Atlantic et entraînement canon sur le champ de tir de Bennichab avec ravitaillement en vol ou reconnaissance à vue dans le sud de la Mauritanie. Ponctuellement le Polisario rompant le cessez-le-feu, comme le 12 juillet 1979avec l'attaque de Tichla, des vols dissuasifs sont déclenchés : une patrouille de quatre Jaguar effectue une reconnaissance photo à très basse altitude le long de la voie ferrée Zouerate-Nouadhibou assistée par un ravitailleur et un Atlantic ainsi que par un hélicoptère Puma en cas d'éjection.
Courant 1979, la France engage sa politique africaine sur la voie de l’intervention en Afrique centrale, notamment au Tchad et en Centrafrique. La décision est rapidement prise d’envoyer des troupes au sol appuyées par des chasseurs Jaguar. Deux opérations imbriquées sont déclenchées en parallèle : l’opération Tacaud au Tchad et Barracuda en Centrafrique. Le 3/3 se voit naturellement sollicité pour participer aux relèves de ces deux opérations en collaboration avec les 7e et 11e escadres.
A chaque détachement, le 3/3 déploie quatre pilotes et 20 à 26 mécaniciens. Sur place ils trouvent quatre Jaguar des 7ème et 11ème escadres, que ce soit à N’Djamena ou à Libreville, les deux terrains de déploiement utilisés dans le cadre de l’opération. Au Tchad, lorsque le 3/3 arrive en 1979, la formation du gouvernement est réalisée et le climat est plutôt à la détente. Néanmoins, il assure une alerte à 1h de jour. Les missions sont principalement des reconnaissances à vue le long des pistes ou des guidages par un Atlantic avec entraînement au ravitaillement en vol. Il arrive parfois que la désignation d’objectif soit faite par un hélicoptère L19 de l’ALAT en liaison avec l’Atlantic et un Officier de Guidage Terminal (OGT) au sol. Ces missions se concluent ponctuellement par un tir canon réel sur le champ de tir de Massaguet. La météo est bonne, seuls la chaleur et les vents de sable rendent le travail pénible. Aussi, la piscine du camp du Dubut et les séances de cinéma au PC Tacaud sont appréciées. L’ambiance « détachement » est excellente, elle soude les hommes autour des soirées brochettes et des méchouis régulièrement organisés. Même la St Eloi n’est pas oubliée ! Enfin, les voyages à Dougia, les missions sur Douala et Abidjan en Côte d’Ivoire et les vols en Puma ou en Atlantic pour les mécaniciens permettent à chacun de se détendre. Au Gabon, le 3/3 assure une alerte à 3h de jour. Sa mission consiste à établir une couverture aérienne sur N’Djamena pour le retrait des troupes françaises les 15 et 16 mai 1980. Par la suite, les vols alternent entre entraînement au tir sur le champ de tir d’Ekwata ou guidage par Atlantic avec ravitaillement au Gabon, sorties photos au Zaïre et missions opérationnelles sur le Tchad. Une mission photo est déclenchée le 6 août 1981 afin de survoler la zone de crash de deux Mirage 5 de l’armée de l’air gabonaise. A Libreville, les plafonds bas sont fréquents le matin dans cette région beaucoup plus humide que le Tchad. Le premier détachement dans le cadre de Tacaud est en astreinte à Libreville même. Par la suite, les détachements s’inscrivent dans le cadre de Murène : le logement à l’Intercontinental Okoume Palace et les locaux en dur établi sur le camp assurent un confort satisfaisant. Les détachements se multipliant, les sorties s’organisent : repas brochettes aux gambas, visite de Lambarène, sorties en brousse avec le 6e BIMA, etc...
Courant 1986, au Tchad, des combats violents opposent l’armée nationale tchadienne d’Hissène Habré soutenue par la France aux forces de Goukouni Oueddeye soutenues par la Libye. Suite au lancement de la construction par le colonel Khadafi d’une base aérienne fortement protégée à Ouadi Doum, au nord du Tchad, la France décide de surveiller les travaux de près et se prépare à agir. L’opération Epervier commence. Après plusieurs missions de reconnaissance et une première attaque de la piste par onze Jaguar du 1/11 “Roussillon” (le 16 février 1986 au petit matin), le 3/3 déploie à Bangui une cellule Martel de quatre Jaguar le 22 février. Le 3/3 tient alors l’alerte permanente Martel à Bangui jusqu’au 13 août 1986, où il est de retour en métropole. Il assure toutefois toujours une astreinte FAR et le samedi 14 novembre 1986, une nouvelle cellule Martel part sur alerte pour Bangui. Pour la première fois, des avions de l’“Ardennes” sont du voyage (le A16 et le A 23). La mission, préparée dans le plus grand secret fin décembre, prévoit l’attaque des trois systèmes sol-air SA 6 “Straight Flush” et du radar de surveillance associé “Flat Face” sur le terrain de Ouadi Doum. Devant théoriquement s’effectuer aux environs de Noël, elle est transmise à la relève du 30 décembre, composée du Cdt Lebourg, second du 3/3, du Cne Saussier, du Ltt Wurtz, du Ltt Guy et de l’Asp Pages. Le 1er janvier, l’alerte passe à 1 h de jour et 2 h de nuit. Ordre puis contrordre de monter les missiles se succèdent le 4 janvier. « Le Détam se déroulait tranquillement lorsque le 5 janvier il fallut monter les BDG. » Le 5 à 18 h 00, Lebourg Saussier et Raffin préparent la mission à N’djamena. De retour vers 20 h 30, ils finissent la préparation à minuit.
« Après une préparation particulièrement minutieuse et une nuit plutôt courte », le 6 janvier 1987 à 6 h 30 du matin, la mission F1177 composée de trois Jaguar décolle de Bangui dans le brouillard, sans le Ltt Wurtz qui rentre au parking suite à une panne du missile. « Après trois ravitaillements en vol et une ballade à 15 Nm de la base libyenne, les radars dormaient ce jour-là… », la patrouille se pose vers 10 h 00 locales à N’djamena. Dans l’après-midi, le Ltt Wurtz rejoint le dispositif alors que la mission est reconduite pour le lendemain. Le 7 janvier vers 11 h 30, alors qu’une patrouille de Mirage F1CR taquine les radars libyens, un Atlantic de la Marine perçoit la mise en fonctionnement du site de Ouadi Doum. La patrouille des quatre Jaguar du 3/3 en alerte, composée du Cdt Lebourg, du Cne Saussier, du Ltt Wurtz et du Ltt Guy décolle immédiatement. Les libyens n’ayant allumé que le radar de surveillance “Flat Face”, seul le Ltt Wurtz équipé du Martel couvrant la bonne bande de fréquence tire, les trois autres étant équipés de Martel destinés aux systèmes sol-air SA6 “Straight Flush”. « Guitou s’en mêle et s’homologue un Flat Face. » Les missions F1182 et 1183 rentrent à N’Djamena après 2 h 30 et deux ravitaillements. Ce succès est un bel aboutissement à la présence permanente des personnels de l’unité en Afrique depuis février 1986. Dans la foulée, tout le détachement Martel quitte Bangui pour s’installer définitivement à N’Djamena. Après une relève, le détachement se pérennisera jusqu’au 13 avril 1987 sans aucune autre mission avec tir réel. Pendant près de 18 mois, le 3/3 a assuré l’alerte Martel avec seulement 12 à 14 pilotes opérationnels, soit trois à quatre détachements de deux mois par pilote. Enfin, les contraintes budgétaires et la réorganisation de l’armée de l’air autour des familles Mirage 2000, Mirage III et Jaguar contraignent l’unité à se séparer avec beaucoup de regrets de ses Jaguar au profit des 7e et 11e escadres. Le 29 mai 1987, l’Adj Martin pose le dernier avion à Toul, tournant définitivement la glorieuse page Jaguar du 3/3. L’ère du Jaguar aura duré d’avril 1977 à mai 1987, période qui a vu l’unité effectuer 35 372 h 45 sur cet appareil.
Nancy-Ochey, France, mai 1987 - juin 1994
Le 3/3 passe alors sur Mirage IIIE, homogénéisant ainsi la flotte de Nancy, le 1/3 et le 2/3 volant sur la machine depuis 1965. Inauguré par l’aspirant Fricker, la transformation Mirage IIIE débute dès le mois d’avril 1987 à Colmar. En juin, elle s’intensifie : les pilotes effectuent alors leur lâcher à l’EC 1/13 Artois tandis que les mécaniciens suivent les cours de l’ETIS. Le 1er juillet 1987, le Mirage IIIE n°554 « 3-XA » est le premier avion à rejoindre le 3/3 à Nancy où l’entraînement se poursuit provisoirement au sein des EC 1/3 et 2/3. L’escadron récupère alors progressivement les avions laissés vacants depuis peu par l’EC 1/4 qui passe sur Mirage 2000N. Et c’est finalement le 7 septembre qu’a lieu la réouverture officielle de l’escadron dans ses locaux, par le général Pessidous, commandant la FATAC 1re RA. L’escadron dispose alors de six pilotes transformés et comptabilise déjà 214 sorties à la fin du mois. La zone du 3/3 fait alors l’objet de profondes modifications: des sites de guet et un atelier sont construits en 1988 et les deux premières astroarches (la 6 et la 9) surgissent en 1989, alors qu’est inauguré comme il se doit le nouveau bar mécano !
Au 1er janvier 1988, l’escadron compte 15 avions, 19 pilotes, 2 officiers renseignements, 2 officiers mécanos, environ 90 sous-officiers et 15 appelés. Tous œuvrent pour la nouvelle mission principale du 3/3 : l’assaut conventionnel avec CME (Contre-mesures électroniques) qui est alors réalisée en configuration 1 AS30, 2 bidons de 1 700 l, brouilleur Barax et lance-paillettes Phimat. L’AS 30 est un missile supersonique téléguidé par le pilote après le tir, soit en maintenant un réticule de visée sur l’objectif, soit en pilotant en manuel le missile à l’aide d’une poignée en cabine qui nécessiterait bien la greffe d’une troisième main ! Et le 3/3 attaque fort, puisque dès la première année sur Mirage III E, les sangliers remportent la coupe tactique 1988 (Cdt Dudret et Adc Chenet). A partir de 1991, la mission principale devient l’assaut antiradar AS 37 Martel avec CME, tandis que l’assaut conventionnel AS 30, roquettes, bombes lisses, BAT 120 et caméra OMERA 60 passe en mission secondaire n°1 et la défense aérienne en tant que couverture du corps de bataille terrestre constitue la mission secondaire n°2. En outre, le 3/3 assure la Permanence Opérationnelle : la première PO est tenue le 6 décembre 1990.
Si “les années Mirage III” (1987-1994) ne voient plus aucun détachement opérationnel, elles sont en revanche riches en échanges à l’étranger. Pratiquement chaque année le 3/3 se rend à Lechfeld près de Munich ou reçoit les Tornado allemands antiradar des Staffel 321 ou 322 du JBG-32. En 1992 et 1993, quatre avions partent en échange à Sidi Slimane pour effectuer des vols mixtes avec leurs homologues marocains.
Et en 1990, le 3/3 entraîne la patrouille de démonstration “B” sur Mirage IIIE. Les « Commis Romeo », composés du Cne Connan et du Ltt Armada évoluent à quelques mètres l’un de l’autre au cours de nombreux meetings : Grenoble, Epinal, Colmar, Cognac. Reprise par le 1/3 et le 2/3, elle revient au 3/3 en 1993 avec les « Couteaux Charlie », les Cne Monsterleet et Dupuy qui effectuent leur première exhibition au meeting d’Istres le 16 mai avant de se rendre à Phalsbourg, Finningley, Lièges etc. L’ultime présentation “B” se déroule lors du cinquantenaire de l’escadron, sous l’indicatif « COMMIS TANGO », le 9 octobre 1993, en présence de nombreux invités. Ceux-ci peuvent également admirer à cette occasion le Mirage IIIE n° 491 peint spécialement, un défilé de Mirage III et de Tornados de Lechfeld ainsi qu’une stèle commémorative.
L’année 1994 est marquée par l’adieu au Mirage IIIE. L’escadron abandonne officiellement la mission antiradar Martel, fin février. Puis, il effectue le dernier vol opérationnel sur Mirage IIIE dans l’armée de l’air le 11 mai, au cours d’une cérémonie qui voit défiler les cinq derniers Mirage IIIE du 3/3 (Cdt Laurent, Lcl Rouzaud, Cdt Roth, Cne Jakymiw et Asp Monhée). Enfin, le 3 juin 1994 une cérémonie à Colmar marque le retrait officiel des Mirage IIIE et Mirage 5F de l’armée de l’air. Le 3/3 y défile fièrement au sol et en vol : depuis le 13 mars 1993, l’EC 3/3 “Ardennes” était le dernier escadron de l’armée de l’air à mettre en œuvre le Mirage III E. L’avènement du Mirage 2000 se précise… Lors de la cérémonie officielle d’arrivée du Mirage 2000D sur Nancy le 29 mars 1994, le Cdt Roth défile avec un Mirage IIIE et quatre Mirage 2000D du 1/3. Finalement, c’est le 7 juin que l’escadron de convoyage vient chercher les derniers Mirage IIIE, les appareils n° 491 XL, 527 XJ et 564 XN. Ce chasseur polyvalent disparaît alors définitivement de l’inventaire de la FATAC après 30 ans de carrière. Commémorant l’événement, le Mirage III E n°564 (Cdt Laurent, commandant du 3/3) vole en patrouille avec le Mirage 2000D n°617, premier Mirage 2000D de l’escadron (Cdt Roth, second du 3/3 et Ltt Foubert qui appartient alors encore au 1/3).
Nancy-Ochey, France, juin 1994 - nos jours
Comme pour le Mirage III E, le 3/3 est le dernier escadron de Nancy à passer sur Mirage 2000D. L'escadron touche son premier exemplaire, le n°617 fraîchement sorti des usines Dassault, le 30 mai 1994. Le passage sur cette nouvelle monture bourrée d'électronique ne se fait pas sans changement: d'emblée, c'est une véritable révolution qui s'opère dans un contexte de crise sur les Balkans. Tout d'abord, le 3/3 change de dimension technologique avec l'adaptation à cet avion ultra moderne qui occupe l'ensemble du personnel d'avril à décembre 1994: tout est nouveau, de l'armement guidé laser, au système de navigation et d'attaque couplé au GPS, en passant par les commandes de vol électriques. Qui plus est, le système évolue encore du standard R1N1 et R1N1L au standard R1 définitivement atteint en février 1995.
Le 3/3 change également de dimension physique: ses locaux et son personnel doivent être redimensionnés à la taille d'un escadron biplace. En effet, en 1995 le 3/3 c'est désormais 15 appareils, environ une quarantaine de pilotes et navigateurs et 120 mécaniciens. Jusqu'au 23 juillet 1999, date de réception du n°665, son vingtième et dernier appareil, il ne cesse de grossir pour atteindre 25 équipages et 150 mécaniciens environ. D'importants travaux d'agrandissement du hangar mécanicien HM1 et du bâtiment du personnel navigant, la construction de deux hangars de 800m² et 400m² et de dix hangarettes pour avions l'obligent donc à s'exiler au HM13 de l'été 1994 à l'été 1995. Le Lcl Adrien inaugure les locaux agrandis le 19 juin 1995, en présence du commandant de la base, le Col Roche. Le déménagement occupe ensuite les 29 et 30 juin, avant le retour des avions le 21 août 1995. Enfin, le 3/3 change de dimension opérationnelle: il renoue avec les opérations extérieures grâce à sa capacité de ravitaillement en vol, son système d'auto protection électronique intégré, sa précision, son interopérabilité et surtout son concept de répartition des charges de travail à bord entre les deux membres d'équipage. Ainsi, de 1994 à 1996, le personnel du 3/3 est déployé à Cervia en Italie et est engagé sur la Bosnie Herzégovine dans le cadre des opérations "Deny Flight" puis "Deliberate Force". Par la suite, il est engagé sur le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine de 1998 à 2002, l'Afghanistan en 2002, la République démocratique du Congo (RDC) en 2003, et enfin à nouveau en Afghanistan en 2005, jusqu'à nos jours.
En 2003, l'escadron fête ses 60 ans. A cette occasion, tous les anciens sont conviés à une cérémonie suivie d'un repas mémorable dans les locaux du 3/3. Une livrée spéciale sera peinte sur le Mirage 20000D 630.
En 2006, un parrainage entre la ville de Sedan dans les Ardennes françaises et l'escadron marque officiellement les liens particuliers unissant l'escadron et sa région homonyme.