Un accident nucléaire, ou accident radiologique, est un événement qui risque d’entraîner une émission de matières radioactives ou un niveau de radioactivité susceptible de porter atteinte à la santé publique. Un accident nucléaire est qualifié d'incident nucléaire si l'on juge que sa gravité et ses conséquences sur les populations et l'environnement sont très faibles.
Les accidents nucléaires peuvent survenir dans un site de l'industrie électronucléaire (une usine d'enrichissement de l'uranium, une centrale nucléaire, une usine de retraitement nucléaire, un centre de stockage de déchets radioactifs) ou dans un autre établissement exerçant une activité nucléaire (site militaire, hôpital, laboratoire de recherche, etc.), ou encore dans un sous-marin, porte-avions ou brise-glace à propulsion nucléaire. Les accidents peuvent aussi se produire lors des transports de matières radioactives (notamment à usage médical, mais également combustible nucléaire, déchets radioactifs ou armes nucléaires) par le rail, la route, par avion ou par bateau.
Pour mesurer la gravité d'un événement, et notamment savoir s'il peut être qualifié d'accident ou d'incident nucléaire, une échelle internationale en 8 niveaux (graduée de 0 à 7) a été définie l'échelle INES. Cette échelle est utilisée depuis 1991 (depuis 1999 pour les transports en France), ce qui signifie que la plupart des accidents (niveau supérieur ou égal à 4) ont été classés après coup.
Les niveaux 3 et 2 de l'échelle INES sont qualifiés d'incidents. Le niveau 1 est qualifié d'anomalie et le niveau 0 d'écart.
A titre d'exemple, en France, en 2005, pour 58 réacteurs, plusieurs centaines d'événements de niveau 0 ont été déclarés, une centaine d'événements de niveau 1 et un de niveau 2 (Source : rapport annuel 2005 de l'ASN).
Concernant notamment les événements de niveau 0 et 1, on peut noter que le nombre d'événements déclarés n'est pas du tout représentatif d'un niveau de sûreté. Il s'agit en effet d'événements sans conséquence réelle ou potentielle grave, mais dont les exploitants et les autorités de sûreté ont décidé cependant d'informer le public.
En particulier, la comparaison entre pays sur ce genre de statistiques est sans valeur, car les politiques de déclaration des différents états diffèrent. Un grand nombre de déclarations signifie donc plutôt un souci de "transparence" qu'un mauvais niveau de sûreté.
-Fuite importante de liquide hautement radioactif à Sellafield, détectée le 20 avril 2005 dans l’usine THORP de Sellafield exploitée par BNGSL (British Nuclear Group Sellafield Limited) et conçue pour traiter 1200 t/an de combustibles irradiés de réacteurs de type AGR (Advanced Gas cooled Reactor) et à eau légère qui utilisent de l’oxyde d’uranium enrichi jusqu’à 5 % en isotope 235 (En fait, THORP n'aurait traité environ 5700 t depuis 1994, au profit de Cogema/La Hague). Cette unité effectue le cisaillage des combustibles en tronçons de quelques centimètres, leur dissolution (oxyde d’uranium et résidus, dont actinides) dans de l’acide nitrique en ébullition. Une clarification par centrifugation des solutions permet ensuite la récupération des corps insolubles, avant séparation de l’uranium et du plutonium des autres produits de fission par extraction liquide-liquide via un solvant sélectif. L’uranium et le plutonium dit " purifiés " sont ensuite stockés en attente de nouveaux usages (ex : combustible Mox).
L'évènement : Le 20 avril 2005, 83 m³ environ de solution de dissolution clarifiée ont été trouvés, lors d’une inspection par caméra, dans le bas de la cellule principale de clarification, constituée (comme à La Hague) d'une cuve de 60mx20m x 20m de hauteur, interdite au personnel entourée de murs étanches au rayonnement.
En France, dans l’établissement COGEMA de La Hague, les ateliers similaires de cisaillage-dissolution des usines UP3 et UP2-800 ont été inspectées par la DGSNR après " l’incident " de l’homologue britannique. Et suite à deux problèmes datant de 1997 (ancienne usine UP2-400) et de 2001 (Usine UP2-800) caractérisés par des pertes d’étanchéité d’équipements, la Cogema a dû analyser sa capacité à détecter de très faibles fuites dans les tuyauteries véhiculant de la matière fissile, sous le contrôle de l’IRSN, qui a conduit à renforcer les procédures d’inspection et contrôle par l’exploitant. Source : communiqué de l'IRSN suivant une note du 07/12/2005 actualisant une note d'information du 12/05/05
-2006 Suède, le 26 juillet, niveau 2 de l'échelle INES : défaillance d’un système de secours de la centrale de Forsmark ; par précaution, deux réacteurs de la centrale d'Oskarshamn sont fermés[3]. En 23 minutes, les équipes ont réussi à allumer deux des quatre générateurs de secours.[4] Lars-Olov Höglund, un des constructeurs du réacteur n°1 de Forsmark, indique qu’il s’agit d’un événement grave : " C’est un pur hasard si la fusion du cœur n’a pas eu lieu " [5]. L’organisme de contrôle nucléaire américain, la NRC, estime que 50 % des scénarios menant à la fusion du cœur ont une seule et même cause : la coupure de courant du réacteur [6].
Pour une liste plus complète, voir Liste des accidents nucléaires.
En cas d'incident ou d'accident nucléaire, l'exploitant met en œuvre son Plan d'urgence interne (PUI) et prend toutes les mesures nécessaires concernant la centrale en matière de sûreté et de radioprotection. Il informe dans le même temps les autorités concernées chargées de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, ainsi que notamment le préfet.
Les responsables opérationnels en situation de crise sont le préfet et l'exploitant de l'installation (Électricité de France, le CEA ou AREVA). Le préfet est responsable de la sécurité des personnes et des biens à l'extérieur de l'installation. Lorsqu'un incident ou un accident survient dans une installation, et si le niveau de gravité le justifie, il déclenche le Plan particulier d'intervention (PPI) propre à l'installation touchée. Ce plan, de la responsabilité des pouvoirs publics, prévoit l'organisation de l'ensemble des moyens de secours et d'intervention disponibles. Le préfet a charge en outre de veiller à l'information du public et des élus.
Les PPI sont consultables sur le site de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Les départements ministériels concernés travaillent en étroite collaboration avec le Préfet. Tout comme l'exploitant, ils lui fournissent informations et avis susceptibles de l'aider à apprécier l'état de l'installation, l'importance de l'incident ou de l'accident. Au ministère de l'Intérieur, le principal intervenant est la direction de la sécurité civile. Elle agit en coordination avec la direction générale de la police nationale pour mettre en place toutes les mesures de prévention et de secours indispensables à la sauvegarde des personnes et des biens.
La Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR), direction sous tutelle conjointe du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, du ministère chargé de l'environnement, du ministère de l'emploi et de la solidarité, est chargée d'étudier la sûreté et la radioprotection dans les installations nucléaires, avant délivrance par les ministères des autorisations de création, démarrage, modifications, arrêt définitif, démantèlement et d'en assurer l'inspection. L'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) est un institut chargé des études en matière de sûreté nucléaire et servant d'appui technique à la direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. L'IRSN est sous la tutelle conjointe du ministère de la défense, du ministère chargé de l'environnement, du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, du ministère de la recherche, du ministère de la santé.
Enfin, jusqu'en 2003, le Secrétariat général du comité interministériel de la sécurité nucléaire (SGCISN) coordonnait l'action des différents départements ministériels et informait en permanence le président de la République et le Premier ministre sur l'évolution de la situation. Depuis le décret du 8 septembre 2003, créant un comité interministériel aux crises nucléaires ou radiologiques (CICNR), le SGCISN n'existe plus ; les mesures à prendre sont désormais définies dans la [directive interministérielle du 7 avril 2005] sur l'action des pouvoirs publics en cas d'événement entraînant une situation d'urgence radiologique.
Le Premier ministre peut à tout moment, à son initiative ou sur demande d'un ministre, réunir le CICNR, qui sera chargé de lui proposer les dispositions à prendre. Le CICNR comprend les ministres chargés des affaires étrangères, de la défense, de l'environnement, de l'industrie, de l'intérieur, de la santé et des transports ou leurs représentants, ainsi que le secrétaire général de la défense nationale qui en assure le secrétariat.
Les incidents et accidents se produisant un France sont répertoriés sur le site de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
La Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR)(qui a aujourd'hui changé de nom pour s'appeler l'ASN Autorité de Sûreté Nucléaire) met en place une cellule de crise avec l'appui technique de l'IRSN (l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) et maintient un contact étroit avec l'exploitant. Son rôle est triple :
Les débuts et fin de l'alerte sont données par sirène et à la radio.
Rejoindre un bâtiment en dur, fermer les portes et fenêtres, arrêter les ventilations mécaniques. Si vous pensez avoir été touché par des produits toxiques ou radioactifs répandus lors de l'accident, douchez-vous, changez de vêtements et présentez-vous à un médecin dès la fin de l'alerte.
Écoutez la radio pour connaître les consignes à suivre. (France Info, France Inter, GO et FM)
Libérez les lignes pour les secours.
La protection de la glande thyroïde est réalisée par absorption d'iode stable afin de prévenir la fixation ultérieure d'iode radioactif.
Les pouvoirs publics ont pris en avril 1996 la décision de faire procéder à une distribution préventive individuelle de comprimés d'iode stable autour des installations nucléaires susceptibles de rejeter de l'iode radioactif en cas d'accident. La prescription préconisée est : un comprimé de 130 mg d'iodure de potassium (soit 100 mg d'iode stable) pour l'adulte et la femme enceinte, un demi-comprimé pour les enfants de 18 mois à 12 ans et seulement un quart de comprimé au-dessous de 18 mois.
C'est le préfet qui décide si la situation nécessite la prise de comprimé d'iode stable.
Cette mesure a pour but de soustraire les populations à l'influence des rejets radioactifs. Cette évacuation peut être temporaire ou définitive suivant le degré de contamination de la zone. L'accident de Tchernobyl a nécessité l'évacuation d'une zone de 30 km autour de la centrale.
Suivant les cas : interdiction de consommer les produits agricoles ou l'eau.
La limite est fixée à 1 millisievert pour le grand public et 20 millisieverts pour les travailleurs du nucléaire (voir aussi Conséquences pour la santé de l'exposition aux rayonnements ionisants).
La gravité des effets augmente en fonction de la dose reçue, du mode (irradiation, inhalation, ingestion), de la durée et aussi selon l’âge de la personne. En cas d'accident, le médecin détermine à partir d'analyses médicales la dose reçue.
Exposition | Degré de gravité | Symptômes |
---|---|---|
Quelques millisieverts | Irradiation naturelle | |
Quelques centaines de millisieverts | Aucun effet immédiat | Possibilité de nausées passagères et légère fièvre |
Entre 1 000 et 2 000 millisieverts | Effet médical notable | Vomissements, fatigue,
fièvre, risques d'infection |
Entre 2 000 et 4 000 millisieverts | Effet médical grave | Vomissements précoces, fièvre, troubles digestifs, hémorragies, chute de cheveux |
Entre 4 000 et 10 000 millisieverts | Probabilité importante de décès | Idem, avec en plus des signes neurologiques (vertiges, désorientations) |
Supérieur à 10 000 millisieverts | Décès |
La prévention est un élément fondamental de la sûreté de fonctionnement.