La dépendance au pétrole est une partie importante de la problématique énergétique actuelle. Cet article vise à préciser le constat de cette dépendance, puis à envisager les mesures disponibles pour la réduire. Elle concerne surtout les pays développés, particulièrement dans les domaines de la mobilité (transport de marchandises, transport individuel et aérien) et des machines (travaux publics, agriculture).
Devenu indispensable à la vie quotidienne, le pétrole a des effets sociaux importants. On a vu des émeutes parfois violentes dans certains pays suite à des hausses de prix. En 2006, certains syndicats français demandent l’instauration d’un « chèque transport » pour aider les salariés qui se déplacent beaucoup à faire face au prix des carburants.
Dans les pays développés, une hausse du prix du pétrole se traduit par un accroissement du budget consacré à la voiture, mais dans les pays les plus pauvres, elle signifie moins d’éclairage et moins d’aliments chauds, car le kérosène est souvent la seule source d’énergie domestique disponible.
Outre que le pétrole est utilisé dans toutes les industries mécanisées comme énergie de base, ses dérivés chimiques servent à la fabrication de toutes sortes de produits, qu’ils soient hygiéniques (shampooing), alimentaires, de protection, de contenant (matière plastique), tissus, etc. Ce faisant, le pétrole est devenu indispensable et par conséquent très sensible stratégiquement.
Bien produit | Quantité de pétrole utilisé ou équivalent | Détail | Source |
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Nourriture consommée par une personne en une année | 1 500 litres | engrais, machines agricoles, irrigation, pesticides, transport,... (Chiffre de source américaine.) | |
Voiture | 6 700 litres | Chiffre de source américaine. La construction de voitures en France consomme surtout de l'électricité nucléaire, du charbon et du gaz | |
Micro-ordinateur | 10 fois son poids | Chiffre de source américaine. | |
Micro-processeur | 1,5 kg | Chiffre de source américaine. |
La dépendance au pétrole est d'autant plus importante que les villes sont étendues et que les populations sont tributaires des véhicules individuels pour leurs déplacements. Une étude a montré que les villes américaines, beaucoup moins denses que les villes européennes, sont énergétiquement moins efficaces. Ainsi les principales villes américaines (New York, Chicago, Washington, San Francisco, Los Angeles, Denver, Detroit, Phoenix, Houston) ont une densité comprise entre 8 et 20 habitants par hectare, pour une consommation d'essence comprise entre 40 000 et 75 000 MJ/habitant, alors que les principales villes européennes (Copenhague, Hambourg, Paris, Amsterdam, Stockholm, Francfort, Zurich, Londres, Munich, Berlin Ouest, Bruxelles, Vienne) ont des densités de 30 à 72 habitants par hectare et une consommation de 8 000 à 15 000 MJ/habitant.
En 2005, le pétrole représentait 36 % des ressources énergétiques consommées annuellement sur la planète. Le pétrole connaît de nombreuses utilisations selon la qualité pour laquelle on l'emploie :
Le pic pétrolier vient bouleverser la donne. Les impératifs nationaux liés à toute indépendance énergétique sont à réviser.
En ce qui concerne l'utilisation du pétrole comme source d'énergie, diverses solutions existent :
Houille : Le charbon présente des réserves très supérieures aux réserves pétrolières ; les chaudières à charbon ont beaucoup évolué depuis deux siècles, et les techniques modernes (Cycle combiné à gazéification intégrée) permettent une combustion avec de très faibles niveaux de pollution. De plus, la technique du Stockage géologique du dioxyde de carbone permettra d'éliminer les émissions de CO2 à la source à l'horizon 2015. Cette solution est la plus utilisée, et la plus probable dans l'avenir.
Gaz naturel : L'une des sources d'énergie les moins chères en 2006, non renouvelable. Elle présente l'inconvénient d'être émettrice de gaz à effet de serre.
Energie nucléaire : Cette source d'énergie est abondamment critiquée depuis les accidents de Three Mile Island et Tchernobyl ; en revanche, elle fournit près de 80 % de l'électricité en France (2006). Il est envisageable que cette source retrouve de la vigueur dans un avenir plus éloigné.
Énergie éolienne : Cette énergie déjà ancienne a fait l'objet de beaucoup de développements récents ; en Europe, le Danemark, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne investissent rapidement dans cette source renouvelable. La France commence à rattraper son retard, et a passé en 2006 la barre de 1 GW installé.
Bois : Sous diverses formes (granulés, sciure ou copeaux, bûches). Cette ressource n'est renouvelable et neutre en CO que si son exploitation est organisée, la quantité de bois utilisée étant compensée par la même quantité produite. Si le bois vient d'une déforestation définitive, son utilisation dégage du CO dans l'atmosphère ; il y a donc peu de différences avec un combustible fossile. L'utilisation abusive du bois comme source d'énergie présente des désavantages tels que dérèglement du climat local, appauvrissement des sols, pollution par Dioxyde de soufre et NOx.
Biogaz : Peut être produit par fermentation de matière organique et notamment de déchets organiques (boues de stations d'épuration, déchets d'ordures ménagères, effluents d'élevage…). L'intérêt de cette source d'énergie contre l'effet de serre est très important : non seulement on économise des ressources fossiles, mais surtout on brûle le méthane qui sinon serait émis dans l'atmosphère, le méthane ayant un effet de serre 21 fois plus élevé que le CO.
Géothermie : Cette technique exploite la chaleur du sol, dont la température augmente avec la profondeur. Certains sites présentent un profil de température plus avantageux, avec une température plus élevée à proximité de la surface, rendant la géothermie financièrement réalisable. Ces sites on fait l'objet d'un recensement en France.
Énergie solaire photovoltaïque : Propre, potentiellement illimité mais coût initial actuellement prohibitif.
Énergie solaire thermique : Très facile à mettre en œuvre, mais encore peu répandue.
C'est actuellement le pétrole qui constitue l'énergie de référence, sur laquelle le prix des autres énergies est indexé. A l'avenir on peut anticiper que le pétrole perdra cette place quand son prix aura dépassé un seuil, alors le prix des autres énergies et notamment ceux du charbon et du gaz naturel suivront leur dynamique propre, avec des hausses plus faibles compte tenu de leurs disponibilités encore grande.
En 2008, 96 % des transports mondiaux dépendent du pétrole : le transport maritime, aérien, fluvial, routier, utilise presque toujours des moteurs (moteur à explosion, turboréacteur, turbopropulseur) brûlant des hydrocarbures ou du gaz GPL. Le transport ferroviaire, fréquemment électrifié, dépend moins du pétrole (en France) : cela dépend comment est produite l'électricité (gaz, charbon, fioul, nucléaire).
Les transports maritime et fluvial semblent a priori être moins pénalisés par une hausse des prix du carburant, car l'efficacité énergétique (rapport traînée / poids en charge) des grands navires est très supérieure à celle des autres modes de transport.
Les transports terrestre et maritime pourraient se tourner partiellement vers les agrocarburants et/ou le gaz naturel, voire le charbon (trains et bateaux), mais l'avion reste dépendant du kérosène pour longtemps encore, aucune alternative n'ayant dépassé le stade du laboratoire, à part le pétrole "Fischer-Tropsh" produit à partir de charbon, qui fournit le tiers de la consommation de l'Afrique du Sud, mais dont la production est polluante et émettrice de beaucoup de CO2. L'armée de l'air états-unienne a procédé en 2006 à des essais en vol concluants avec un combustible produit de cette façon et plusieurs pays s'intéressent actuellement à cette technologie, dont la Chine et les États-Unis, qui disposent respectivement des troisième et première réserves de charbon.
L'apparition de batteries à meilleur rendement (Li-Ion, Li-polymère, etc.) rend envisageable le développement du véhicule électrique. Rappellons que l'électricité n'est pas une ressource naturelle : il faut la produire à partir de gaz, de charbon, de fuel ou de nucléaire.
Le marché de l'automobile ne semble pas encore affecté par le prix du pétrole, il continue en 2008 à se développer, y compris dans les pays émergents. Une étude récente estime que le risque de récession n'apparaîtrait qu'avec un baril dépassant les 180 dollars en 2012, sauf en Chine où les ventes n'augmenteraient que de 30 % au lieu de 61 % (avec un baril respectivement à 150 et 180 dollars). Dans ce cas les grosses cylindrées seraient plus défavorisées.
Le parc résidentiel français est l'un des moins performants d'Europe en termes de performance énergétique ; les économies d'énergie possibles sont donc multiples, avec en premier lieu l'isolation des bâtiments. Il est possible de réduire de 50 à 80 % les dépenses d'énergie domestique, par exemple avec des habitations ne nécessitant pas de chauffage, seule une ventilation mécanique à récupération de chaleur (double flux) étant nécessaire (cette méthode est basée principalement sur l'isolation et l'effet de serre des vitres).
Une approche de cette « bonne conception » architecturale est la démarche Haute qualité environnementale qui se développe principalement dans les chantiers publics à l'heure actuelle ou le concept de maison solaire passive qui se développe dans les pays germaniques. Une bonne conception des bâtiments doit également permettre d'éviter le recours à la climatisation en été tout en maintenant une température correcte.
De nombreux exemples se développent à l'heure actuelle, on peut citer BedZED.
L'agriculture est une activité fortement mécanisée, dépendante des carburants (et ce même dans des schémas dits non productivistes). L'agriculture intensive repose sur l'utilisation d'intrants (engrais chimiques, pesticides) élaborés à partir de l'énergie pétrolière ou issus de l'industrie pétrochimique. L'agriculture consomme aussi de grandes quantités de plastiques (serres, mulch, emballages, outils…).
Par la combinaison de l'augmentation du prix des engrais et de celui des carburants, deux clefs de la révolution verte sont sérieusement remises en question. En effet, le pétrole pourrait théoriquement être remplacé par des biocarburants (carburants issus de l'agriculture) ou par des huiles végétales. Le bilan énergétique de ces carburants « verts » est cependant pour le moment trop faible. De plus, les techniques de synthèse en chimie organique pour l'élaboration par exemple de molécules pesticides devraient être revues en l'absence de pétrole.
La mutation du modèle agricole actuel vers un système « sans pétrole » sera laborieuse. Les pertes de productivité qui pourraient en découler pourraient engendrer des situations de crise alimentaire dans le pire des cas ou, du moins, une remise en question du mode de consommation alimentaire actuel. Il semble peu probable que l'agriculture puisse suivre indéfiniment l'augmentation de la population mondiale dans le modèle productiviste, même sans pic pétrolier (problèmes écologiques, économiques, de santé publique et sociétaux avec par exemple la dégradation de la qualité des eaux et des sols).
Aujourd'hui, une grande part des matériaux d'emballage et de fabrication des produits industriels utilisent du plastique, c'est-à-dire du pétrole transformé. Mais seulement 4 % du pétrole mondial devient matière plastique. Les emballages unitaires (flacons, pots, tubes…) sont apparus vers les années 1980. La plupart des aliments (vin, moutarde, pâtes, bonbons…) se vendaient en vrac avant les années 1950. De même, les fibres synthétiques et la suprématie du tout-jetable sont un phénomène relativement récent.
Il est désormais possible de produire certaines matières plastiques en utilisant des végétaux ou des bactéries ; mais pas dans la gamme de diversité obtenue par la pétrochimie traditionnelle. Ces produits ne sont pas encore non plus finalisés pour une utilisation industrielle :
Enfin, compte-tenu de l'impossibilité de consacrer une trop grande partie des terres agricoles à des productions non nutritives, la voie du recyclage des matériaux doit être privilégiée.