La culture du pavot semble être connue de l'homme depuis longtemps puisque des vestiges du néolithique suggèrent déjà des cultures de pavot somnifère à proximité des villages.
Le commerce et la production de ses dérivés sont d'abord règlementés en 1912 par la convention internationale de l'opium puis par la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. Il ne s'agit que des dérivé du pavot et non de la culture du pavot en lui même qui reste autorisée et largement pratiquée soit pour l'alimentation, soit pour un usage décoratif.
L'Afghanistan est le premier producteur mondial d'opium depuis 1991 (devant la Birmanie et le Laos, lequel a récemment perdu sa troisième place au profit du Mexique). La production afghane avait presque entièrement été supprimée par les talibans en 2000-2001 (185 tonnes) mais elle a repris de plus belle après leur chute : avec le record historique de production de 2007 (8200 tonnes), c'est 93 pour cent de la production illicite mondiale estimée par les Nations unies que l'Afghanistan a produit. Toujours selon les Nations unies, la culture du pavot en Afghanistan devrait se maintenir ou même légèrement décroître en 2008 (192 000 hectares destinés à la culture du pavot soit 1000 de moins qu'en 2007).
Il s'agit ici avant tout de la culture légale de pavot pour la production de morphine à usage pharmaceutique et, accessoirement, pour celle de graines de pavot destinées à la cuisine.
Production en tonnes de graines de pavot. Chiffres 2003-2004 | |||||
Turquie | 48000 | 55 % | 48000 | 52 % | |
République tchèque | 23270 | 27 % | 28000 | 30 % | |
France | 5500 | 6 % | 5500 | 6 % | |
Allemagne | 2700 | 3 % | 2700 | 3 % | |
Hongrie | 1700 | 2 % | 1700 | 2 % | |
Autriche | 1324 | 2 % | 1400 | 2 % | |
Roumanie | 1400 | 2 % | 1400 | 2 % | |
Pays-Bas | 1300 | 1 % | 1300 | 1 % | |
Autres pays | 2435 | 3 % | 2235 | 2 % | |
Total | 87629 | 100 % | 92235 | 100 % |
Du pavot à opium est cultivé légalement dans une vingtaine de pays (dont l'Inde, la Turquie, la France, l'Espagne, l'Australie...) pour la production de morphine pharmaceutique. Tous ces pays produisent de la paille de pavot (c'est-à-dire du pavot sur pied), à l'exception de l'Inde qui produit de l'opium (le suc qui exsude des capsules de pavot lors de leur incision). Quelques 10 000 hectares de pavot sont ainsi cultivés en France pour la production de paille de pavot de laquelle est ensuite extraite la morphine.
Champ de pavots | ![]() Papaver somniferum |
Ses belles fleurs font du pavot une plante ornementale appréciée. Il existe des cultivars à fleurs doubles (au nombre de pétales multiplié comme chez les roses) ou encore ornées de carpelles (spécimen poule et poussins) ou bien formant une fausse noix interne (ou même un agglomérat de carpelles intérieures) ou présentant deux fleurs et deux fruits par extrémité.
La gamme de couleurs que peuvent présenter les pétales est importante. Elle va du blanc immaculé (spéc. royale wedding, white persian...) aux couleurs les plus chaudes, sombres, ternes, pastelles ou vives (rose, lilas, blanc-vert, orange, jaune, rouge, mauve, violet, pourpre, noir...), formant parfois un dégradé en tâche ou une succession de couleurs symétriques en croix entre le centre et les extrémités de la fleur (spéc. drapeau danois, picotée, Shirley...). La couleur bleu n'apparaît naturellement que sur le pavot bleu de l'Himalaya, meconopsis betonicifolia, compris dans la famille des papavéracées mais qui n'est pas un pavot somnifère.
Les larges pétales se présentent généralement par 4 en formant comme une corolle quand ils sont ouverts mais peuvent être beaucoup plus nombreux et touffus, formant jusqu'à un pompon (spéc. pomme verte) sur les variété dites à fleurs de pivoine. Ils peuvent aussi être étroits ou dentelés (spéc. Vénus, cheveux de sorcière...) ou encore présenter 2 niveaux de pétales à formes et épaisseurs différentes (spéc. améthyste).
La création de nouvelles variétés est à l'origine des spécimens horticoles actuellement les plus utilisés. Les défis de la culture ornementale du pavot sont l'élargissement de la gamme de coloris (notamment bleu et jaune franc, accentuation du noir intégral, etc.), la recherche de motifs variés dans la fleur, la longue tenue des pétales, leur tenue après la coupe de la fleur éclose, la multiplication des fleurs par plan au delà de sept, la forme esthétique en jardin de la paille laissée sur pied avec ses fruits séchés.
La fleur coupée est très fragile. Pour en conserver les pétales, elle est sectionnée au moment de son éclosion alors que les pétales ne sont pas encore défroissés. Les variétés à fleur double et les variétés dites orientales (var. papaver somniferum orientalis, spéc. pizzicato...) se montrent plus résistantes pour un tel usage. La coupe des fruits pour en confectionner des bouquets secs ou frais est quant à elle très simple et le fruit sur tige est souvent récolté vert et vigoureux alors que ses graines sont déjà mûres et que l'ensemble de ses potentiels sont atteints (taille, maturité, tenue, fraîcheur des graines). En séchant l'ovaire prend des reflets ardoises, subtils à la lumière, notamment du fait de la pellicule de cire cristallisée qui le protège, tout comme sur le raisin, et qui lui donne ses teints changeant selon les éclairages et les moments de la journée. Le fruit du pavot justement séché laisse ainsi apparaître selon la lumière autant de vert, de bleu, de gris que d'ocre et de paille. Avec le temps, en quelques mois à l'air libre et à la lumière, il perd ses effets de couleurs et devient jaune paille.
La paille de pavot est souvent perçue comme un élément majestueux du jardin ; rare et énigmatique vestige à rester érigé des herbes sèches de l'été. Des formes évasées ou élancées, à tiges inclinées ou droites peuvent être recherchées pour habiter en solidaire ou en colonie des coins particuliers du jardin. Un fruit volumineux ou discret, rond, en citrouille ou oblongue, pâle, rustique, exotique ou commun peut aussi déterminer le choix harmonieux et symbolique du jardinier pour ses espaces.
L'usage de décoctions de pavot est un remède traditionnel dans les régions où la plante peut être cultivée, notamment du fait de ses vertus sédatives.
En Europe, les variétés traditionnelles et horticoles, parfois appelées œillettes, qui étaient utilisées dans les sirops diacodes et les décoctions domestiques, forment des capsules sèches grosses comme des noix, d'à peu près un grammes une fois débarrassées de leurs graines, et plus du triple en volume et en poids (taille d'un œuf de poule), ou même huit à dix fois plus pour les variétés à grandes capsules grosses comme une balle de tennis (nigrum et album) qui pour ces deux dernières forment les catégories théoriques des pavots officinales. Indifféremment des variétés, elles peuvent renfermer 1 à 4% d'opium sec (5% pour le pavot officinal sélectionné) contenant des taux communs de 3 à 12% de morphine et une grande variabilité d'autres alcaloïdes. L'opium très abondant des pavots à graines blanches (album) est réputé supérieur dans la qualité de ces effets narcotiques sans être nécessairement plus fort que celui des variétés noires (nigrum = bleues, pourpres et noires). Les variétés stupéfiantes des pavots blancs de sélection afghane utilisées exclusivement par les narco-trafiquants, donnent un opium exceptionnellement riche de 20% de morphine ; l'opium moins bien toléré des œillettes bleues peut atteindre un taux lui aussi très fort de 16% malgré une faible présence de ce suc dans la plante. L'encyclopédie de Diderot fait part de l'usage d'une moyenne capsule ou de deux petites en intention thérapeutique pour les souches européennes.
L'opium fut l'objet d'une large littérature médicale, universitaire et encyclopédique qui s'avéra cohérente, exhaustive et concordante malgré son approche empirique et la variété des cultivars observés. Les variétés à petites capsules (grosseur de noix), les plus communes, peuvent laisser exsuder 25mg d'opium de qualité variable et ont été très utilisées avant tout pour la production de graines comestibles mais aussi de manière domestique pour leurs vertus curatives satisfaisantes chez l'adulte et considérées, non sans risque, administrables aux enfants. Elles ont alors été à l'origine d'intoxications mortelles chez les nourrissons et les enfants quand il était d'usage de les faire infuser dans leur lait pour soulager leurs maux ou les garder endormis le temps où les parents travaillaient (Nord de la France, régions minières, surtout au 19ème siècle). Les médecins avaient par ailleurs alerté sur des observations de retard musculaire, cognitif ou mental chez les enfants régulièrement intoxiqués au pavot.
Les dosages de base que présentent les pavots communs à petites capsules ne diffèrent pas de l'usage équivalant que la médecine a aujourd'hui de la codéine (10mg équivalant d'opium officinal pour 10mg de codéine base bien qu'elle s'avère développer certains effets plus importants, avec des doses standards de 8 à 45mg chez l'adulte, correspondant en effet à l'amplitude constatée selon les variétés d'une consommation d'une à deux petites capsules. Pour des dosages plus fort dépassant le cadre des affection courantes comme l'analgésie de puissantes douleurs, la morphine lui est préférée). Suivant l'usage connu qu'avaient les grecs des codions (ou kodion, les têtes de pavot) les doses des médicaments opiacés n'ont cessé de les garder comme repaire réel ou estimé pour fixer les unités de prise.
Toutes les variétés de pavot somnifère ont été utilisées, parfois indifféremment, en officine dans la confection d'extraits (teinture, laudanum, sirop, extrait sec, opium...), depuis le simple pavot des jardins jusqu'à des formes gigantesques de pavots blancs et noirs développés dans un but médical ou narcotique. Seul le pavot sauvage (papaver setigerum) dont les capsules sont de la taille d'une olive n'est toujours pas utilisé en médecine occidentale et n'en présente pas le potentiel ni la productivité. Les plants produisent environ 10 fois moins d'opium, lui-même 2 fois mois riche en morphine mais il contient un taux très supérieur en papavérine qui lui confère un potentiel antispasmodique théorique beaucoup plus significatif que l'opium du pavot somnifère. Son descendant, le pavot oriental se montre beaucoup plus productif. Leurs compositions les rapprochent de celle de la tige de pavot (sans capsule). Il arrive que les graines de pavot soient utilisées en phytothérapie dans une optique antispasmodique pour leur action très légère ; aucune autre partie du pavot n'est du ressort de la phytothérapie, étant considéré comme un poison connu et problématique. L'utilisation de pavots à très grandes coques ne s'est répandu que tardivement avec la découverte des pavots exotiques (turques, persans...) et d'homologues européens au 16ème et 17ème siècle notamment. Pour une même taille, les fruits de souches exotiques se montrent couramment deux fois plus fortes que les souches européennes (opium plus abondant mais non pas plus concentré).
Le pavot à opium officinal (dont l'opium sec doit posséder selon le critère actuel le plus précisément 10% de morphine) est devenu un repère pharmaceutique pour mesurer l'opium et qualifier la valeur thérapeutique des pavots dès le 16ème siècle et plus scientifiquement au 19ème siècle. C'est un pavot blanc, parfois noir, à grande coque, sélectionné pour sa rentabilité, son adaptation constante aux climats sous lesquels il est cultivé et qui produit au moins 30mg d'opium extractible manuellement par capsule pour en permettre la récolte. Les formes les plus volumineuses, notamment japonaises peuvent produire plus de 200mg d'opium à 15% par fruit et jusqu'à 40mg de morphine. Il produit plus communément autour de 100 mg d'opium.
L'usage pharmaceutique industriel de l'œillette oléagineuse à graines bleues, typiquement européenne et méditerranéenne, ne s'est démarqué qu'au 19ème siècle pour remplacer l'opium exotique et finalement ne produire que les alcaloïdes au 20ème siècle. Elle possède un opium inférieur (effets secondaires à forte dose), moins abondant, issu de petites capsules, mais qui peut s'avérer concentré en morphine. Certaines variétés qui ont fait l'objet de sélections passées parmi les cultivars traditionnels en Europe atteignent 5mg et plus de morphine par gramme de fruit sec égrainé, tout comme les variétés orientales, et ont demandé une vigilance accrue dans leur utilisation pour prévenir les surdosages accidentels (la morphine montre des effets sédatifs toxiques chez l'adulte dès 10 à 20mg). L'opium de l'œillette bleue possède aussi un fort pourcentage de codéine et de divers agents histaminiques qui limitent les mésusages par leurs effets indésirables, notamment en fumée et en transformation injectable qui font apparaître d'importantes démangeaisons et des bouffissures du visage, même en héroïne (cas de l'héroïne artisanale russe demandant une adjonction quasi systématique d'antihistaminiques). Mais l'industrie pharmaceutique y trouve aujourd'hui la famille spécifique de molécules qu'elle a appris à purifier et transformer, à travers une variété de pavot qui a bénéficié dès le moyen-âge d'une bonne estime en usage thérapeutique oral, notamment par sa sécurité : taille limitée des capsules, présence d'agents antagonistes agissant en cas de surdosage, dosage connu et identifiable par les usages traditionnels, pas de faveur chez les opiomanes usant de fortes doses ou de voies directes, capacité thérapeutique fiable.
La paille de pavot désigne la tête sèche et tout ou partie de la tige. C'est à l'état naturel la plante séchée sur pied. La tige, contenant à poids égal quatre fois moins de principes morphiniques majeurs que le fruit égrainé, a été utilisée pour la production de remèdes et de médicaments variés. Traditionnellement, la tige de pavot est considérée comme agissant plus spécifiquement que les autres parties de la plante sur l'écoulement nasal, les spasmes et se montre calmante dans les toux sèches et d'irritation. Elle contient beaucoup plus de papavérine que le fruit, jusqu'à 5 fois la valeur de la morphine. La feuille s'utilisait elle aussi comme composant de potions, mais sa faible concentration en agents actifs n'en faisait pas un remèdes comparable à l'opium ou au fruit du pavot. Cependant, la tige put être mise en valeur par le mode de production industriel qui facilite l'extraction et le raffinage pour n'en retirer aujourd'hui que les alcaloïdes transformés.
C'est à la fin du 19ème siècle que le pavot européen utilisé en agriculture pour ses graines alimentaires sera estimé à nouveau pour produire la morphine puis la codéine qui ont dès lors pu remplacer jusqu'à sa quasi totalité l'opium officinal importé des pays producteurs. L'enjeu était économique et permettait aussi de s'affranchir des enjeux politiques des guerres de l'opium puis de mieux appréhender les conventions sur les stupéfiants et leur maîtrise. Il ne s'agissait cependant que d'une redécouverte du potentiel pharmaceutique des pavots indigènes qui avaient en effet servi tout au long du moyen-âge et de la renaissance, notamment pour produire de l'huile alimentaire, et que l'usage exclusif d'opium importé avait supplanté entre le 17ème et le 19ème siècle en faisant oublier leur potentiel médicale des apothicaires et du marché pharmaceutique. L'utilisation dans l'industrie de la paille de pavot, jusqu'à sa tige, s'est finalement déployée sur la production déjà existante des graines alimentaires avant de se spécialiser (morphine et dérivés produis majoritairement en France et en Allemagne, fleurs d'ornement traitées en aspect naturel ou colorées produites aux Pays Bas, graines alimentaires de pavot bleu de Turquie). La paille était considérée jusqu'alors comme un déchet peu maniable ou non viable de l'agriculture mais la chimie et l'industrie lui ouvrirent des perspectives nouvelles, allant de la médecine jusqu'à des formules de pesticides (qui ne sont plus employées, telles des mort-aux-rats, dont le nom était même devenu dans le langage populaire synonyme de morphine en tant que poison). Industriellement, l'usage de la tige (généralement les 2/3 supérieurs de la plante) compense la petite taille des fruits et incrémente jusqu'au double la production des alcaloïdes. Ces derniers sont aujourd'hui extraits de la paille, isomérisés en thébaïne puis transformés à nouveau en alcaloïdes désirés atteignant alors un degré pur avec une rentabilisation maximale de la plante. En France, une seule société, la Francopia, accrédite les exploitants de pavot et le type de variétés utilisées qui serviront à la production de médicaments.
L'opium, latex produit par incision de la capsule avant maturité, est utilisé par l'industrie pharmaceutique car il contient des dizaines d'alcaloïdes : morphine, codéine, thébaïne, etc. Le codex médical préconisait au 19ème siècle son utilisation chez l'adulte à la hauteur d'un à quatre grains par jour, le grain renfermant lui-même 3 à 5mg de morphine selon la qualité standard de l'opium alors employé (6 à 10% de morphine). Le pharmacien délayait la quantité prescrite de sirop d'opium ou de pavot dans une potion que le malade devait prendre selon un nombre de fractions quotidiennes. La potion pouvait contenir d'autres principes actifs prévus par l'ordonnance et il appartenait au pharmacien d'indiquer au patient la posologie ou l'usage de la préparation obtenue (nombre de cuillères correspondant, écart des prises selon les vertus de certains composants nécessitant rapprochement ou espacement...). La teneur de l'opium ainsi que ses formes de préparations et leurs appellations suivant les médecins et les pharmaciens ont pu entraîner des confusions et des accidents dans sa prescription.
Le narcotisme désignait l'état dans lequel pouvait se trouver un patient ayant absorbé une trop forte dose par erreur et s'accompagne des effets secondaires courants des opiacés : nausée et vomissements, sédation, tremblement, frissons, somnolence, difficultés d'endormissement, difficultés au levé, démangeaisons cutanées, constipation... La prise de 4 grains (212mg) d'opium par jour s'avéra la dose seuil selon l'apparition des effets secondaires chez l'adulte et détermina les usages des prescriptions courantes ainsi que les indications du codex. Il ne fut accordé et observé que peu de valeur addictive ou récréatives à l'opium dans le cadre médical. L'usage détourné ou prolongé des formes médicales ne surviendra qu'avec la prise de conscience de l'usage de l'opium sous ses formes stupéfiantes. L'apparition de certaines formes médicales se confondit cependant avec les usages narcotiques assidus et importants.
Sa teinture la plus célèbre est le laudanum, notamment le laudanum de Sydenham mis au point par Thomas Sydenham au 17ème siècle mais qui ne sera pas populaire de son vivant. Avant lui, Paracelse avait mis en évidence au début du 16ème siècle dans la médecine occidentale les propriétés sédatives puissantes de la teinture (hydro-alcoolique) d'opium auquel il donna le nom latin de "louange". Concentré en principes actifs, le laudanum visait surtout un usage analgésique mais pouvait se prescrire dans diverses affections comme la diarrhée aiguë (élixir parégorique) dont il était aussi un remède spécifique et efficace à de faibles doses, ou encore les état fébriles ou les inflammations douloureuses dans lesquels il montrait des effets bénéfiques mais avec plus ou moins de succès à défaut de connaître des traitements plus adaptés et mieux ciblés. La liste des affections dans lesquelles l'opium pouvait être prescrit dépasse la longueur de celle de tout autre principe et malgré sa contre-indication ou son absence d'efficacité dans certains maux, il est avec la nigelle comestible (nigelle cultivée) l'une des plantes solennelles à avoir été assimilée à une panacée. Le laudanum avait l'avantage de posséder une composition et un dosage relativement fiables et référentiels, d'avoir une longue conservation, mais il suscita de nombreux usages détournés comme chez Charles Baudelaire ou Jean Cocteau et pouvait se consommer en société ou comme drogue légalement accessible à bas prix. Le Laudanum fut très utilisé avant sa substitution par la morphine et la codéine dont les dosages sont encore plus rigoureux, adaptés et pratiques. La codéine apporte en outre une sécurité accrue face à l'opium et à ses risques d'intoxication et de manie. L'extrait sec par décoction, expression des têtes de pavot, collage et séchage du résidu n'est pas aussi manipulable ni ne se conserve comme l'opium mais il en présente le potentiel médical et toxique et peut même être déteint en laudanum de moindre qualité. Le pavot est aussi utilisé illégalement pour produire des stupéfiants, héroïne notamment. L'héroïne, ou diacétylmorphine, n'est pas un alcaloïde de l'opium: elle est synthétisée chimiquement, par réaction avec l'anhydride acétique en présence d'acétone, à partir de la morphine plus ou moins raffinée et se montre 4 à 5 fois plus forte qu'elle.
Avec la banalisation et l'usage concentré des remèdes à base de pavot, d'opium puis de morphine, l'agent héroïque - signifiant l'agent actif d'une substance et qui est ici la morphine - commença à révéler des usages quotidiens et des dépendances caractéristiques de l'intoxication morphinique qui se traduisent par un besoin d'augmenter les doses alors que l'effet décline et se montre même déficient, c'est à dire en état de manque entre les prises quand elles ne sont plus augmentées puis rapprochées. L'héroïne se montra lors de sa découverte le remède à ce manque que les usagers en addiction trouvaient douloureux et handicapant, qu'ils n'arrivaient plus à combler et qu'elle avait visiblement la capacité de soulager en permettant de retrouver des effets compensateurs. La diamorphine prit donc le nom symbolique, primordialement en Allemagne, de l'agent héroïque ou substance active ultime que l'on pensait même soigner du mal du pavot couronné : héroïne. Il s'avéra que sa toxicomanie était en fait plus forte, son action dopaminique plus importante et que le manque par accoutumance ou par abstinence survenait lui aussi et avec d'autant plus d'intensité. La 6-acéthylemorphine, qui ne doit pas être confondue, n'est pas une héroïne et n'en a pas les vertus récréatives. Elle est aléatoirement obtenue par légère acidification par le vinaigre de la décoction ou par teinture dans le vinaigre dilué dans l'alcool qui transforme ainsi certains alcaloïdes tout en les suspendant par l'action acide sous forme de sels. Le premier produit fut la teinture acétique d'opium, qui se montrerait à peine plus forte que la simple teinture hydro-alcoolique mais dont les effets s'avèrent moins attirants et moins stimulants que cette dernière avec notamment une capacité à réduire l'activité neurologique, les allants et la vigilance. Il s'agit donc d'un morphinique de moindre qualité dont la médecine n'a finalement retenu aucun usage ni aucun bénéfice thérapeutique et alors même que les transformations dues à cette préparation lui sont restées longtemps insoupçonnées. Cette transformation acétique très simple de l'opium n'a pas non plus retenu l'attention des opiomanes qui ne l'estimaient pas en tant que stupéfiant et qui pouvait se présenter à eux comme un mauvais extrait sans comparaison avec la délicatesse du chandoo ou des mêmes opiums bruts.
En France, l'intention stupéfiante avec le pavot ou l'un de ses dérivés est soumise aux règlements sur les stupéfiants prévoyant emprisonnement et amendes. Les désordres sociaux (familiaux, médicaux, dépendance, économiques, conduite d'abandon...) relatifs à son utilisation peuvent être soumis aux injonctions administratives et judiciaires (droits parentaux, obligation de sevrage ou de substitution, suivit médical et social, présentation régulière au commissariat ou à la justice). Un remède à base de pavot ou de l'un de ses dérivés ne peut être attribué par un tiers non médecin hors du cercle du foyer et en toute connaissance de cause. Il ne peut faire l'objet de commerce. L'usage et la détention de certains dérivés sont interdits (héroïne, pâte à fumer, concentrés...). Aucun usage stupéfiant n'est permis. L'intoxication par le pavot ou l'un de ses dérivés peut dépendre à la fois de l'usage des stupéfiants comme de l'usage avec ou sans préméditation des poisons.
Rappelons enfin que si l'usage interne du pavot existe toujours de manière traditionnelle en France et à travers le monde, que ce soit dans l'usage alimentaire des graines ou l'extrait de coque sèche ou même d'opium brut par des bergers et des paysans dans le seul cadre de leur consommation médicamenteuse et en l'absence de tout autre produit stupéfiant, le mésusage et la dégradation des sites et des spécimens est sanctionné chez les personnes ne sachant généralement pas quelle variété elles utilisent ni à quelle fin médicale exacte elle peut être destinée (absence de relation traditionnelle avec le cultivar). Certaines variétés sont protégées pour leur rareté, d'autres sont réglementées par communes (pavot blanc ou variétés horticoles) et d'autres poussent de manière parasite sur des terrains privés (champs, tout comme le coquelicot) et leur prélèvement relève alors de l'effraction et du vol qualifié qui alourdit les sanctions et la hauteur des mesures de veille ou de prévention (décrets d'arrachage, mise en place d'observatoires et d'action policière...). C'est finalement le comportement individuel qui façonne et alourdit la réglementation effective sur les pavots depuis les conventions uniques de 1961 et 1971 sur les stupéfiants. Chaque nouveau décret limitant les usages ou les accès au pavot depuis les années 70 est la conséquence d'une déviance ou encore d'une infraction grave constatée au niveau médical ou judiciaire (effraction, revente, addiction, prosélytisme et indiscrétion, consommation en groupe festif perturbateur (phénomène connu avec le pavot depuis les hippies mais resté longtemps discret, sans plainte et non sanctionné. Il est devenu indiscret et vénal avec les free-parties dont le comportement naïf des usagers face à cette drogue redécouverte a à nouveau fait scandale au début des années 2000), polytoxicomanie (certaines drogues de synthèse comme l'ecstasy et le MDMA pur sont si mauvaises et toxiques que l'emploi d'opiacé est suggéré par les utilisateurs pour calmer les descentes et les forts troubles nerveux qu'elles provoquent), intoxications (dangers par overdose des produits opiacés, toxicomanie)...).