La sonde Rosetta est constituée de deux parties : un orbiteur, qui doit se placer en orbite autour de la comète après avoir effectué une longue navigation et qui est chargé d'étudier et de cartographier celle-ci, de recueillir des données sur les astéroïdes qu'il rencontrera au cours de son parcours et de transmettre les résultats à la Terre et le petit atterrisseur Philaé, monté sur un des côtés de la sonde, qui doit se poser sur la comète.
L'orbiteur a une dimension de 2,8 m par 2,1 m par 2 m (environ 10 m3), pour une masse totale de 2 970 kg (1 300 kg sans le carburant). La charge utile de l'orbiteur seul comprend 11 instruments scientifiques. La propulsion est assurée par 24 moteurs-verniers fournissant chacun 10 newtons de poussée qui disposent de 1 670 kg de carburant pour effectuer les corrections orbitales au cours du long périple de la sonde puis placer celle-ci en orbite autour de la comète. L'orbiteur a été conçu par EADS Astrium et Alcatel Alenia Space, anciennement Alenia Spazio, pour le compte de l'Agence spatiale européenne.
Le système de navigation de Rosetta utilise un senseur d'étoile pour repérer une étoile précise et ainsi déterminer l'orientation de la sonde et pointer correctement ses antennes de télécommunications, panneaux solaires et instruments scientifiques. Ce capteur doit fonctionner dans des conditions particulières durant l'approche de la comète. Celle-ci est entourée d'un nuage diffus de poussière qui rend difficile l'identification d'une étoile. Un logiciel intelligent a été développé pour permettre à l'instrument de fonctionner.
Le système de télécommunications utilise une antenne parabolique grand gain de 2,2 mètres de diamètre orientable. Elle permet d'envoyer les données vers la Terre avec un débit compris entre 10 000 et 22 000 bits/s. La station de New Norcia, construite en Australie par l'Agence spatiale européenne pour communiquer notamment avec Rosetta, n'est visible que 12 heures par jour par la sonde du fait de la rotation de la Terre ; d'autre part celle-ci sera à certains moments masquée par le Soleil. Durant les périodes où le signal ne peut être reçu, Rosetta stockera les données recueillies dans une mémoire de masse de 25 Go.
L'alimentation en énergie est assurée par deux panneaux solaires comportant chacun 5 éléments qui peuvent pivoter de plus ou moins 180° pour capter le maximum de l'énergie solaire. Chaque panneau est long de 15 mètres et la surface totale est de 64 m2. Les panneaux fournissent entre 8 700 watts et 450 watts de puissance suivant la position de la sonde par rapport au Soleil. La sonde a besoin de 390 watts pour être maintenue en état de marche avec le minimum d'équipements actifs. La taille importante des panneaux solaires s'explique par la grande distance entre le Soleil et la sonde sur une partie de sa trajectoire. Les sondes amenées à voyager à une telle distance du Soleil, comme Voyager 1 et Voyager 2 embarquent des générateurs thermoélectriques à radioisotopes qui produisent de l'énergie électrique grâce à la chaleur émise par la désintégration radioactive. Cette technologie n'étant pas disponible en Europe, ce système a été remplacé par des panneaux solaires de grande taille conçus pour fonctionner à des températures très basses tout en optimisant la production d'énergie. Rosetta sera la première sonde alimentée par l'énergie solaire à voyager au-delà de la ceinture d'astéroïdes.
Le système de régulation thermique doit maintenir l'intérieur de la sonde à une température d'environ 20 °C. Rosetta, qui voyagera dans le système solaire, rencontrera des températures variées : à 800 millions de kilomètres du Soleil, l'intensité du rayonnement solaire n'est plus suffisante pour chauffer la sonde, il est donc nécessaire d'employer des dispositifs de chauffage ; au contraire, au plus près du Soleil, afin d'éviter une surchauffe, des radiateurs sont installés pour dissiper l'énergie thermique. Rosetta est également munie d'un système de 14 lamelles réparties sur 2,5 m2, des composants passifs qui s'ouvrent au Soleil pour laisser échapper la chaleur, mais qui se referment à l'ombre, à l'image des stores vénitiens. Ce système, testé avec succès au Centre européen de technologie spatiale (ESTEC), permet de réguler la température sans consommation électrique.
La charge utile de l'orbiteur comporte onze instruments scientifiques qui représentent une masse de 165 kg :
L'atterrisseur Philaé se présente sous la forme d'un cylindre partiellement hexagonal, d'un mètre de diamètre pour 80 cm de haut et d'une masse totale de 100 kg. La structure est réalisée en fibre de carbone avec un revêtement d'aluminium. L'énergie électrique est fournie par des batteries et des panneaux solaires.
Philaé sera largué à quelques kilomètres d'altitude et déploiera ses trois pieds. La dureté du sol est définie avant l'atterrissage par l'instrument VIRTIS. En raison du manque d'informations sur la consistance de la surface au lancement de la sonde, trois dispositifs d'atterrissage complémentaires sont prévus. Les pieds du train d'atterrissage sont munis de raquettes qui doivent éviter à la sonde de s'enfoncer dans un sol mou. Pour éviter un rebond sur un sol qui se révélerait élastique Philaé est muni d'un système propulsif qui va plaquer au sol l'engin immédiatement après le contact avec la surface de la comète. Enfin deux harpons et des vis doivent lui permettre de se fixer solidement sur un sol plutôt ferme. Pour éviter que l'atterrisseur ne rebondisse, les trois pieds du train d'atterrissage sont équipés d'absorbeurs de chocs. En raison du changement d'objectif de la mission qui doit amener Rosetta sur une comète 10 fois plus importante qu'initialement prévu, les absorbeurs de chocs ont été modifiés pour pouvoir rester efficaces. Les jambes du train d'atterrissage peuvent tourner, se soulever ou se pencher pour remettre l'atterrisseur d'aplomb après le contact au sol.
La descente sera une étape critique de la mission : si elle se fait trop rapidement, Philaé risque de rebondir à cause de la faiblesse de la gravité qui est égale à 1/100 000 de celle de la Terre : l'atterrisseur pèse un gramme à la surface de la comète. Le noyau cométaire peut dégazer et déstabiliser Philaé qui devra alors utiliser le moteur placé sur le dessus pour se remettre sur le bon chemin. De plus, la grande distance qui séparera la Terre de l'atterrisseur empêchera tout contrôle direct : les communications feront un aller/retour en 80 minutes et cette phase du vol sera donc entièrement pilotée par le programme de l'atterrisseur.
Philaé est recouvert de panneaux solaires fournissant 9 W de puissance couplés à des batteries rechargeables. En raison des variations de l'exposition au Soleil générées par la rotation du noyau, du possible givrage des panneaux solaires ou du brouillard créé par les poussières, des batteries électriques lui assurent une autonomie minimale de cinq jours qui est la durée estimée pour que l'atterrisseur remplisse ses missions principales. Les données acquises seront stockées sur 12 Mb de mémoire puis transmises à l'orbiteur par un émetteur bande S d'un watt de puissance, qui les fera parvenir à la Terre. En utilisant ses pieds, il pourra pivoter ou s'incliner.
L'atterrisseur a été conçu par un consortium de 8 pays européens, sous la direction de l'Agence spatiale allemande (DLR).
La charge utile de l'atterrisseur est composée de dix instruments scientifiques qui représente une masse de 21 kg :
Le contrôle de la mission est assuré par le Centre européen d'opérations spatiales (ESOC). La salle de contrôle, dédiée aux missions européennes à destination des autres planètes du système solaire, est partagée avec les missions Mars Express et Vénus Express. L'équipe de contrôle au sol de Rosetta est assistée par une équipe chargée du calcul de la trajectoire, et utilise le logiciel SCOS-2000. Le Centre des opérations scientifiques de Rosetta (Rosetta Science Operations Centre), chargé de la collecte et de la diffusion des données scientifiques, est implanté à l'ESOC, mais également au Centre européen de technologie spatiale (ESTEC) aux Pays-Bas. L'atterrisseur est contrôlé par l'Agence spatiale allemande (DLR) depuis Cologne ; les données collectées par Philaé sont traitées par le CNES, à Toulouse.
La complexité de la mission a nécessité la mise au point de plusieurs innovations. La sonde est notamment mise en hibernation durant plusieurs années pour économiser l'énergie qui se raréfie lorsque la sonde se dirige vers Jupiter et ménager les équipements du bord. Pendant les phases de routine, un seul contact est établi par semaine avec le centre de contrôle.
Pour les communications avec Rosetta, l'agence spatiale européenne utilise la station de New Norcia qu'elle a fait édifier près de Perth en Australie. Celle-ci est entrée en service en 2003 peu de temps avant le lancement de Rosetta et est télécommandée depuis le Centre européen d'opérations spatiales. La station de Cebreros, en Espagne, également détenue par l'agence spatiale, est utilisée en appoint ; toutes deux sont équipées d'antennes paraboliques de 35 mètres de diamètre et sont conçues pour pouvoir communiquer avec les sondes les plus éloignées. Si Rosetta n'est pas en vue de ces deux stations, les antennes de Madrid, de Goldstone et de Canberra du réseau de communications en espace profond de la NASA peuvent être utilisées. Deux canaux du réseau de communications avec l'espace lointain sont attribués à la sonde spatiale Rosetta afin de pouvoir communiquer avec la Terre : 8 421,790 123 MHz et 8 423,148 147 MHz. Ces deux fréquences sont celles de l'émetteur à bord de la sonde et ne tiennent donc pas compte de l'effet Doppler.