Man'o'war - Définition

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Un Man’o’War désigne un navire de guerre apparu au XVIIe siècle dans les marines de guerre française et anglaise, constituant l'épine dorsale de toutes les flottes de guerre jusqu'au XIXe siècle. Le mot est d'origine anglaise, contraction de Man-of-War (littéralement Homme (Un homme est un individu de sexe masculin adulte de l'espèce appelée Homme moderne (Homo...) de Guerre), et correspond à un vaisseau de ligne dans la Royal Navy ou à un " vaisseau de haut-bord " dans la Marine nationale française. Par opposition, un vaisseau de commerce s'appelle en Anglais un "Man-of-Trade" (litt. Homme de Commerce).

Forme et fonction

Sous ce point (Graphie) de vue (La vue est le sens qui permet d'observer et d'analyser l'environnement par la réception et...), les vaisseaux sont des constructions flottantes à trois mâts qui, en France et d'après les règlements en vigueur, comportent de 64 à 140 bouches à feu (Le feu est la production d'une flamme par une réaction chimique exothermique d'oxydation...) au XVIIIe siècle et de 120 à 180 bouches à feu au XIXe siècle réparties sur deux à trois ponts. Ils sont classés en plusieurs rangs qui varient en fonction des époques et des progrès techniques en matière (La matière est la substance qui compose tout corps ayant une réalité tangible. Ses...) nautique et d'armement.

" En ce qui concerne leur construction et leur armement, on s'attache principalement à leur donner une belle marche (La marche (le pléonasme marche à pied est également souvent utilisé) est un...) et des qualités nautiques, à ce qu'ils aient de fortes murailles, une batterie basse suffisamment élevée au-dessus de la surface (Une surface désigne généralement la couche superficielle d'un objet. Le terme a...) de l'eau (L’eau est un composé chimique ubiquitaire sur la Terre, essentiel pour tous les...) et une solidité assez grande pour résister au poids (Le poids est la force de pesanteur, d'origine gravitationnelle et inertielle, exercée par la...) ainsi qu'au jeu de leur artillerie. Ils sont des sortes de citadelles flottantes susceptible de lutter avec avantage contre le mauvais temps (Le temps est un concept développé par l'être humain pour appréhender le...), de se mesurer contre les vaisseaux ennemis ou contre des forts, de combattre en ligne de bataille, de tenir de longues croisières et de servir dans tous les cas d'attaque ou de défense que la guerre maritime peut présenter[1]. " 

Le navire de guerre (Cet article décrit de manière générique le navire de guerre.) et particulièrement le vaisseau de ligne est donc avant tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) une " plateforme " propulsée par le vent (Le vent est le mouvement d’une atmosphère, masse de gaz située à la surface...), porteuse (Une porteuse est un signal sinusoïdal de fréquence et amplitude constantes. Elle est...) d'un " système d'armes " formé d'un nombre (La notion de nombre en linguistique est traitée à l’article « Nombre...) variable (En mathématiques et en logique, une variable est représentée par un symbole. Elle...) de batteries. La liaison entre l'artillerie, la coque et le gréement (Le gréement d'un navire à voile est constitué de l'ensemble des espars (mâts, bômes, tangons,...) doit être garante des qualités nautiques du navire (Un navire est un bateau destiné à la navigation maritime, c'est-à-dire prévu...) et de son aptitude à combattre en association avec ses homologues[2].

Coût

À la fin de l'Ancien Régime, le coût de fabrication d'un vaisseau de premier rang ( Mathématiques En algèbre linéaire, le rang d'une famille de vecteurs est la dimension du...) se répartit comme suit : 1,264 million (Un million (1 000 000) est l'entier naturel qui suit neuf cent quatre-vingt-dix-neuf...) de livres tournois pour la construction propre, 155 000 livres pour les salaires, 141 000 livres pour les vivres, soit au total ( Total est la qualité de ce qui est complet, sans exception. D'un point de vue comptable, un...) 1,56 million de livres tournois, sachant la coque représente 48,5 % du prix de la construction et l'artillerie 18,5 %.

En 1863, on évalue le prix du même vaisseau à voile (Les Voiles sont l’une des 88 constellations du ciel, visible essentiellement de...), armé, équipé, approvisionné pour une campagne (La campagne, aussi appelée milieu rural désigne l'ensemble des espaces cultivés...) de 6 mois (Le mois (Du lat. mensis «mois», et anciennement au plur. «menstrues») est une période de temps...), à la somme d'environ 3 millions de francs de l'époque [1].

Description

Coque

Vue en coupe d'un 74 canons.
Vue en coupe d'un 74 canons.

La coque du navire de ligne (Le navire de ligne est le navire de guerre qui fut le fondement de la guerre navale entre les...) est en bois de chêne (Le chêne est le nom vernaculaire de nombreuses espèces d'arbres et d'arbustes appartenant...), pour sa solidité. Elle comprend un certain nombre de ponts dont le nombre varie avec le type de navire : un vaisseau de ligne peut en comporter jusqu'à trois. Il faut environ 2 900 chênes âgés de 80 à 100 ans pour construire un 74 canons. À titre indicatif, les chantiers navals français ont construit 750 vaisseaux et frégates entre 1661 et 1792, ce qui donne le chiffre (Un chiffre est un symbole utilisé pour représenter les nombres.) impressionnant de 1 340 800 arbres abattus.

Un 74 canons mesure en moyenne (La moyenne est une mesure statistique caractérisant les éléments d'un ensemble de...) 57 m de long par 15 de large et 7 de profondeur pour un équipage de 760 hommes environ, entassés dans l'exiguïté étouffante, nauséabonde et souvent malsaine du petit volume (Le volume, en sciences physiques ou mathématiques, est une grandeur qui mesure l'extension...) fourni (Les Foúrnoi Korséon (Grec: Φούρνοι...) par les cales et les soutes, avec les canons avec tous leurs accessoires, les voiles, espars, câbles et ustensiles de rechange, des vivres pour 3 mois de campagne au moins comprenant du bétail sur pied (bœufs, moutons, volailles).

Le premier pont (Un pont est une construction qui permet de franchir une dépression ou un obstacle (cours...) reçoit la batterie basse faite des canons du plus fort calibre embarqué. Dans le cas du " 74 " il s'agit de 28 pièces de 36 livres également répartis sur les deux bords. Ces canons sont donc placé au plus bas sur le navire pour des raisons évidentes de stabilité, tout en respectant une certaine " hauteur de batterie " suffisamment élevée pour permettre au navire, une fois les sabords ouverts, de faire feu de même par gros temps. Dans le cas contraire, le navire ne peut compter que sur sa seconde ( Seconde est le féminin de l'adjectif second, qui vient immédiatement après le premier ou qui...) batterie, à la puissance (Le mot puissance est employé dans plusieurs domaines avec une signification particulière :) de feu beaucoup moins importante, ce qui le met à la merci d'un adversaire théoriquement plus faible que lui.

Le deuxième pont reçoit la deuxième batterie composée, toujours dans le cas du 74 canons, de 30 pièces de 18 livres. Il abrite également, mais sous le gaillard arrière, divers logements et, à la hauteur (La hauteur a plusieurs significations suivant le domaine abordé.) du mât (Le mât est un espar vertical (mis à part le beaupré) servant à soutenir les voiles sur un...) de misaine (« Misaine  » désigne deux choses sur un bateau :), les fours et les cuisines.

Le pont supérieur est à l'air (L'air est le mélange de gaz constituant l'atmosphère de la Terre. Il est inodore et...) libre. Il peut supporter ou non une troisième batterie complète, composée de 16 canons de 8 livres, encore dans le cadre du 74 canons. Quoi qu'il en soit, il est occupé dans sa partie centrale par les embarcations annexes du navire. Le gaillard arrière comprend les logements des officiers et la chambre du conseil, correspondant à la grande galerie de poupe.

Une visite panoramique  [flash] du pont supérieur du Victory est disponible sur le site de la BBC.

Artillerie

Le pont inférieur avec la batterie basse du Victory, en rade de Portsmouth.
Le pont inférieur avec la batterie basse du Victory, en rade de Portsmouth.

La hauteur de batterie, c'est-à-dire l'espace compris entre le plancher et le plafond (Par extension, un plafond représente le maximum de quelque chose :) de chaque pont, est fixée à 1,73 m dans le cas du 74 canons et descend à 1,62 m dans le cas du 118 canons. D'un pont à l'autre, les sabords sont d'une part placés en quinconce pour éviter que la fumée (La fumée, parfois appelée boucane en Amérique du Nord, est un nuage de particules...) du tir de la batterie inférieur ne gêne le tir de la batterie supérieure et, d'autre part, espacés suffisamment au sein de chaque batterie pour permettre le service des pièces sans que les servant des différentes pièces qui la composent ne se gênent les uns les autres. À cet effet le règlement de 1673 pour la construction des vaisseaux de guerre donne des directives très précises : chaque sabord (Le sabord est un terme d'architecture navale désignant une ouverture dans le flanc d'un navire,...) doit être espacé de 6,5 pieds.

Pour donner un ordre d'idée, chaque pièce de 36 pèse 4,35 tonnes, mesure 3,08 m de long et exige en théorie (Le mot théorie vient du mot grec theorein, qui signifie « contempler, observer,...) 14 hommes pour son service. Donc, dans l'espace restreint d'une batterie basse d'un 74 canons (voir plus haut) ce sont pas moins de 392 hommes qui s'activent au service des 28 pièces qui y sont cantonnées, soit plus de la moitié de l'équipage. Les pièces de 24 livres de la deuxième batterie pèsent 3,13 tonnes pour 2,76 m et 11 hommes d'équipage. Les pièces de 8 livres, quant à elle, ne font plus (!) que 1,4 tonne ( La tonne représente différentes unités de mesure ; Une tonne est un grand et large...) pour 2,22 m de long et 7 hommes d'équipage.

Au total et pour conserver ces bases de calcul, l'artillerie d'un vaisseau de 74 canons (Le vaisseau de 74 canons est généralement considéré comme le plus performant des vaisseaux...) pèse à elle seule 215 tonnes, sans inclure les munitions, soit 50 à 60 boulets ronds par pièce (4 440 en tout, pesant plus de 50 tonnes), sans compter les boulets ramés, les paquets de mitraille, la poudre (La poudre est un état fractionné de la matière. Il s'agit d'un solide présent...) et les ustensiles de service (palans, pinces, refouloirs, anspects, etc.).

Les mêmes calculs pour un 118 canons donnent le vertige : 32 pièces de 36, 34 pièces de 24, 34 de 12, 18 de 8 plus 4 obusiers…

Le poids de la bordée (tir simultané de toute les pièces d'un même bord) atteint 1 676 kg de fonte en un seul tir sur un 74 canons, il s'envole à 2 520 kg dans le cas du 118 canons.

Une visite panoramique  [flash] du pont de batterie inférieur du Victory est disponible sur le site de la BBC.

Gréement

La mâture est en résineux (pour sa résistance à l'effort de torsion) et les cordages sont en chanvre (Le chanvre (Cannabis sativa L.), connu aussi sous son nom latin cannabis, est une espèce de...).

Le grand mât culmine à près de 70 m et sa section inférieure est de 0,92 m pour un 74 canons, il est donc nécessaire d'associer plusieurs arbres dans sa confection en un assemblage de 4 à 9 pièces longitudinales de bois selon qu'il s'agit du mât de misaine, du grand mât ou du mât de beaupré. Le tout est cerclé de fer (Le fer est un élément chimique, de symbole Fe et de numéro atomique 26. C'est le...) pour assurer sa cohésion.

La voilure principale, placée sur trois étages et perpendiculairement par rapport à l'axe de la quille, est dite " carrée " bien qu'étant de forme trapézoïdale. Elles sont également définies comme étant portantes. Le second type de voilure, placé dans l'axe de la quille, est de forme triangulaire, trapézoïdale ou en quadrilatère (En géométrie plane, un quadrilatère (parfois appelé tétrapleure ou...) irrégulier. Comme dans le cas des voilures portantes, leur multiplication (La multiplication est l'une des quatre opérations de l'arithmétique élémentaire...) répond à la nécessité d'améliorer sans cesse les qualités manœuvrières des vaisseaux.

Les hommes du bord

Répartition des officiers et hommes d'équipage d'un vaisseau de 74 canons vers 1780 : comparaison entre les marines de France et de Grande-Bretagne (La Grande-Bretagne (en anglais Great Britain) est une île bordant la côte nord-ouest de...)[2].
Fonction Nombre d'hommes
France Grande-Bretagne
Capitaine commandant 1 1
Capitaine en second 1 -
Lieutenant 4 4
Enseigne 4 -
Total des officiers de vaisseau 10 5
Officiers de l'infanterie embarquée 2 3
Écrivain ou purser 1 1
Aumônier ou chapelain 1 1
Chirurgien major 1 1
Total des autres officiers majors 3 3
Garde marine, volontaire
ou midshipman
16 16
Maître pilote ou master 1 1
Second pilote ou master's mate 2 3
Aide (AIDES est une association française de lutte contre le VIH/Sida et les Hépatites virales,...) pilote 4 -
Total des officiers-mariniers
de pilotage
7 4
Maître d'équipage ou boatswain 2 1
Second maître d'équipage
ou boatswain's mate
2 2
Contremaître 3 -
Quartier-maître 15 10
Bosseman ou yeoman of the sheets 2 4
Patron de chaloupe (Une chaloupe est une grosse embarcation de construction plus robuste que celle d'un canot. Dans...) ou de canot (Un canot est un petit bateau non ponté manœuvré à la rame, à l'aviron, à la godille, à...) 3 1
Total des officiers-mariniers
de manœuvre
27 18
Maître canonnier 3 1
Second canonnier ou gunner's mate 3 2
Chef de pièce ou quarter gunner 37 18
Responsable de la soute (Une soute est la partie d'un bateau aménagée dans l'entrepont ou la cale où l'on...) aux poudres - 2
Total des officiers-mariniers
de canonnage
43 23
Maître charpentier (Le charpentier est un professionnel du bâtiment qui réalise et pose des assemblages participant...) 1 1
Second charpentier ou carpenter's mate 1 1
Aide-charpentier 4 8
Maître calfat 1 -
Second calfat 1 -
Aide-calfat 4 -
Maître voilier (Un voilier (ou bateau à voiles, navire à voiles) est un bateau ou navire propulsé par la force...) 1 1
Second voilier ou sailmaker's mate 1 1
Aide voilier 2 2
Total des officiers-mariniers
de réparation navale
16 14
Maître armurier 1 1
Aide armurier 1 1
Maître d'armes - 1
Caporal d'armes - 2
Total des maîtres et
aides chargés des armes
2 5
Total des officiers-mariniers
et gens de métier
95 64
Second chirurgien ou surgeon's mate 2 3
Aide-chirurgien 2 -
Apothicaire 1 -
Maître d'école - 1
Secrétaire du capitaine 1 1
Total des employés divers 6 5
Coq (Le coq est le représentant mâle adulte, principalement de plusieurs espèces presque...) 1 1
Boucher 1 -
Boulanger (Le boulanger est spécialisé dans la fabrication du pain, de ses dérivés, de la viennoiserie.) 1 -
Commis aux vivres ou steward 2 2
Maître valet 2 -
Tonnelier 1 -
Total des préposés aux vivres 8 3
Domestiques des officiers 20 10
Matelots 427 449
Mousses 65 43
Total des matelots mousses 492 492
Sous-officiers et soldats d'infanterie 100 96
Total des hommes embarqués 752 697

L'encadrement

Le capitaine commandant

Ses prérogatives

Un fait significatif est d'observer que, sur les 47 articles relatifs aux "Attributions et pouvoirs des capitaines de la flotte" de Louis XIV définis par l’Ordonnance du 15 avril 1689, 17 concernent des questions de subordination et d'organisation (Une organisation est) du travail ou de la vie (La vie est le nom donné :) à bord, que 14 articles s'appliquent à la conservation du navire, à l'armement, au désarmement et aux consommations tandis que 9 autres touchent des questions de navigation (La navigation est la science et l'ensemble des techniques qui permettent de :) ou de mouillage et seulement 7 intéressent le combat… Les deux tiers des fonctions du capitaine relèvent, d'après ce règlement, de la gestion du matériel et des ressources humaines.

L’Ordonnance du 25 mars 1786 en reprend les termes quasiment mot pour mot, hormis quelques changement mineurs qui renforcent encore le rôle de gestionnaire du capitaine :

Il prendra garde que les officiers de bord ne fassent aux gens de l'équipage aucun mauvais traitement qui puisse les décourager du service ; il aura soin de rendre justice à tous, d'entretenir la bonne intelligence dans chaque ordre, et que l'équipage soit bien ameuté (sic.). Il veillera à la propreté du vaisseau, à la bonne nourriture de l'équipage, à la conservation des matelots, à l'entretient des hardes et à tout ce qui peut contribuer à la santé de l'équipage. " 

L'image idéale du capitaine d'un vaisseau du roi correspond plus à celle du bon père de famille, ménager et prudent du bien royal, qu'à celle du bouillant homme de guerre toujours prêt à en découdre avec l'ennemi. Il faut aussi qu'il se garde de tout individualisme en exécutant fidèlement tous les ordres ou signaux provenant du navire amiral, risquant la prison s'il s'écarte de la ligne de bataille durant le combat et perd le contact avec le navire commandant sa division (La division est une loi de composition qui à deux nombres associe le produit du premier par...) (militaire).

La plupart des capitaines de la flotte royale française du XVIIIe siècle sont expérimentés et donc prudents : ils accèdent à la carrière d'officier de vaisseau vers 25 ans et doivent encore attendre 30 ans pour obtenir un commandement sur un bâtiment de ligne : l'incompétence caractérise de moins en moins fréquemment le comportement à la mer (Le terme de mer recouvre plusieurs réalités.) des capitaines… Si celui du temps de Louis XIV est surtout un chef de guerre se reposant sur ses subordonnés pour la conduite du navire, ceux qui servent (Servent est la contraction du mot serveur et client.) sous Louis XV et plus encore sous Louis XVI ont la stature (La taille humaine ou stature, est la hauteur d'un être humain. En général, si on la...) de véritables chefs de bord, maîtrisant l'usage (L’usage est l'action de se servir de quelque chose.) des instruments et possédant à fond leur navire.

Ils ne sont pas tous pour autant des parangons de vertu et de conscience professionnelle… Si la Marine royale française répugnera toujours à envoyer ses commandants défaillants devant le conseil de guerre, la Royal Navy, elle, n'aura jamais de tels scrupules, bien au contraire. Tout abandon de poste ou désobéissance était systématiquement sanctionnée par la cour martiale, n'hésitant pas à faire fusiller, le cas échéant des officier de haut rang comme l'amiral Byng, dont Voltaire écrit : " dans ce pays-ci, il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les autres. "

Sa solde

En 1786, dans la marine française, que se soit par temps de paix ou de guerre, qu'il navigue ou pas, le capitaine commandant touche une solde annuelle de 3 000 livres tournois, auxquelles les 40 plus anciens en activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) ajoutent un bonus de 600 livres. Solde à laquelle il faut rajouter une indemnité pour frais de table personnelle, perçue uniquement durant les campagnes, de 32 à 45 livres par jour (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la...).

À la même époque, dans la Royal Navy, leurs collègues paraissent beaucoup plus gâtés : le commandant d'un Man'o'war de 1er rang touche 1 £ par jour (Le jour ou la journée est l'intervalle qui sépare le lever du coucher du Soleil ; c'est la...) de mer (Le terme de mer recouvre plusieurs réalités.) effectif et demi-solde lorsqu'il n'est pas commissionné, soit 315 £ par an (7 500 livres tournois) lorsqu'il est en mer et un minimum de 180 £ annuel (4 300 livres tournois) lorsqu'il est à terre (La Terre est la troisième planète du Système solaire par ordre de distance...).

La guerre paye, surtout à cause de la vente des prises et de leur chargement (Le mot chargement peut désigner l'action de charger ou son résultat :) qui peuvent rapporter jusqu'à 5 000 £ (120 000 livres tournois) lors des très bonnes années comme ce fut le cas lors de la guerre de Sept Ans.

Les officiers majors de navigation

Le capitaine en second

Ses fonctions sont les mêmes que celles du capitaine commandant mais il est plus particulièrement chargé de la police générale du vaisseau. À ce titre, il ne doit jamais quitter le vaisseau, même lors des escales, et est censé savoir tout ce qui se passe sur le navire pour le rapporter au commandant du bâtiment, c'est pourquoi l'équipage le surnomme familièrement le " chien de bord ".

Cette position de doublure n'existe pas dans la Royal Navy.

Le lieutenant : deux conceptions opposées de l'apprentissage (L’apprentissage est l'acquisition de savoir-faire, c'est-à-dire le processus...) de l'officier de marine

Dans la Royal Navy aucun enseignement (L'enseignement (du latin "insignis", remarquable, marqué d'un signe, distingué) est une...) n'est organisé. Il faut être recommandé par sa famille et embarquer comme garçon du capitaine vers 10-12 ans, se familiariser avec l'art du matelotage (travail des cordages), avec le travail en altitude (L'altitude est l'élévation verticale d'un lieu ou d'un objet par rapport à un niveau...) en apprenant à ferler les huniers sous la direction bourrue d'un sea-daddy[3]. Un maître d'école délivre aussi à bord le bagage intellectuel minimum. Une fois seulement après avoir été admis comme midship, après cet apprentissage de 3 à 4 ans, l'aspirant officier était admis sur le gaillard d'arrière. Reste pour lui à apprendre l'usage des instruments de navigation et des cartes par le biais des travaux pratiques encadrés par les officiers. Il était admis junior officer sur proposition d'un capitaine de vaisseau après avoir réussi un examen oral de seamanship et à condition d'avoir servi au moins 6 ans en tant que midship.

Ce " dressage " permet d'une part d'éliminer les jeunes gens trop fragiles ou trop émotifs et, d'autre part, de produire des cadres opérationnel dès l'âge de 18-20 ans, ayant éprouvé les peines de l'équipage avant de les commander et connaissant sur le bout des doigts le navire et les techniques de navigation.

En France, on n'instruit pas les aspirants-officier de manière aussi rude. Leur éducation privilégie le savoir scientifique (Un scientifique est une personne qui se consacre à l'étude d'une science ou des sciences et qui...) et technique (d'excellent niveau mais ayant le tort de rester trop théorique quant à la conduite d'un navire), dispensé à terre dans une des trois compagnies des gardes de la marine à Brest, Toulon et Rochefort. Mais la sélection d'entrée se fait non seulement par les mathématiques (Les mathématiques constituent un domaine de connaissances abstraites construites à l'aide...) mais aussi et surtout par les quartier de noblesse, sous l'Ancien Régime. les textes initiaux (1683) prévoyaient des passages à bords de frégates-écoles mais, par manque de crédits, ces navires ne furent pas mis en place. Seuls une corvette et un lougre (Un lougre est un ancien type de bateau utilisé sur les côtes de la Manche et en océan Atlantique...) le furent au Havre, sous Louis XV. Après avoir effectué les exercices fatigants consistant à courir la mâture pour établir la voilure, il fallait se mettre sans répit aux cours de géométrie (La géométrie est la partie des mathématiques qui étudie les figures de l'espace...), balistique (La balistique est la science qui a pour objet l'étude du mouvement des projectiles.), anglais, physique (La physique (du grec φυσις, la nature) est étymologiquement la...), dessin, car les programmes n'étaient pas chamboulés pour autant (maladresse pédagogique). Les critiques et les plaintes virulentes des parents des " jeunes martyrs " arrêtèrent cette expérience pilote peu après l'avènement de Louis XVI et le superbe bâtiment, construit au Havre pour abriter la première école navale française, finira loué comme grenier (Le grenier (latin granarium) est un local hors-sol destiné au stockage du grain. Il peut...) à blé…

L'aspirant-officier français commence à apprendre le service de mer en devenant enseigne, et il en a le temps car si les textes prévoient un laps de temps (théorique) de deux ans avant de passer (Le genre Passer a été créé par le zoologiste français Mathurin Jacques...) au grade (Le mot grade a plusieurs significations :) de lieutenant de vaisseau, il lui faudra en réalité attendre dix ans en moyenne pour obtenir le précieux brevet…

Un lieutenant touche environ 1 600 livres annuelles, contre 800 pour un enseigne.

Dans les deux pays (Pays vient du latin pagus qui désignait une subdivision territoriale et tribale d'étendue...), en tant qu'officier de quart, chaque lieutenant est responsable tout à tour de la bonne marche du navire. Les enseignes sont soumis au même régime, sous l'autorité des lieutenant. Le uns et les autres sont très exposé au combat, que ce soit dans les batteries ou sur le pont supérieur, où ils commandent les détachements de gaillard. Ils contrôlent la maintenance quotidienne du navire, tâche toujours accomplie en liaison avec les officiers mariniers selon leur spécialité (voir plus bas).

En France, la charge (La charge utile (payload en anglais ; la charge payante) représente ce qui est effectivement...) la plus fastidieuse revient au premier lieutenant, devenu également officier de détail après la suppression de l'écrivain de bord fin 1776, tâche de gestionnaire pour laquelle il n'a ni goût (Pour la faculté de juger les belles choses, voir Goût (esthétique)) ni compétence.

L'écrivain ou pourvoyeur

Proche collaborateur du capitaine, il surveille le débit (Un débit permet de mesurer le flux d'une quantité relative à une unité de temps au travers...) des fournitures embarquées, prévoit ce dont il faudra se réapprovisionner aux escales. Il est le garant de la distribution régulière des rations.

Un écrivain zélé et soucieux du bien-être (Le bien-être ou bienêtre est un état qui touche à la santé, au plaisir,...) de l'équipage joue (La joue est la partie du visage qui recouvre la cavité buccale, fermée par les...) un rôle essentiel lors de l'avitaillement en surveillant (Un surveillant ou conseiller d’éducation ou assistant d’éducation, est une...) la qualité des vivres, l'embarquement de cargaisons de biscuits ou de salaisons gâtées ayant des conséquences dramatiques une fois en mer.

Le purser britannique était aussi marchand, fournissant des produits tels que charbon, bois de chauffage (Le chauffage est l'action de transmettre de l'énergie thermique à un objet, un...), chandelles, huile (L'huile est un terme générique désignant des matières grasses qui sont à...) de lampe et hamacs, ainsi que vêtements d'équipage et tabac à l'équipage, à un tarif convenu et retenu sur leur salaire. Il servait aussi de banquier en avançant de l'argent (L’argent ou argent métal est un élément chimique de symbole Ag — du...) à un taux raisonnable de 5 % aux officiers et matelots, et s'occupait assez fréquemment de la liquidation des prises, une opération assez fructueuse.

L'équipe médicale

Sur un 74 français, l'équipe médicale se compose du chirurgien-major, de deux second-chirurgiens, deux aides-chirurgiens et un apothicaire. Quelques matelots lui sont affectés comme infirmiers/servants, traditionnellement le prévôt, c'est-à-dire l'homme chargé des punitions corporelles sur le vaisseau (le bourreau, donc), et ses sbires…

Ils officient au pont le plus bas du vaisseau (en anglais : l’orlop deck), relativement à l'abri des coups car situé en dessous de la ligne de flottaison. Il est peint en rouge (La couleur rouge répond à différentes définitions, selon le système chromatique dont on fait...) sang (Le sang est un tissu conjonctif liquide formé de populations cellulaires libres, dont le...) pour que celui des marins blessés se remarque moins. Le chirurgien opère dans sa cabine (Sur un bateau, une cabine désigne une pièce d'habitation pour une ou plusieurs personnes. Une...), souvent à même le sol, dans la quasi-obscurité d'une lampe à pétrole (Apparue vers 1853, la lampe à pétrole est un luminaire constitué d'un réservoir...), au milieu des hurlements des blessés et des cris d'agonie des mourants, la fumée et le bruit (Dans son sens courant, le mot de bruit se rapproche de la signification principale du mot son....) des canons en toile de fond, une image proche de l'enfer[4].

Si la chirurgie (La chirurgie est une technique médicale consistant en une intervention physique sur les...) est encore considérée comme un " art mécanique ", les chirugiens ne sont pourtant plus, au XVIIIe siècle, ces hommes de bonne volonté servant tout à tour de barbier-boucher et aidant à la manœuvre comme on en rencontre encore à cette époque sur les terre-neuvas… Ils ont enrichi leur bagage intellectuel et se sont " médicalisés ", se rapprochant peu à peu du commun des praticiens hospitaliers. Ils sont instruits dans les écoles de Rochefort, Brest et Toulon, et la première des trois à longtemps joué le rôle d'école pilote en matière de santé navale et de médecine (La médecine (du latin medicus, « qui guérit ») est la science et la...) tropicale, où les élèves revoivent une éducation très complète, comprenant même des cours d'obstétrique (L'obstétrique est une spécialité médico-chirurgicale qui a pour objet...).

Il n'y a pas de médecin (Un médecin est un professionnel de la santé titulaire d'un diplôme de docteur en...) à bord des vaisseaux, sauf sur le navire hôpital (Un hôpital est un lieu destiné à prendre en charge des personnes atteintes de...) pouvant accompagner la flotte. À ce titre, le chirurgien de bord soigne les diverses affections, fièvres ou maladies de l'équipage et des passagers, établissant à ce titre des diagnotics et prescrivant des remèdes, ce qui leur est formellement interdit par les médecins quand ils sont à terre…

Leur salaire annuel est de 1 500 à 2 000 livres, soit plus qu'un lieutenant.

L'aumônier naval (Naval est une municipalité de la province de Biliran sur l'île de Biliran aux Philippines.)

Formé au séminaire de Rochefort, les tâches de l'aumônier naval de la fin du XVIIe siècle tendent à se rapprocher de celles d'un curé ou d'un vicaire, comme s'il desservait une paroisse de mer. À la différence près que l'ordonnance de 1689 précise que la messe se dira non seulement les dimanches et fêtes, mais aussi " les autres jours aussi souvent qu'il sera possible. "

L'aumônerie navale n'attire pas les vocations : d'une part elle s'exerce dans des conditions très précaires et, d'autre part, elle est très loin de la quiétude - même austère - de la vie d'une église (L'église peut être :) et du presbytère (Le presbytère (du latin presbyterium, du grec presbuteros : ordre ou sacerdoce des...) attenant : logé dans la batterie basse vers la Sainte Barbe, sa chambre est un réduit de toile entourant une couchette en sapin (Les sapins sont des arbres conifères du genre Abies originaires des régions...) (son seul luxe par rapport à l'équipage) ainsi qu'un coffre où il range les ornements de l'autel portatif.

Il reçoit la paye d'un quartier-maître.

L'expulsion des jésuites en 1762 aggrave le problème de recrutemement après la fermeture (Le terme fermeture renvoie à :) des séminaires de Toulon et de Brest. À Rochefort, les jésuites sont remplacés par des récollets qui n'ont pas la même " pointure " intellectuelle que leurs prédécesseurs.

Les textes réglementaires et les rares témoignages nous montrent un homme dont la position semble incommode et difficile à tenir : trop familier avec l'équipage, il devient vite l'objet (De manière générale, le mot objet (du latin objectum, 1361) désigne une entité définie dans...) de mépris des officiers majors ; trop servile vis à vis du " petit monde (Le mot monde peut désigner :) de la dunette ", il reste " l'homme, l'obéissance, au nom de la volonté divine, le soutien moral à l'ordre social et hiérarchique du bord "[2]

La situation (En géographie, la situation est un concept spatial permettant la localisation relative d'un...) du chapelain de la Royal Navy ne semble pas meilleure, quand il dit les grâces à la table du capitaine et aide le secrétaire de ce dernier à y faire le service, comme s'il faisait partie de sa domesticité…

La maistrance

Elle entraîne et encadre l'équipage. Le choix judicieux de ces professionnels était l'assurance de revenir à bon port : un navire pouvait supporter un mauvais commandant, se contenter d'un état-major médiocre et embarquer un équipage hétérogène peu rompu à l'exercice de la mer, mais il se trouvait vraiment en mauvaise posture (En posturologie, la posture est l'élaboration et le maintien actif de la configuration des...) si la maistrance ne se montrait pas à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre d'elle.

Dans la marine britannique 
Le premier homme de la maistrance est le master (pilote / navigateur), c'est-à-dire celui qui détermine la route (Le mot « route » dérive du latin (via) rupta, littéralement « voie...) à suivre et choisi les mouillages dans les rades foraines. S'il règne sans partage dans la marine marchande (Le terme marine marchande désigne tout ce qui fait l'objet, ou qui est en rapport, avec le...), il est un peu au second sur un Man'o'war où les officiers savent souvent mieux que lui calculer la position exacte du navire, mais il reste indispensable pour sa connaissance de la mer et surtout des atterrages. Le rôle de son homologue français est identique, même si sa place dans la hiérarchie est moindre. On lui adjoint un second et des aides, il donne les ordres au timonier et vérifier l'exactitude des instruments dans la timonerie rentre dans ses attributions.
Dans la marine française 
la position prédominante de la maistrance est dévolue au premier maître ou maître d'équipage. Il est " l'œil et la main du navire qui doit se trouver partout." Il porte fièrement autour (Autour est le nom que la nomenclature aviaire en langue française (mise à jour) donne...) du cou (Le cou est la région du corps qui est située entre la tête et le reste du corps...) le rossignol, sifflet d'argent qu'il considère comme signe de son grade, ainsi que le porte-voix car le bosco doit pouvoir se faire entendre d'un bout à l'autre du navire. Il est le patron tout puissant de l'équipage et a un rôle technique primordial puisque le garant du bon état des agrès et apparaux du navire, des échelles, haubans, palans, cordages et autres grelins.

Le bosco n'agit pas seul puisqu'une vingtaine d'hommes se situent dans sa mouvance. Son second s'occupe du secteur du gaillard d'avant compris entre le mât de misaine et le mât de beaupré. Sous les ordres du premier-maître se trouvent également les quartier-maîtres, chacun responsables d'un secteur dans la mâture. Ils sont 15 sur un 74 canons et sont au plus près de l'équipage, qu'ils guident aux manœuvres et désignent pour les multiples corvées.

Les gens du canonnage 
Ils forment une société à part dans le navire, avec leurs usages, leur hiérarchie en propre et leurs locaux, sévèrement gardés et cadenassés, où seuls eux ont droit de pénétrer. Les maîtres canonniers sont les responsables techniques à part entière des batteries et de la manutention périlleuse de pesants matériels et des produits inflammables attachés à leur profession. Seuls sous Louis XIV, ils sont trois sous Louis XV et Louis XVI, aidés par des seconds-canonniers assistés eux-mêmes par des aides-canonniers ou chefs de pièce. On compte un chef de pièce pour deux canons (une batterie ne tire jamais en même temps à bâbord et à tribord). Presque tous sont d'anciens matelots montés en grade et ayant suivi durant une année (Une année est une unité de temps exprimant la durée entre deux occurrences d'un évènement lié...) entière l'école des apprentis canonniers. Malheureusement la guerre exige souvent une formation accélérée des chefs de pièces... Sur le Zodiaque, en 1757, lors d'une bataille dans l'Océan Indien (L’océan Indien s'étend sur une surface de 75 000 000 km². Il est limité au nord...), le comte d'Estaing demande au premier lieutenant pourquoi il a désigné le boulanger du bord comme chef de pièce : on lui répond qu'habitué au feu du four (Un four est une enceinte maçonnée ou un appareil, muni d'un système de chauffage...), le mitron devrait l'être au feu du canon…[2]
Les maîtres de métier 
Ils dirigent de véritables équipes de maintenance qui font du vaisseau une entreprise itinérante de réparation navale, car le vaisseau s'use au fil d'une campagne, ainsi que dans les cas d'avarie ou de casse après une tempête (Une tempête est un phénomène météorologique violent à large...) ou un combat. Celui qui domine cette catégorie est le maître charpentier, tout aussi bien considéré que le premier maître, le maître pilote ou le maître canonnier et, dans la Royal Navy, jouit généralement de l'estime et du respect du capitaine commandant. Assisté sur les plus grands vaisseaux de deux seconds et d'une demi-douzaine d'aides, son domaine comprend toutes les parties de bois, du gouvernail (Le gouvernail est une partie mobile d'un bateau, ou d'un avion.) à la mâture dans son entier, et leur visite constitue son devoir quotidien. Lui et son équipe sont particulièrement exposés lors du combat puisqu'ils doivent agir, comme les autres combattants sous le feu de l'ennemi où le navire prend des coups : rabouter des espars sur le pont balayé par la mitraille, obturer les brèches avec des planches et des pellardeaux, tâche confiée au maître calfat et à ses aides dans la marine française, ainsi que le contrôle (Le mot contrôle peut avoir plusieurs sens. Il peut être employé comme synonyme d'examen, de...) du fonctionnement des pompes et la vérification de la sentine, dont l'odeur doit être de préférence nauséabonde, l'absence d'odeur pouvant être causée par une voie d'eau dans les " coutures "[5] du navire. Le navire possède aussi un maître voilier qui règne sur le plus grande partie du navire : le " phare "[6] atteint 3 240 m² sur une navire de premier rang.

D'autres maîtres ouvriers sont embarqués sur le navire, mais sans avoir le rang d'officier marinier : le maître armurier, un forgeron, un chaudronnier (Le nom de chaudronnier désigne plusieurs métiers :) et même un vitrier, ainsi qu'un coq, un boucher et un boulanger (dans la marine française)…

Soldats et matelots

Le terme " matelot " vient du néeerlandais mattenoot, qui signifie compagnon de même couche. Effectivement les matelots partagent à deux le même hamac sans jamais se croiser : quand l'un quitte son service, l'autre le prend, on dit alors qu'ils sont amatelotés. Cela créée une liaison très forte, une solidarité très profonde, une fraternité de gens de mer.

Dire que le matelot est un exécutant voué à la manœuvre du gréement et des ancres est une définition (Une définition est un discours qui dit ce qu'est une chose ou ce que signifie un nom. D'où la...) trop étroite pour refléter fidèlement la réalité car ils sont en fait des hommes à tout faire sur le navire : hormis les tâches de manutention et d'arrimage (L’arrimage, dans le domaine de l’astronautique, est la fixation d’une charge...) des charges, il connaissent les rudiments du travail de cordier, de charpentier, de calfat, et savent pour une bonne partie d'entre-eux coudre une voile.

On constate une division verticale (La verticale est une droite parallèle à la direction de la pesanteur, donnée notamment par le...) du travail : les matelots appelés à travailler dans la mâture, notamment les gabiers, sont désignés aussi sous le nom de " marins de haute paie ". Ils sont l'élite des matelots et représentent le tiers des hommes sur un navire. Les autres, restant sur les ponts, sont moins considérés et moins payés, et sont affectés aux manœuvres exténuantes des palans de voiles.

La manœuvre de la voilure ne justifie pas à elle seule le nombre important d'hommes sur un navire de guerre : 150 hommes suffisent pour manœuvrer un trois-mâts (Un trois-mâts est un navire à voile comportant trois mâts. Il s'agit du gréement courant pour...) carré (Un carré est un polygone régulier à quatre côtés. Cela signifie que ses...) de 1 500 tonneaux, rien qui justifie donc des équipages de 700 hommes et plus tels qu'on les rencontre sur les navires de premier rang. C'est le service des batteries qui est un véritable dévoreur d'effectifs (voir la section Artillerie plus haut) : la répartition des postes de combat montre que 77 % des hommes sont affectés aux canons, la force (Le mot force peut désigner un pouvoir mécanique sur les choses, et aussi, métaphoriquement, un...) d'un navire de ligne passant avant tout par la puissance de son artillerie.

L'équipage se partage les hamacs (dont le nom courant "branle" a amené "branle-bas de combat") accrochés 50 cm au-dessus des canons des première et deuxième batteries.

Affiche de recrutement d'une compagnie de fusiliers-marins.
Affiche de recrutement d'une compagnie de fusiliers-marins.

L'apparition de troupes d'infanterie de marine à bord des vaisseaux date de bien avant l'adoption de la formation de combat en ligne de bataille, époque où le combat au corps-à-corps entre flotte est alors prédominant. Toutefois, l'adoption de la ligne ne remet pas en cause la présence de l'infanterie de marine sur les navires, car le combat " à portée de pistolet " ne disparaît pas pour autant, et les décharges nourries de mousquetterie et les projections de grenades à main sont autant de facteurs gênant la manœuvre de l'adversaire. Ils sont également d'un appoint très appréciable en cas d'abordage d'un navire ennemi, en offensive comme en défensive.

Les soldats de marine peuvent aider aux cabestans au départ du port et sont aussi affectés au service du canon et à la distribution des munitions. Ils sont également chargés du maintient de l'ordre à bord par des patrouilles et des postes de garde aux points névralgiques du navire (accès à la dunette (Une dunette est une superstructure d'un bateau s'étendant sur toute la largeur et située à...) et à l'armurerie attenante par exemple). Ils peuvent être aussi amenés à réprimer des actes de désobéissance voire des tentatives de mutinerie.

Colbert en créera deux régiments, le Royal Marine et l’Amiral, mais qui, à peine formés seront versés au début de la guerre de Hollande dans l'armée de terre, tout en conservant leur nom, Louvois et les généraux étant opposés à ce que la marine soit dotée de régiments propres. Pour pallier ce mauvais tour, Seignelay forme d'abord des détachements de soldats-gardiens pour surveiller les ports-arsenaux puis obtient la création de compagnies franches de marine (il en créera cent en tout, une force considérable !), chacune comprenant une centaine d'hommmes, contrôlée par la marine et payée par le Département de la Guerre. Une compagnie est commandée par un lieutenant ayant reçu une commission de capitaine d'infanterie par le roi, touche de lui 2 écus par recrue et 50 livres mensuelles pour ses frais annexes en plus de son traitement habituel.

Les hommes du rang touchent 9 livres par mois, soit 3 livres de moins qu'un matelot de basse paie. Le soldat de marine est engagé pour 6 ans. La réputation de ces troupes n'est pas fameuse et leur tenue laisse à désirer. Choiseul les supprime donc lors de ses réformes de 1761 : les troupes seront fournies par l'armée de terre. La marine britannique, elle, suit la logique (La logique (du grec logikê, dérivé de logos (λόγος),...) inverse (En mathématiques, l'inverse d'un élément x d'un ensemble muni d'une loi de...) et s'est dotée de son premier régiment de marines dès 1755.

Les compagnies franches sont recréées fin 1774 par la formation d'un Corps Royal d'infanterie de marine comprenant 100 compagnies de fusiliers et 3 de bombardiers (lançant des grenades et aptes à servir le canon) réparties en 3 divisions, au service exclusif de la marine et commandé par ses propres officiers.

Conditions de vie à bord

" Le vaisseau était une espèce (Dans les sciences du vivant, l’espèce (du latin species, « type »...) d'enfer flottant. […] C'était un âge très brutal […]. On était habitué aux maladies, aux douleurs, à la brutalité. C'est-à-dire que la vie sur le vaisseau était en quelque sorte le comble de la vie normale pour des gens en ce temps-là[4]. " 

L'arche de Noé (L'arche de Noé, d'après la Bible, est une grande embarcation flottante construite sur l'ordre de...)

Vue d'une section en coupe du HMS Essex, au niveau du grand mât.
Vue d'une section en coupe du HMS Essex, au niveau du grand mât.

Les animaux sont très présents à bord. On y constate d'abord une faune native : outre les puces, scorpions, mille-pattes, cafards et autres insectes (Insectes est une revue francophone d'écologie et d'entomologie destinée à un large...) parfaitement adaptés à la vie maritime, on y trouve des rats (qui justifient la disparition des vivres). Ces derniers sont avidement pourchassés par l'équipage quand les produits frais manquent complètement (Le complètement ou complètement automatique, ou encore par anglicisme complétion ou...) car ils ont la réputation de combattre le scorbut (Le scorbut (prononciation /skɔʁbyt/ en France, /skɔʁby/ au Québec) est...) (!) car " ils sont en effet parmi les seuls animaux de la création qui fassent eux-même la synthèse de la vitamine C : par conséquent en mangeant du rat (Le mot « rat » désigne en français, dans le langage vernaculaire...), on mangeait un peu de vitamine C (La vitamine C est une vitamine hydrosoluble sensible à la chaleur et à la lumière.), surtout si on mangeait ses abats !" [7].

On peut y ajouter des animaux de compagnie, importés par l'équipage, tel des chats, des chiens, des perroquets et autres mainates, des singes…

Toutefois le mode animal (Un animal (du latin animus, esprit, ou principe vital) est, selon la classification classique, un...) est surtout représenté par du bétail et de la volaille (Une volaille est un oiseau domestique, appartenant généralement aux gallinacés ou...). Dans le Mercure de France, en 1691, on recense à bord d'un navire de 250 hommes d'équipage une véritable basse-cour : 500 poules en cages, 8 bœufs, 2 vaches à lait, 4 truies, 1 verrat, 12 cochons, 24 dindes, 48 canards, 24 moutons, 12 oies, 6 veaux et 36 pigeons ", l'auteur ajoute : " où se mettre pour respirer ? "[8].

Effectivement, le premier pont du navire de ligne dégage une odeur pestilentielle : tous les sabords sont fermés la nuit pour des raisons de sécurité, et l'odeur des bêtes se mélange (Un mélange est une association de deux ou plusieurs substances solides, liquides ou gazeuses...) à celles des malades, des 300 hommes qui dorment dans des vêtements suintant l'humidité (L'humidité est la présence d'eau ou de vapeur d'eau dans l'air ou dans une substance...) et la sueur (La sueur est un liquide secrété par les glandes sudoripares lors du phénomène...), ou encore celle des " commodités "…

Le navire est un magasin, un atelier, un arsenal ainsi qu'une réserve de nourriture et de liquide (La phase liquide est un état de la matière. Sous cette forme, la matière est...). On doit y emporter tout le nécessaire : rechange et produits consommables, des chandelles aux munitions, sans oublier le sel. Bref tout ce qu'il faut à un équipage pour vivre et travailler entre 3 et 6 mois sur mer de manière à être autonome dès la sortie du port et dans toutes les situations : le succès d'une campagne dépend avant tout de la préparation matérielle. C'est pourquoi le navire embarque d'énormes quantités de grains et de foin sans lesquelles les bêtes " de boucherie " auraient dépéri. On emporte aussi des montagnes de bois à brûler et de charbon pour les cuisines. Des milliers de bariques contenant vivres, eau, vin, bière (dans les flottes nordiques), rhum, sont soigneusement arrimées dans la cale : un 74 canons emporte 2 100 hectolitres d'eau, 1 000 hl de vin, 50 t de biscuit, 15 t de salaisons et 16 t de légumes secs, le tout pour 6 mois sauf l'eau, prévue pour 3 mois.

La discipline

Si la marine des Lumières se veut plus humaine que celle de Louis XIV, la discipline à bord n'en est pas moins terrible (Le Terrible était un vaisseau de ligne de 2e rang et de 78 canons, dessiné par François Coulomb,...), comme le prouve la simple lecture du règlement de discipline lu à bord de chaque navire de sa Gracieuse Majesté le Roi, chaque quatrième dimanche du mois après l'office religieux, facultatif alors que le premier reste obligatoire : " […] sera puni de mort tout homme qui se sera rendu (Le rendu est un processus informatique calculant l'image 2D (équivalent d'une photographie)...) coupable d'avoir fomenté ou participé à un complot contre l'autorité du commandant ou contre la sûreté du bâtiment, […] d'avoir prononcé des paroles séditieuses ou ayant le caractère d'une mutinerie, […] d'avoir outragé un officier supérieur par paroles, geste ou menace, […] de s'être querellé avec un supérieur ou d'avoir refusé d'obéir à un ordre légal. "[9]. Sauf cas contraire la peine est appliquée aux yeux de toute la flotte réunie.

Tous les autres délits sont sanctionnés par un arsenal de châtiments corporels : les fers (menotté aux chevilles en enchaîné comme un forçat), la cale (suspendu par un filin à 20m au dessus de l'eau, l'homme est précipité (En chimie et en métallurgie, un précipité est la formation d'une phase...) dans le vide (Le vide est ordinairement défini comme l'absence de matière dans une zone spatiale.) et s'arrête violemment au raz de l'eau, c'est la cale sèche, ou est plongé en mer et traîné sous la carène, c'est la grande cale), les coups de garcette (Une garcette est un petit cordage court, généralement récupéré par l'équipage sur un cordage...) ou de chat à neuf queues administrés par série de 10 ou 12 coups devant tout l'équipage. Les fautes les moins graves sont punies par des privations de vin ou des amputations de solde. les peines sont prononcées arbitrairement par le capitaine et par lui seul.

Les hommes sont frappés également, sans avoir commis de faute, par la maistrance parce qu'ils n'exécutent pas les tâches assez vite ou pas assez bien, pratique tolérée par les autorités de la plupart des marines européennes. Ils sont aussi battus pendant les batailles quand ils ne font pas leur devoir, comme en attestent les Mémoires de Duguay-Trouin.

La discipline est si forte que, malgré la dureté (Il existe différentes définitions de la dureté : pour un solide (minéral ou métal) et...) des sévices corporels endurés, les cas de mutinerie restent une exception : 5 cas entre 1706 et 1788 dans la marine de guerre française (5 fois moins que dans la marine de commerce). Il faut cependant souligner qu'une mutinerie en haute mer ne pouvait s'envisager qu'avec l'aide de l'un des officiers (celle du Bounty, la plus célèbre sans doute, y mêlait le second Fletcher Christian), seuls à savoir faire le point et donc de donner la route. Cette option est évidemment rare, les officiers étant très peu nombreux sur un navire.[2].

Une vie réglée au son de la cloche

Vue de la cloche servant à piquer les demi-heures de quarts
Vue de la cloche servant à piquer (Le verbe « piquer » a de nombreuses acceptions :) les demi-heures de quarts

Les 2 cloches du bord (une grosse et une petite) rythment la vie à bord en marquant les principaux évènements de la journée. Elles sont des objets emblématiques du vaisseau au même titre que la figure de proue (Une figure de proue est une figure qui se trouve à la proue, sous le beaupré d'un navire.) et que le pavillon.

La grosse cloche sonne les quarts tandis que la petite " pique " les demi-heures des quarts. Les quarts, dans la marine de guerre française, divisent la journée en 5 parties au XVIIIe siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...) (4 fois 6h00 auparavant, d'ou le nom de quart) :

  • midi à 18h ;
  • 18h à minuit ;
  • minuit à 4h ;
  • 4h à 8h ;
  • 8h à midi.

Pour mesurer le temps on sert dans un premier temps d'un sablier, les meilleures montres et autres horloges de terre se détraquant en environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...) marin, et ce jusqu'à l'invention du chronomètre par l'horloger français Le Roy, en 1766, revu et corrigé par l'horloger suisse Ferdinand Berthoud qui en met au point la version définitive vers 1790, avec pivots sur chapes de rubis (Le rubis est la variété rouge de la famille minérale corindon. Sa couleur est...).

Le navire se réveille à 8h00 en hiver (L'hiver est une des quatre saisons des zones tempérées.) et 7h00 en été. Après le branle-bas tous les marins sont réunis sur les gaillards, agenouillés pour le Veni Creator entonné par le prêtre du bord. Seulement ensuite leur est servi le petit déjeuner. Le matin est consacré à l'entretien du navire. Le déjeuner a lieu à 11h30. L'après-midi est consacré, lui, à l'exercice du canon et du gréément, dirigés par la maistrance, parfois sous l'œil des officiers du bord ; ils servent à repérer les meilleurs éléments, à amariner les nouveaux et à endurcir les plus jeunes. Le souper est donné après l'angélus et les prières du soir. On se couche tôt, entre 19h et 20h.

Alimentation et Santé

Alimentation

Une alimentation monotone est le pain quotidien du matelot. Il mange énormément de légumes secs de type fayots, pois (Le pois (Pisum sativum L.) est une espèce de plante annuelle de la famille des...) chiches ou gourganes[10]. Paradoxalement, il y a très peu de poisson (Dans la classification classique, les poissons sont des animaux vertébrés aquatiques...) au menu, les marins de l'époque ne pêchant pas, il eu fallu pour cela disposer de temps, luxe que n'avaient pas les matelots des flottes de guerre de l'époque... Le tout est arrosé de 70 cl de vin par jour, bu en 3 fois, qui peut être remplacé par 1,4 l de bière ou de cidre pour les flottes de la Manche seulement[2]. La ration quotidienne de biscuit est de 540 g, et le régime alimentaire (Pour les régimes alimentaires d'ordre culturel pratiqués par l'Homme voir pratique...) est quasi totalement dépourvu d'œufs, de laitages, de fruits et de légumes verts essentiels pour l'entretien du corps. Il ne s'agit pas là d'un problème d'argent mais de conservation des denrées alimentaires, seuls les légumes secs et les salaisons se conservant durant les 6 mois de campagne… salaisons qui se corrompent plus ou moins vite suivant leur exposition ou non à un climat tropical (Le climat tropical est un type de climat présent entre les tropiques, généralement...), légumes secs qui se charançonnent au bout de quelques mois, et biscuit de mer qui, lui, est investi par les vers ; ceux-ci sont loins de dégoûter les marins qui les considèrent comme un apport de protéines supplémentaire.

On note toutefois quelques attachements singuliers (et nationaux) à des pratiques anciennes dans les habitudes alimentaires des marins, comme le pain frais dans la marine française.

Toutefois, la ration alimentaire reste très insuffisante, de 3 500 à 4 000 calories par jours pour un homme normal et de 6 000 calories par jour s'il est astreint à un travail pénible, le marin français de l'époque de Louis XVI ne bénéficie que de 3 560 calories par jour et encore, les jours fastes, ration qui tomde à 2 900 calories les jours maigres, sachant que le bisuit de mer fournit à lui seul 55 à 68 % des apports caloriques.

Après 35 jours de campagne, le repas principal se réduit à un bout de fromage ou à une soupe de légumes secs 3 jours sur 7.

Le matelot et le marine britannique sont, eux, bien mieux nourris que leurs congénères français : ils mangent deux fois plus de viande, et un peu moins de biscuit, compensé par une sorte de porridge à base de bouillie d'avoine le matin. De plus la Navy accomplit des actions novatrices dans le domaine de l'alimentation qui vont creuser l'écart avec la Royale : mise en place de "noria (Une noria est une machine hydraulique qui sert à élever de l'eau et qui fonctionne suivant le...)" de petits navires pour apporter des vivres frais aux vaisseaux qui font le blocus des côtes françaises, par exemple, ou mise en place dans la dotation des équipages de bœuf en gelée ou en cube (En géométrie euclidienne, un cube est un prisme dont toutes les faces sont carrées....) déshydraté pendant la guerre de Sept Ans.

La marine néerlandaise, elle, détient le record de la ration de bière journalière : 8 litres par homme. Quant à la marine russe, elle détient le record de pingrerie en matière de viande (100 grammes par jour et par homme) et plus encore de poisson (46 grammes de morue (Morue (ou cabillaud) est un nom vernaculaire désignant en français des poissons de...) séchée)[2]

Un autre problème majeur, sur un vaisseau de ligne, est celui de la corruption de l'eau. Sur un 74, il ne faut pas moins de 2 500 à 3 000 litres d'eau par jour pour la boisson des hommes et du bétail ainsi que pour les besoins de la cuisine (La cuisine est l'ensemble des techniques de préparation des aliments en vue de leur...). Pour le reste (lessive et toilette), l'équipage doit se contenter d'eau de mer (L'eau de mer est l'eau salée des mers et des océans de la Terre.). La ration journalière se monte à environ 2 litres par jour et par homme.

Dès les premières semaines l'eau présente une activité bactérienne : elle prend une couleur (La couleur est la perception subjective qu'a l'œil d'une ou plusieurs fréquences d'ondes...) rougeâtre et se met à sentir tellement qu'il faut la boire sans respirer ou en la filtrant au travers d'un linge pour en éliminer les vers… pour pallier ce problème, on mélange l'eau des futaies avec un peu de vinaigre (Le vinaigre est un liquide acide (pH généralement compris entre 2 et 3), obtenu...), ou on y met des clous rouillés[2].

Santé

Le lien entre nourriture et santé reste très fort, comme encore aujourd'hui. Le déséquilibre du régime alimentaire des marins, notamment dans l'apport journalier des vitamines du fait du manque de produits frais, est à la source de carence provoquant à court terme des maladies comme le scorbut (cf. supra), des retards de croissance chez les plus jeunes, voire le rachitisme, ainsi que des maladies de peau (La peau est un organe composé de plusieurs couches de tissus. Elle joue, entre autres, le...) et une baisse de l'acuité visuelle.

Les épidémies, comme la dysenterie (La dysenterie est une maladie infectieuse du côlon chez l’humain, qui peut être...) ou le typhus (Le typhus (du grec τῦφος typhos: stupeur, torpeur) est le nom...), provoquées par l'ingestion de nourriture avariée ou gâtée ou le manque d'hygiène (L'hygiène est un ensemble de mesures destinées à prévenir les infections et...), prennent des proportions catastrophiques sur l'eau du fait de la promiscuité des marins et de l'impossibilité d'isoler les malades hormis avec un simple carré de toile. L'expédition Hozier de la Royal Navy dans les Antilles (Les Antilles sont un vaste archipel situé dans la mer des Caraïbes. L'archipel forme un...), menée en 1726 contre l'Espagne, s'est soldée par la mort de 4 000 hommes sur les 4 750 qui en prirent le départ.

L'hygiène corporelle n'est pas le souci premier du capitaine d'un vaisseau. Le savon (Le savon est un objet liquide ou solide composé de molécules amphiphiles composées...) est encore un produit de luxe, et le branle-bas de propreté n'est pas systématique (En sciences de la vie et en histoire naturelle, la systématique est la science qui a pour...), surtout pas en cas de mauvais temps, et se laver fréquemment avec de l'eau de mer provoque, de toutes façons, des ulcérations de la peau.

L'alcoolisme (L'alcoolisme est l'addiction à l'alcool ([[éthanol[[) contenu dans les boissons...) et les maux vénériens figurent parmi les maladies les plus fréquentes des matelots.

En mortalité de crise, les pertes oscillent entre un cinquième et plus de la moitié (le record, si on peut appeler ça un record, est de 61,6 % sur un navire de la Royale (le Palmier) au XVIIIe siècle). En mortalité ordinaire, le taux de perte varie entre 8 et 15 % selon les destinations et la durée de la mission, taux similaire à celui de la marine marchande. Cela n'inclut pas les décès en captivité ni ceux survenus dans les hôpitaux à terre (+ 3 à 5 %).

Le combat

Le combat naval, l'ultime rôle du Man'o'war : le Victory à la bataille de Trafalgar, entouré de deux Man'o'War français.
Le combat naval, l'ultime rôle du Man'o'war : le Victory à la bataille de Trafalgar, entouré de deux Man'o'War français.

" Savez-vous ce qu'est un combat naval ? On manœuvre, on se tire des coups de canon, puis chacune des deux armées navales se retire, et la mer n'en est pas moins salée[11]. " 

Le vaisseau en campagne n'est pas forcément un vaisseau navigant : plus le navire est imposant et difficile à manœuvrer, moins il sert effectivement. Dans la Royal Navy, un " 3 ponts " reste les 4/5 du temps au mouillage durant la campagne, alors que dans le même temps, le sloop (Au temps de la marine à voile, le sloop déformation anglophone de chaloupe, ou plus exactement le...) ou la corvette, voire la frégate, passent les 3/4 de la campagne à sillonner les mers.

Durant le combat, sur un 74, la plupart des matelots sont astreints au service des pièces, il ne reste qu'un centaine d'hommes pour la manœuvre du navire sur le pont.

La ligne de bataille reste la formation de combat par excellence du Man'o'war ; se reporter à cet article.

Les écarts sensibles entre les pertes subies par les marines de guerre britannique et française au cours des affrontement successifs qui les mettront aux prises s'expliquent par deux approches tactiques différentes. Les Français tirent " à démâter " pour immobiliser l'adversaire alors que les Britanniques tirent " plein bois " dans la coque, pour neutraliser l'ennemi en détruisant ses batteries et, par conséquent en causant le plus de pertes possibles à son équipage. Le prince de Joinville écrit dans ses Vieux Souvenirs : " Nos équipages étaient d'une vaillance, qui a souvent été jusqu'à l'héroïsme, mais ils ne savaient rien ; ils recevaient la mort sans la donner ; tous les boulets anglais portaient ; tous les boulets français s'en allaient en l'air. "[12]

Le Téméraire conduit à la casse, de Turner, illustre parfaitement la fin de la marine à voile au profit de celle à vapeur, symbole de la 1re Révolution Industrielle
Le Téméraire conduit à la casse, de Turner, illustre parfaitement la fin de la marine à voile au profit de celle à vapeur (), symbole de la 1re Révolution Industrielle

Bibliographie

(en rédaction)

Filmographie

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Notes et références

  1. ab Edmond Pâris et Pierre de Bonnefoux, Dictionnaire de la marine à voile [détail des éditions].
  2. abcdefgh Martine Acerra et André Zysberg, L'Essor des marines de guerre européennes, 1680-1790 [détail des éditions]
  3. Gabier guidant les premiers pas sur la toile
  4. ab W. Smith in Histoire de la marine, de D. Costelle, éditions Larousse, 1979.
  5. Joints entre les bordages (solives constituant la coque) du navire.
  6. L'ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) des voiles déployées.
  7. Médecin général Niaussat, in Histoire de la marine, de D. Costelle, éditions Larousse, 1979
  8. R. Challe, Journal d'un voyage fait aux Indes Orientales, in Mercure de France, 1690-1691.
  9. in Lieutenant de marine, de C.S. Forrester
  10. Sorte de fève (La fève (Vicia faba L.) est une plante annuelle. C'est une légumineuse de la famille des...) des marais (En géographie, un marais est un type de formation paysagère, au relief peu...)
  11. Maurepas
  12. in Histoire des marins français, 1789-1815, du Contre-Amiral Grannier (2eS), éditions Marines, 1998.
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