Réseau (géométrie) - Définition

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Géométrie arithmétique

Réseau de l'idéal principal du point 2 + i dans l'anneau des entiers de Gauss.

Une illustration de l'intérêt de la notion provient de l'arithmétique, et plus spécifiquement de la théorie algébrique des nombres. Si K est une extension finie du corps Q de degré n, il est possible d'identifier son anneau des entiers algébriques à un module de dimension n. Une extension finie de Q peut être vu comme un sous-corps de C de dimension finie en tant que Q espace vectoriel. Un entier algébrique est un nombre qui est racine d'un polynôme à coefficients dans Z et dont le monôme dominant à un coefficient égal à 1. Un exemple simple est le corps des rationnels de Gauss, c'est-à-dire des nombres de la forme a + i.b, où a et b sont des éléments de Z et i l'unité imaginaire. L'ensemble des entiers algébriques, appelé entiers de Gauss sont les nombres de la forme a + i.b où, cette fois-ci, a et b sont des éléments de Z. Les points du réseau sont représentés sur la figure de droite par les intersection du quadrillage bleu foncé.

Si C est identifié à R2 par oubli de la structure multiplicative, les entiers de Gauss forme le réseau des points combinaisons linéaires à coefficients dans Z de la base (1, i). Cette vision géométrique est la clé de nombreuses démonstrations d'arithmétiques. On peut montrer, par exemple, que le quotient de l'anneau par un idéal est fini. La figure de droite illustre le cas de l'idéal des multiples de 2 + i, c'est-à-dire de l'ensemble des nombres composés de deux facteurs 2 + i et un élément a + i.b quelconque du réseau (a et b sont des éléments de Z). Les points de l'idéal sont les combinaisons linéaires à coefficients entiers des points du réseau 2 + i et -1 + 2i = (2 + i).i. Ce nouveau réseau est représenté par les points verts sur la figure. Une classe d'équivalence de l'anneau quotient est géométriquement représenté par un décalage du réseau vert et qui contient un point du quadrillage, par exemple une classe est illustré par les points bleus. Chaque classe contient un représentant dans la zone rouge des vecteurs de coordonnées comprises dans l'intervalle [0, 1[ dans la base (2 + i, -1 + 2.i). Cette zone est finie et contient nécessairement qu'un nombre fini de points du réseau des entiers de Gauss (réseau représenté par le quadrillage bleu foncé). Ce raisonnement est décrit de manière détaillé dans l'article entier quadratique. Il est valable pour n'importe quel anneau des entiers d'un corps quadratique ainsi que l'anneau des entiers algébriques d'un corps de nombres de degré fini.

Groupe orthogonal

A un pavage régulier de l'espace, correspond nécessairement un réseau. Les figures du pavage respecte le groupe orthogonal.

Le groupe orthogonal d'un espace euclidien est l'ensemble des applications linéaires qui transforment l'espace en lui-même, tout en conservant la distance et les angles. Ces applications sont appelées isométrie. Le groupe orthogonal contient un sous-groupe, appelé groupe spécial orthogonal, composé des transformations de déterminants positifs, nécessairement égaux à 1. En dimension 2, le groupe spécial orthogonal est composé des rotations. Les autres isométries sont les réflexions correspondant à l'image que donne le plan à travers un miroir, qui passe par le point origine. Munis de la loi de composition des applications, le groupe orthogonal est un groupe, ce qui signifie que l'élément neutre, qui laisse les éléments à l'identique, est une isométrie. Si une application est une isométrie, sa réciproque, encore appelé inverse, est encore une isométrie. Enfin, la composition d'isométries est associative.

Définition —  Le groupe orthogonal d'un réseau Λ de Rn est le groupe des applications linéaires du réseau telles que la norme de l'image d'un point λ du réseau soit celle du point λ.

Le terme de norme désigne la norme de la restriction du produit scalaire euclidien au réseau Λ.

Dans le cas d'un réseau, le groupe orthogonal est d'ordre fini, il ne comporte qu'un nombre fini d'éléments. Pour s'en rendre compte, il suffit de considérer l'image d'un vecteur d'une base par une isométrie, c'est un vecteur de même norme et il n'en existe qu'un nombre fini. Pour déterminer le groupe orthogonal d'un réseau, on dispose de trois théories différentes. Comme le groupe recherché est d'ordre fini, la théorie des groupes finis peut aider. L'algèbre linéaire classique offre d'autres outils, un élément du groupe orthogonal d'un réseau peut en effet, être prolongé en une isométrie de Rn, ce qui ramène l'étude à une situation connue. Enfin, une isométrie respecte les distances et les angles, la géométrie euclidienne offre des théorèmes utilisables.

Une manière de visualiser ce groupe orthogonal est d'étudier un pavage régulier de l'espace. Dire que le pavage est régulier revient à dire, dans l'exemple illustré à droite, que les points au centre de chaque étoile forment un réseau. Si l'on regarde un bloc composé des étoiles qui se trouvent à la même distance qu'une étoile donnée, on trouve un hexagone. À la couleur près, réaliser une rotation de centre, celui d'une étoile et d'angle un sixième de tour, laisse invariant le motif illustré sur la figure et par conséquence le réseau associé. La rotation d'un sixième de tour est élément du groupe orthogonal du réseau. L'analyse géométrique proposée ici ne tient pas compte de la couleur.

Cristallographie

La matière solide a tendance a s'organiser en cristal. Un cristal est un agencement régulier d'atomes ou d'ions. Il se caractérise par un réseau et un motif.
Comprendre la géométrie d'un flocon de neige impose l'étude d'un groupe orthogonal d'un réseau de dimension 3.

Le groupe orthogonal d'un réseau possède des applications dans les sciences de la nature. À l'état solide, il est fréquent que la matière s'organise autour de la structure d'un réseau. Si ce n'est pas le cas, on parle alors de matière amorphe ou de verre, l'étude devient plus complexe et n'est pas l'objet de cet article.

La matière solide se compose de briques élémentaires, qui peuvent être des atomes, des ions ou des molécules. Ces briques élémentaires disposent de points d'accroches à certains endroits tout à fait précis. Ces briques élémentaires sont en général les mêmes, si la matière est regardée à la bonne échelle. Elles ont tendance à s'assembler de manière régulière, un peu à la manière d'une construction en Lego à partir d'une unique pièce. Cet état est modélisé par un réseau et un motif. Le motif correspond à la géométrie de la brique élémentaire, le réseau indique les points où ces différentes briques se positionnent. Une géométrie de cette nature est illustrée sur la figure de gauche. Une molécule, composée de deux atomes forme la brique élémentaire, représentée, en haut à droite, par une association d'une bille bleue et d'une verte. Les mêmes molécules s'assemblent selon une géométrie illustrée en haut à gauche. Les points d'accroches forment un angle orthogonal, on obtient un réseau que les cristallographes appellent cubique à face centrée.

Le groupe orthogonal est source de nombreuses propriétés de cet état de la matière. Il est responsable, par exemple de la forme si caractéristique d'un flocon de neige. La régularité du réseau est à l'origine de l'existence de plans de symétries privilégiés, ce qui favorise des tailles particulières pour une pierre précieuse. Cette géométrie détermine aussi son indice de réfraction et partiellement sa couleur. Les propriétés électriques d'un cristal s'expliquent en grande partie à l'aide de cette géométrie.

Les cristallographes utilisent un vocabulaire différent de celui des mathématiciens. Elles s'expliquent à la fois par des raisons historiques et par une manière de voir qui n'est pas toujours la même. Un mathématicien parle de structure de groupe pour décrire les propriétés de régularité du réseau. Pour lui, la stabilité de l'addition et de la soustraction est la raison même de cette régularité. Le cristallographe voit une répétition d'un motif à intervalles réguliers. Pour décrire la même propriété, il utilise de terme de périodicité. Le vocable réseau devient réseau de Bravais, groupe orthogonal : groupe ponctuel de symétrie, domaine fondamental maille primitive. Les noms des différents groupes sont aussi modifiés, le terme de groupe de Klein devient : groupe ponctuel orthorhombique et le groupe cyclique d'ordre 2 : groupe ponctuel monoclinique.

Dimension 2

Le cas de la dimension 2, reste encore simple, aucun outil sophistiqué n'est nécessaire pour l'analyser. Uniquement quatre groupes orthogonaux existent :

Il n'existe, à une rotation et une homothétie près, qu'un unique réseau à symétrie hexagonale.
Si le réseau est constitué d'un domaine fondamental carré, le groupe orthogonal est une copie du groupe diédral D4.

Classification des réseaux de dimension 2 —  Le groupe orthogonal d'un réseau de dimension 2 est isomorphe à l'un des quatre groupes suivants : un groupe diédral D6, D4, D2 ou le groupe cyclique C2.

Le plus vaste est appelé groupe diédral d'indice 6 et est noté D6, les cristallographes le dénomment groupe ponctuel hexagonal. Il est composé de 6 rotations d'un angle de la forme k.π/3, où k désigne un entier et de 6 réflexions, d'axe passant par l'origine et par, soit un point non nul de norme minimale du réseau, soit par le milieu du segment formé par deux points de cette nature. Il n'existe qu'une géométrie pour un réseau correspondant à ce groupe orthogonal. Cela signifie que si deux réseaux ont ce groupe ponctuel de symétrie, il est possible de passer de l'un à l'autre à l'aide d'une rotation et d'une homothétie. Un réseau de cette nature est illustré sur la figure de gauche. Il correspond à l'ensemble des combinaisons linéaires à coefficients entiers de deux vecteurs, notés α et β sur l'illustration, de même norme et formant un angle de π/3.

Une configuration analogue présente un groupe orthogonal diédral d'indice 4, noté D4 et que les cristallographes appellent groupe ponctuel tétragonal ou bien quadratique. Il est illustré sur la figure de droite. Le groupe orthogonal contient 4 rotations d'un angle de la forme k.π/4, où k désigne un entier et de 4 réflexions. Une fois encore les réflexions ont un axe passant par l'origine et, soit un vecteur du réseau non nul et de norme minimale, soit le milieu de deux points de cette nature. Comme précédemment, le réseau est engendré par deux vecteurs, notés α et β sur l'illustration, de même norme et formant un angle d'un quart de tour.

Réseau orthorombique centré

Ces deux groupes orthogonaux sont les seuls à ne pas être commutatifs. Le plus vaste des groupes commutatif contient quatre éléments. Si ce groupe peut être vu comme un groupe diédral d'indice 2, on l'appelle plus souvent le groupe de Klein. Il correspond au groupe à 4 éléments dont chacun est son propre inverse et la somme de deux éléments non nuls est toujours égale au troisième, la table est ainsi facile à bâtir.

Cette fois-ci, il n'existe pas une, mais deux configurations de réseau possibles, illustrés à droite et à gauche. Celle de gauche est obtenue par deux vecteurs, toujours notés α et β, qui sont nécessairement de normes différentes et qui forment un angle d'un quart de tour. L'autre solution, illustrée à droite correspond à deux vecteurs non alignés, de même norme, mais formant un angle nécessairement différent du quart de tour. Les cristallographes remarquent que l'on passe de la configuration de gauche à celle de droite en ajoutant un point au centre du rectangle de côtés α et β. Ils appellent ces réseaux orthorhombique et orthorhombique centré. Le groupe orthogonal est formé des deux réflexions de centre l'origine et d'axe parallèle à l'un des côtés du rectangle, les deux derniers éléments sont l'identité, qui fait partie du réseau et la rotation d'un demi-tour.

Le dernier groupe est celui obtenu si aucune des configurations précédentes n'est présente. Le groupe contient deux symétries, l'identité et le demi-tour. Le demi-tour transforme un point en son opposé, il laisse stable le réseau et fait toujours parti du groupe orthogonal. Ce groupe est appelé cyclique d'indice 2 par les mathématiciens et monoclinique par les cristallographes.

Dimension 3

La dimension 3 est de nature analogue à la dimension 2. On trouve cette fois-ci 7 groupes et 14 réseaux de types différents.

Classification des réseaux de dimension 3 —  Le groupe orthogonal d'un réseau de dimension 3 est isomorphe à l'un des sept groupes suivants : le groupe du cube, isomorphe à de S4xC2, le groupe ponctuel hexagonal D6xC2, trigonal D6, tétragonal D4xC2, orthorhombique KxC2, monoclinique K et triclinique C2.

Ici, Dn désigne le groupe diédral d'indice n et d'ordre 2n, Sn désigne le groupe symétrique d'indice n et d'ordre n!, K le groupe de Klein d'ordre 4 et C2 le groupe cyclique d'ordre 2. On trouve quatre groupes non abéliens d'ordres 48, 24, 16 et 12 puis trois groupes abéliens, d'ordres 8, 4 et 2 et qui ne contiennent que des éléments involutifs.

Trois géométries différentes de réseau présentent une symétrie cubique, illustrées par les figures ci-dessous. La première, correspondant à la figure de droite, est isomorphe au réseau Z3, c'est-à-dire qu'il existe une rotation et une homothétie qui envoie le réseau sur Z3. On parle, en cristallographie de réseau cubique primitif. Il existe un domaine fondamental cubique, globalement invariant par toute isométrie du groupe orthogonal. Le deuxième cas est illustré au centre. Il possède comme figure caractéristique, en vert, un cube dont les centres des faces sont occupés par un point. On parle de réseau cubique à face centrée. Le domaine fondamental illustré n'est plus cubique. Le troisième cas est illustré à droite. Une figure répétitive apparaissant dans le réseau est celui d'un cube dont le centre est aussi élément du réseau, les cristallographes parlent de réseau cubique centrée.

Il existe trois géométries cubiques pour un réseau. Le cube invariant est illustré en vert, un domaine fondamental en orange.
Il n'existe qu'une unique géométrie pour obtenir une structure de réseau hexagonale.
Ajouter 3 points dessinant un triangle équilatéral bien choisi, forme un réseau de structure trigonale.

Deux géométries contiennent des rotations d'un tiers de tour. La figure de gauche correspond à la réplication du réseau hexagonal bidimensionnelle. L'axe orthogonal à un plan contenant le réseau hexagonal de dimension 2, est un axe de symétrie contenant le troisième vecteur δ d'un domaine fondamental. Les isométries trouvées dans le cas de la dimension 2 prolongés sur δ par l'identité sont toutes dans le groupe orthogonal. La symétrie laissant le plan de l'hexagone invariant et transformant δ en -δ est aussi une isométrie laissant invariant le réseau. Le groupe orthogonal est isomorphe à D6xC2, le produit direct des isométries D6 du réseau hexagonal de dimension deux par le C2, le groupe engendré par la symétrie orthogonal transformant δ en -δ.

La figure de droite illustre un réseau contenant un groupe orthogonal plus petit. Le réseau est obtenu par l'adjonction de 6 points supplémentaires à partir de la figure de gauche. Si δ désigne le plus petit vecteur du réseau orthogonal au plan de l'hexagone, 3 points se trouve à une hauteur de δ/3 et les trois autres à 2.δ/3. Les 3 points à une hauteur de δ/3 forment un triangle équilatéral de même géométrie que ceux qui constituent l'hexagone. Le centre de gravité de ce triangle est à la vertical du centre d'un hexagone et la projection parallèlement à δ, de chaque point du triangle correspond au centre de gravité d'un des triangles de l'hexagone. Les trois derniers points forment un autre triangle, obtenu par rotation d'axe dirigé par δ et d'un demi tour.

Il existe une unique manière de prolonger à tout le réseau une isométrie du groupe orthogonal du réseau hexagonal de dimension 2. Pour la moitié des éléments du groupe, sur δ ce prolongement est l'identité. Pour l'autre moitié, ce prolongement est l'homothétie de rapport -1. Le groupe orthogonal est isomorphe à D6. Avec les rotations du cube, ces deux géométries sont les seules à contenir une rotation d'un tiers de tour. Aucun de ces deux groupes n'est commutatif.

Il existe deux structures de réseaux tétragonaux, le réseau primitif et celui centré.

Les réseaux tétragonaux ont bien des analogies avec le cas précédents. Il correspond au passage à la dimension 3 du groupe du carré. Pour que les symétries du carrés puissent se prolonger en dimension 3, il est nécessaire de placer le dernier point définissant le réseau, sur un axe perpendiculaire au carré et passant, soit par l'un des points du carré soit par son milieu.

Chaque symétrie du carré peut être prolongé par une rotation en dimension 3. Il est possible ensuite de composer l'isométrie par l'homothétie de rapport -1. Ainsi, à chaque isométrie du carré correspond deux prolongement dans la dimension 3. Comme l'homothétie de rapport -1 commute avec toutes les isométries, le nouveau groupe orthogonal est le produit direct de celui de dimension 2 avec C2 qui peut se voir comme l'identité et l'homothétie de rapport -1 dans R3. Ce groupe est le dernier non commutatif.

Une part de convention entre dans la définition des types de réseaux de Bravais. Ainsi, on identifie, pour les groupes ponctuels tétragonaux, les réseaux centrés et ceux à faces centrées. Si l'on considère un réseau centré et que l'on choisit comme figure du carré horizontal, celui formé par deux diagonales, on obtient une figure à face centrée. Cette remarque est aussi vraie pour les réseaux cubiques.

Les structures orthorombiques sont au nombre de quatre

Les autres groupes orthogonaux sont tous commutatifs. Ils se caractérisent pas le fait de ne comporter que des isométries involutive, c'est-à-dire que si on les applique deux fois, on retrouve l'identité. Le plus vaste des groupes de cette nature contient 8 éléments. Il correspond au groupe parfois noté K4 ou encore au produit du groupe de Klein et du groupe cyclique d'ordre 2.

Il existe 4 types de réseaux différents, même s'ils se ressemblent tous. Ils sont construits à partir de 4 vecteurs orthogonaux dont aucun n'a la même taille. Le réseau primitif est un parallélépipède de cette nature. Il existe ensuite trois manières de centrer des points supplémentaires, soit au milieu du parallélépipède, soit au centre de chaque face, soit au centre de deux faces opposées.

S'il existe un axe orthogonal à un plan du réseau, mais que le plan ne contient pas d'axes de symétries, le groupe ne possède plus 8 mais 4 éléments. On trouve alors une structure analogue à celle de la dimension 2 et le groupe ponctuel est de Klein. Elle est composée de deux réflexions opposées, de l'identité et de l'homothétie de rapport -1. Deux types de réseaux distincts, illustrés à droite possèdent ce groupe orthogonal.

Enfin, si aucune des configurations précédentes n'apparaît, alors il ne reste que deux isométries dans le groupe, l'identité et l'homothétie de rapport -1.

Représentations d'un groupe fini

Si la situation, en dimension 3 est de même nature que celle de la dimension 2, les démonstrations se compliquent un peu. Plusieurs facteurs différenciant la dimension 2 et 3 ne simplifient pas la tache. Le plus important est probablement le fait que le groupe spécial linéaire n'a plus de raison d'être abélien, deux rotations ne commutent pas toujours. Ensuite, les groupes sont plus vastes, le plus gros contient 48 éléments en dimension 3, contre 12 en dimension 2. Il est toujours possible d'utiliser les rudiments de l'algèbre linéaire et de la géométrie. La méthode devient plus longue et surtout plus périlleuse. La première classification de Frankenheim, datant de 1842 était imprécise. Il a fallu six ans pour que les erreurs soient corrigées par Bravais.

Il est possible d'enrichir l'attirail d'outils plus puissants. Une théorie, à cheval sur celle des groupes et de l'algèbre linéaire est particulièrement adaptée. Elle a pour objet l'étude des morphismes d'un groupe G dans le groupe linéaire d'un espace vectoriel E de dimension finie, qui est choisi complexe et équipé d'un produit hermitien tel que l'ensemble d'arrivée ne contienne que des isométries. On utilise ici quatre résultats. Toute représentation se décompose en une somme directe de représentations irréductibles, résultat connu sous le nom de théorème de Maschke. C'est-à-dire qu'il est possible de décomposer E en une somme directe de sous-espaces orthogonaux entre eux et stables par toutes isométries de la représentation. La restriction de la représentation à un sous-espace stable ne contient aucun sous-espace stable pour chaque isométrie de la représentation, à l'exception des sous-espaces triviaux. Une représentation de cette nature est dite irréductible. Le caractère χφ d'une représentation φ est l'application de G dans C l'ensemble des complexes, qui à un élément h de G associe la trace de φ(h). Si g désigne l'ordre du groupe G et φ, ψ deux représentations, on associe aux caractères le produit hermitien suivant :

\langle \chi_{\varphi}, \chi_{\psi} \rangle = \frac 1g \sum_{h \in G} \chi_{\varphi}(h)\cdot \overline \chi_{\psi}(h)\;

Une représentation est irréductible si, et seulement si, la norme de son caractère est égale à 1. Si deux représentations irréductibles ne sont pas isomorphes, alors le produit hermitien de leurs deux caractères est égal à 0, autrement dit les deux caractères sont orthogonaux. Il existe exactement autant de représentations irréductibles que le nombre de classes de conjugaison du groupe. Enfin, il existe une représentation particulière dite représentation régulière. Pour la construire, on considère que la famille (hi) des éléments du groupe est une base orthonormale d'un espace vectoriel. À h un élément du groupe, on associe l'isométrie qui transforme la base (hi) en la base (h.hi). Une représentation régulière contient autant de copies d'une représentation irréductible que la dimension de cette représentation irréductible.

Dimensions supérieures

Plus la dimension grandit, plus la question s'avère délicate. On peut encore traiter le cas de la dimension 4 avec les mêmes outils que ceux de la dimension 3. Ensuite, si les méthodes sont essentiellement issues de la théorie des représentations d'un groupe fini, d'autres théorèmes s'avèrent de plus en plus nécessaire.

Ces groupes orthogonaux sont étudiés car, pour d'autres branches du savoir, ils ne manquent pas d'attraits. Ils permettent de représenter certains groupes finis et offrent de nombreuses méthodes pour les étudier. C'est ainsi que J. H. Conway trouve 3 parmi les derniers groupes manquants pour une classification complètes des groupes finis. Le réseau utilisé est de dimension 24 et porte le nom de Leech. Un autre cas célèbre est celui du groupe Monstre, le plus gros des 26 groupes sporadiques simples. Son existence était annoncée depuis une dizaine d'années avant sa construction. Elle devait découler d'une représentation de dimension 196 883, conjecturé et explicité sans l'aide d'ordinateur. Elle devrait clore la classification des groupes finis simples. Un réseau est utilisé.

D'autres branches des mathématiques font usage d'un réseau. L'étude des courbes elliptiques, développée au XIXe siècle demande l'analyse de réseau de dimension 2. Cette étude se généralise en dimension supérieure par la théorie des fonctions abéliennes.

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